Médias
(17 novembre 2011)
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L’art de fidéliser l’audience
Plus belle la vie, Les experts, Les feux de l’amour… Françaises ou
américaines, les séries envahissent la grille des programmes télévisés.
A toute heure du jour, le téléspectateur peut les suivre sur son
petit écran. Mais d’où tirent-elles leur succès? Comment sont-elles nées? Un
ouvrage collectif de spécialistes décrypte ce genre télévisuel.
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Reporters/Starface
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Programmées sur toutes les chaînes, les séries télé sont devenues
incontournables
dans le paysage audiovisuel. Diffusées en épisodes réguliers, elles servent
de rendez-vous aux téléspectateurs. Le succès de ces programmes est tel que
des scientifiques d’horizons multiples se sont penchés sur la question et
ont donné naissance à un ouvrage “Décoder les séries télévisées”,
dont le jargon reste très universitaire. Il s’adresse donc ainsi
essentiellement à un public averti.
Pub et audimat
Au départ, les chaînes intègrent les séries dans les grilles de programme
pour garantir, aux investisseurs publicitaires, une audience certaine d’une
manière récurrente. Le téléspectateur est ainsi fidélisé, et le publiciste
peut être assuré de toucher un public. A chaque début de saison, les
créateurs de ces programmes présentent, avec les chaînes de télévision, leur
“pilote”, premier épisode qui plante le décor, l’intrigue... Les annonceurs
décident alors, ou non, d’investir peu ou beaucoup d’argent en achetant des
espaces publicitaires. C’est ainsi que certaines séries (pourtant) révélées
à succès, comme Desperate Housewives, ont été, à leur présentation,
peu acclamées par les publicistes, de peur de ne pas rencontrer un public
assez large. Ce financement externe influence parfois les intrigues: les
concepteurs écrivent et rythment les histoires en fonction des espaces
laissés à la publicité au sein de leur programme.
Chaque moment de la journée est destiné à un type de programme en fonction
du public disponible. Si l’on observe la grille des programmes, le matin
(avant l’école) s’adresse aux enfants; la matinée et le début d’après-midi,
aux femmes au foyer, chômeurs ou pensionnés; la fin de l’après-midi, aux
enfants; la soirée, aux familles. Et la programmation des séries suit
également ce schéma. C’est grâce à cette réflexion judicieuse sur l’horaire
que des séries télé rencontrent ou non le succès escompté. Plus belle la
vie, diffusée à une heure de grande audience, réunit un public
nombreux. En plus d’être programmée dans un créneau horaire favorable, ses
histoires sont légères et diversifiées par leurs intrigues policières,
amoureuses, sociales... en constante évolution avec de multiples personnages
(auxquels chaque téléspectateur peut s’identifier).
Héros et rebondissements
Les personnages auxquels le public s’attache sont des atouts pour fidéliser
celui-ci. Ils sont souvent stéréotypés, même si parfois on assiste à la
naissance d’antihéros. C’est le cas de Dr. House, un médecin
cynique, ou de Monk, ce personnage aux multiples troubles
obsessionnels compulsifs. Les personnages récurrents peuvent participer au
suspense: on les dévoile petit à petit, on laisse des zones d’ombre dans
leur personnalité... Une autre méthode pour attirer le public consiste en
l’intervention de “guest stars”. C’est ainsi que dans Friends,
Bruce Willis fait son apparition ou encore, dans cette même série, les
protagonistes d’Urgences interviennent en jouant leur propre rôle.
Pour
être sûrs de retrouver le public d’épisode en épisode, les producteurs sont
friands de la méthode dite “cliffhanger”. L’intrigue est laissée en suspens
et l’épisode se termine sur un élément important qui aiguisera la curiosité
du téléspectateur et l’incitera à ne pas manquer le rendez-vous suivant.
Dans le top 20 des programmes les plus regardés en 2010 en Belgique
francophone, plusieurs séries télévisées sont très bien placées... juste
derrière les journaux télévisés et l’un ou l’autre grand film à succès. Les
téléspectateurs disent trouver, dans les séries, une manière de se relaxer
et de s’évader. Certains épisodes de séries essaient néanmoins de coller à
l’actualité et la vie réelle: on évoque Noël à l’approche de décembre, on
parle d’événements de l’actualité, comme les attentats du 11 septembre...
“Le public plonge dans un univers fictionnel familier et apprécié et
fait ainsi une rupture avec les contrariétés de la vie quotidienne”,
conclut Laurence Doury dans le chapitre consacré à l’analyse du public
adepte des séries télé.
// Virginie Tiberghien
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Décoder les séries télévisées
•
sous la direction de Sarah Sepulchre
•
2011
•
Ed.De Boeck
•
256 p.
•
19,50 EUR.
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