Prévention (3 janvier 2008)
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novembre 2010) et
Sida :
Le virus du Sida progresse toujours
(2 décembre 2004)
Séropositivité et exclusion:
cumul de
désarrois
Depuis
près de trente ans, le Sida est entré dans nos mondes. Aujourd’hui, si
nombre de tabous ont été levés autour du sujet, une certaine banalisation
serait à l’œuvre. Au risque de nous accoutumer aux articles sur le sujet. Au
risque de relâcher la prévention toujours nécessaire. Au risque aussi de
déshumaniser notre perception du syndrome.
Le
sida, on ne peut l’ignorer mais sommes-nous pour autant réellement informé,
ne véhicule-t-on pas des idées préconçues, floues ou inexactes qui
engendrent notamment jugements péremptoires et rejets?
Lors d’une enquête en
2004 menée par l’Institut de santé publique, près de sept personnes sur dix
acquiesçaient à une ou plusieurs affirmations discriminantes vis-à-vis des
personnes séropositives ou malades du sida. Les questions étaient les
suivantes: accepteriez-vous de partager un repas avec une personne
séropositive? De laisser vos enfants en compagnie d’une personne
séropositive (garde d’enfants, autres enfants séropositifs)? Etes-vous
d'accord qu’un patron doit pouvoir licencier une personne atteinte du sida?
Etes-vous d'accord que, si un de vos collègues était séropositif, vous
devriez en être averti même sans son consentement?
La majorité des réponses
laissent entrevoir le malaise, pressentir l’exclusion.
“C’est l’exclusion
qu’il faut exclure. Pas les séropositifs”, indique avec force la
campagne annuelle de la Plate-forme prévention sida, face à ces constats.
Elle donne le ton. Elle en appelle à lutter contre les discriminations qui
touchent les personnes séropositives et les malades du sida. Elle entend
faire réfléchir tout un chacun à l’évitement, au rejet, à la stigmatisation
qui sont légions pour ces malades.
Comme pour cet enfant
qui se verra refuser l’accès à un internat. Comme pour cette jeune migrante
exclue de sa famille. Comme pour celui évincé d’un club sportif, celui à qui
l’on refuse une intervention médicale, un emploi, l’achat d’un bien
immobilier…
Contre les idées fausses
Une des causes avancées
pour expliquer l’exclusion relève de l’information. Ainsi, analyse un membre
du groupe de réflexion Grécos (1), la perception
fragmentaire ou erronée de la transmission du VIH, des conséquences
physiologique et psychologique génère la discrimination.
Le manque d’information
n’apparaît cependant pas seul à l’origine d’exclusion. Quand un séropositif
détourne l’attention sur autrui, comme cet homme livrant à la vindicte de sa
famille sa propre femme coupable de l’avoir contaminé. Quand un jeune sidéen
revendique plus de droits à être soigné que son aîné parce que lui a la vie
devant lui… En somme, lorsqu’il y a co-discrimination. Mais aussi, quand
certains, parties-prenantes de mouvements philosophiques ou politiques
extrêmes parlent d’assainir, d’éradiquer… ces malades trop coûteux, ces
déviants. Il y a certainement lieu d’informer, de communiquer, mais de
condamner également, d’être vigilant par rapport à ce que d’aucuns
perçoivent comme une “rigidification” dans l’abord des questions liées
notamment à la séropositivité.
“Ne
faites pas d’amalgame, la maladie est bien réelle. Elle n’est pas une
punition de Dieu. Elle se transmet quelque soit la religion, le statut dans
la société, riche ou pauvre, noir ou jaune”. Extrait des messages de membres
du Grécos.
Garder secret?
En Belgique, des lois
interdisent les discriminations fondées sur une série de critères tels la
nationalité, la couleur de peau, le sexe, l’âge, l’orientation sexuelle,
l’état de santé actuel et futur… et elles sanctionnent. Une liste des motifs
établit ces critères protégés. Et le Centre pour l’égalité des chances
(2) a mission de vigilance en la matière. Il peut être
interpellé par les victimes. Mais “dénoncer, c’est s’exposer
publiquement”. Et les craintes sont souvent grandes pour les
séropositifs, même face à des professionnels déontologiquement soumis au
secret. Un exemple frappant, celui de ces jeunes mamans séropositives, en
proie à la précarité, qui refusent de demander l’aide du CPAS pour l’achat
de lait en poudre, de peur que le lien soit établi entre leur demande et
leur séropositivité cachée.
