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Immigration (18 avril 2013)

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Vies de femmes au Petit-Château

© Lisa Van Damme

Un livre de photographies est consacré à la vie des femmes au Petit-Château. Sur les images, les visages et les atmosphères du centre d’accueil pour réfugiés. Dans les textes, les femmes se livrent sur les raisons qu’elles ont d’espérer vivre dignement, loin des contraintes religieuses, culturelles, étatiques et des conséquences désastreuses que celles-ci occasionnent.

Jamila, badge n° 51190, 22 ans, a fui deux fois. D’abord, l’Éthiopie et les troubles qui ont secoué le pays en 2000. Ensuite, le Soudan et un beau-père violent. Pour sauver son honneur, celui-ci était décidé à la faire avorter clandestinement car elle portait un enfant hors-mariage.

Marua (51739), 8 ans, afghane. Arrivée avec son frère en Bulgarie, elle est arrêtée et les autorités l’emmènent dans un centre d’accueil pour enfants. Nonante jours plus tard, la Croix-Rouge les amène en Belgique auprès de leurs parents. Elle dessine parfois des souvenirs de son pays. “Là, dit-elle, ce sont des bombes attachées aux personnes”.

Evgenia (51790), 48 ans, ouzbèke. En 2008, son ex-mari, ne supportant pas leur rupture, la menace de s’en prendre à sa famille. Elle refuse de lui revenir. Peu de temps après, sa maman disparaît. Elle s’enfuit alors, convaincue de la culpabilité de son ex-compagnon.

Trois histoires révélées dans le livre d’images Transit 51. “Transit” évoque l’instant dans lequel les femmes se trouvent : en attente, entre deux vies. “51” rappelle le chiffre inscrit sur leur badge comme pour rappeler les 51.000 demandeurs d’asile les ayant précédées au Petit-Château.

C’est précisément pour dépasser les statistiques auxquelles est souvent réduit le débat sur l’accueil des demandeurs d’asile en Belgique que le projet est né. Objectif: montrer à un large public la réalité quotidienne des femmes résidant dans le plus grand et le plus ancien centre d’accueil du pays. Que signifie pour elles “être femme” dans la structure? Parviennent-elles à être elles-mêmes? Comment gèrent-elles leur vie parmi les hommes, majoritaires au Petit-Château?

Pour y répondre, Julie Weyne, animatrice socioculturelle, a confié un appareil photo aux résidentes. Au fil des ateliers, elles se racontent, s’appuyant sur les images produites. Leurs mots sont recueillis par Julie Vanstallen, journaliste freelance, et introduisent les chapitres du livre. Chacune fait allusion à son ancienne vie, à ce qui l’a poussée à la quitter et à ce qu’elle espère de la vie à venir. Enfin, Lisa Van Damme, photographe professionnelle, a été la première photographe à résider au Petit-Château. Son reportage est juste : elle approche les sujets avec finesse, elle fixe des images délicates et intimes. On la croirait invisible tellement les scènes sont naturelles.

Au fil des pages, le lecteur mesurera la vulnérabilité de ces femmes qui ont tout quitté. Il devinera qu’elles ont dû fuir pour des raisons qui touchent à leur statut de femme. Il réalisera, surtout, que le quotidien au centre, loin d’être la vie de château, n’entame pas leurs rêves intacts d’une vie meilleure.

// MATTHIEU CORNÉLIS

>> Transit 51, Vies de femmes au Petit-Château • Lisa Van Damme, Julie Vanstallen, Julie Weyne • Éditions Lannoo/ Racine • 2013 • 192 p. • 24.99 EUR

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