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Familles (18 avril 2013)

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Reconnaître les violences faites aux femmes

Mutilations génitales féminines, viols, mariages forcés, interdiction de fréquenter l’école… Il y a des régions dans le monde où il est souhaitable de ne pas être une femme. Il y a des raisons, aussi, qui justifient leur fuite. Celles-ci sont-elles prises en compte lors d’une demande d’asile?

Des milliers de femmes dans le monde sont violentées et sujettes à des inégalités qui constituent de vraies persécutions. Certaines d’entre elles font le choix de disparaître pour resurgir des milliers de kilomètres plus loin et tenter de se mettre à l’abri. Par exemple, en Belgique.

En 2011, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA)(1) a traité 2.090 demandes d’asile motivées par des raisons liées au genre. Celles-ci s’appuient sur l’identité sexuelle de l’individu et sur les difficultés spécifiques qui peuvent en découler. Par exemple, et par ordre d’importance dans les chiffres, l’orientation sexuelle, les mariages forcés, les mutations génitales féminines et les violences sexuelles. Des chiffres inquiétants puisqu’ils ont presque quadruplé en quatre ans. Le CGRA réagit: en 2012, un tiers des interprètes avec qui travaille le commissariat ont été formés pour mieux déceler et comprendre la problématique du genre présente dans les auditions de demandeurs d’asile.

Sur le terrain

Ces violences faites aux femmes sont-elles prises en compte dans leurs procédures d’asile? Selon Céline Verbrouck, la réponse est très clairement “non”. Avocate et présidente de la commission Etrangers de la Ligue des droits de l’Homme, elle pointe de graves lacunes dans le système belge. “La détection des problèmes de genre appartient aux autorités et doit être réalisée à deux reprises. D’abord, à l’arrivée de la personne en Belgique. Ensuite, lors de l’examen de sa demande d’asile par le CGRA. Or, la prise en compte réelle des problèmes de genre va dépendre de la chance qu’a la demandeuse d’asile de tomber sur un intervenant capable de les déceler”.

Elle pointe un autre dysfonctionnement : le “saucissonnage” de la procédure. Il ne permet pas d’aborder la demande d’asile dans son entièreté. “Les informations telles que l’état de santé, la situation géopolitique du pays d’origine, les discriminations endurées… sont observées séparément. Si ces éléments étaient rassemblés, on décèlerait plus facilement que la personne est sujette à de réelles formes de persécution.

Céline Verbrouck fustige aussi le manque de rigueur, voire le refus systématique de la prise en compte de la dimension du genre pour certaines catégories de femmes comme c’était le cas, dit-elle, pour les femmes afghanes. Pourquoi? “Il y a une peur bleue d’un appel d’air et de devoir reconnaître trop de réfugiées. On ne va tout de même pas leur donner des ‘trucs’ qui leur permettraient d’obtenir la protection de la Belgique! Au sein de la Ligue des droits de l’Homme, nous plaidons pour un examen rigoureux, global et d’office par toutes les instances dans les limites de leurs compétences.

Oublier, écarter, nier les violences subies par les femmes lors de leur demande d’asile… N’est-ce pas les condamner d’être femme une seconde fois? Les services d’accueil semblent être conscientisés sur la nécessité de les déceler mais la mise en œuvre ne semble pas évidente.

// MATTHIEU CORNÉLIS

(1) www.cgra.be

Etre crédible ou être en danger ?

Jagdeep Khurana, 17 ans, vit en Belgique depuis quatre ans. Sa famille a fui l’Afghanistan et les persécutions qu’ils y subissaient. Ils sont sikhs et leurs enfants sont de sexe féminin. Dans le jargon, ça s’appelle un cumul de minorités.

Aujourd’hui, dans le cadre de leur demande d’asile, le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) exige qu’ils fournissent la preuve qu’ils sont bien afghans et qu’ils n’ont pas transité par un pays tiers. Pour assurer la crédibilité de leur récit, la famille Khurana est tenue de répondre à des questions précises. Ils doivent être capables, par exemple, de nommer les enfants d’un avocat sikh célèbre en Afghanistan ou d’identifier le nom de la classe de cours d’une école de Kaboul, photo de piètre qualité à l’appui.

Selma Benkhelifa, leur avocate, est révoltée : “Les autorités accordent une importance excessive à vérifier la crédibilité de leur récit au dépens des risques réels encourus par cette famille. Ils refusent d’examiner l’affaire sous un angle objectif. En Afghanistan, la loi est discriminatoire vis-à-vis des femmes. Aujourd’hui, en Belgique, Jagdeep et sa sœur vont à l’école. En cas de retour, c’est la burqa qui les attend et l’école, c’est terminé !” L’avocate relève qu’“on ne peut pas faire de grands discours sur les droits de la femme afghane sans les appliquer chez nous. Le CGRA, qui statue en première instance, se doit de considérer les persécutions liées au genre comme des motifs donnant lieu à la reconnaissance du statut de réfugié”.

Le cinq avril dernier, Jagdeep a pu prendre la parole pour la première fois au tribunal. Elle n’a pu parler que du passé. Le futur, lui, comporte encore trop d’inconnues.

// MaC

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