La question du
dévoilement de sa séropositivité semble en effet délicate. “Ne laisse pas
au hasard le choix de ton confident…” conseillent le groupe Grécos et la
Plate-forme prévention sida aux personnes séropositives (3);
tout en mentionnant ceux qu’il est nécessaire d’informer: médecin
généraliste, dentiste, pharmacien et partenaire sexuel régulier.
Choisir avec soin les
personnes à qui en parler, celles qui peuvent entendre sans juger, celles
qui peuvent garder un secret, c’est éviter le risque d’être rejeté “par
des personnes qui ne sont pas concernées par votre maladie, même si vous les
fréquentez régulièrement (au travail par exemple)”, explique le petit
feuillet “J’en parle?” conçu par le Grécos.
Le monde médical et
paramédical reçoit a priori aujourd’hui une bonne information à propos du
VIH. Il est cependant confronté à la transposition de la théorie dans les
pratiques. Comment accueillir au mieux une personne séropositive ? Comment
se sentir à l’aise et respecter la personne? Dans une salle d’attente,
lorsqu’un dentiste par exemple lance: “si vous devez vous faire arracher
une dent, il faut que vous soyez la dernière”, il peut faire des dégâts
malgré l’aspect peut-être jugé anodin du propos. D’autant plus qu’il n’y a
aucune raison objective de prendre cette mesure. Les instruments doivent
être stérilisés entre chaque intervention, quel que soit le patient.
L’auto-exclusion
A la confrontation avec
les regards de l’entourage, de la société, avec leurs peurs aux intonations
irrationnelles, s’ajoute l’auto-discrimination. Celle que la personne
séropositive s’inflige. Le repli sur soi, le renoncement à une vie sociale
par crainte du jugement, le renoncement à toute relation affective par peur
de l’aveu tôt ou tard nécessaire, par peur des questions, la perte de
confiance en soi, le sentiment d’un «à quoi bon» parce que bientôt, demain
peut-être, la maladie rendra incapable de… “Le sida est une maladie
lourde à porter”.
“Etre séropositif,
c’est être malade tous les jours, sans répit et sans espoir de guérison. On
a tous déjà été malade, tout le monde sait ce que c’est. Mais peut-on
imaginer ce que c’est que de rester malade? Si on est affaibli, on continue
à s’affaiblir. Si on se sent mal, on continue à se sentir de mal en pis. On
souffre physiquement et c’est sans rémission. C’est cela la réalité d’un
malade chronique. C’est tous les jours qu’elle se vit, c’est tous les jours
que le malade a besoin de compréhension”. Extrait des messages de
membres du Grécos.
(1) Grécos : groupe de réflexion et de communication sur la
séropositivité. Un groupe de travail mis sur pied par la Plate-forme
prévention sida.
(2) Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le
racisme - 0800/12800 (numéro gratuit) ou 02/ 212.30.00 entre 9 et 17 heures
- www.diversite.be/
(3) Plate-forme prévention sida, av. Emile de Béco, 67 à
1050 Bruxelles – 02/733.72.99 –
www.preventionsida.org
Catherine Daloze
Les modes de transmission |
Trois voies sont
vectrices de contamination du VIH d’une personne séropositive vers
une autre personne:
■
le
contact sexuel,
■
le
contact sanguin,
■
l’allaitement maternel.
Il est bon de
rappeler qu’il n’existe pas d’autre mode de transmission du virus
démontré actuellement. Aujourd’hui, toutes les études confirment que
le virus du sida ne se transmet par aucun geste de la vie
quotidienne. Il n’existe aucun risque à vivre, travailler ou faire
du sport aux côtés d’une personne séropositive ou malade du sida, à
lui serrer la main, la prendre dans ses bras, l’embrasser, ni à
partager les mêmes repas, les mêmes toilettes… Le VIH ne se transmet
pas par les larmes, la sueur, la salive, les selles, l’urine ou les
vomissements, pour autant que les sécrétions ne contiennent pas de
sang visible. Il est toutefois recommandé de ne pas partager sa
brosse à dent, le matériel de pédicure, les rasoirs.
► Source:
“Vivre avec le VIH”
■
brochure éditée par la Plateforme prévention sida
■
juin 2006. |
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