Une enquête de l’Union chrétienne des
pensionnés( 15 septembre 2005)
Le médecin de famille, une personne de
confiance
Le médecin
de famille jouit d’une grande confiance auprès de ses patients. Ils lui
reconnaissent de grandes qualités, lui sont très fidèles et estiment le
dialogue excellent. C’est ce qui ressort d’une grande enquête menée par
l’UCP, mouvement social des aînés, avec la collaboration d’En Marche.
Présentation des principaux résultats.
Lire également :
La parole aux médecins
généralistes. Réactions à l'enquête
Il y a près
d’un an, l’UCP, mouvement social des aînés, lançait une vaste enquête pour
évaluer les relations que les personnes – et les plus de 50 ans en
particulier – entretiennent avec leur médecin de famille. Le questionnaire a
été diffusé dans les réunions et publications de l’UCP. Il a également été
publié dans l’édition d’En Marche datée du 21 octobre 2004.
Soulignons tout d’abord le succès de cette enquête: 5.878 questionnaires ont
été complétés et validés, près des deux tiers l’ayant été via “En Marche”.
Quelques questionnaires écartés correspondent à ceux qui déclarent ne pas
avoir de médecin de famille. Ceci cadre bien avec les résultats de l’Enquête
de Santé de l’Institut Supérieur de Santé Publique (2001) où il apparaît que
94 % de la population déclare avoir un médecin fixe, attitré.
Le public qui a participé à l’enquête est assez âgé : la moitié des
répondants ont entre 65 et 79 ans, l’âge moyen étant de 68 ans. Il est aussi
plus féminin, les femmes étant 1,6 fois plus nombreuses que les hommes à
avoir complété le questionnaire. Sans surprise, près de 74 % des répondants
se déclarent pensionnés.
Près de 43 % des répondants vivent seuls (le plus souvent des femmes) et 55
% vivent en couple (les deux derniers pourcents sont sans réponse). Côté
catégories socioprofessionnelles, les répondants se répartissent dans toutes
les couches sociales mais il s’agit toutefois d’un public de type “classe
moyenne” : près de 54 % des répondants sont d’anciens employés alors que
12,5 % exerçaient des professions manuelles. Par ailleurs, 12 % n’ont pas
exercé d’activités professionnelles (essentiellement des femmes).
Fidélité et satisfaction
Le moins que l’on puisse dire c’est que les répondants sont très fidèles à
leur médecin de famille. Près de 72 % le fréquentent depuis au moins 10 ans.
Une fidélité un peu moins accentuée pour les plus jeunes mais on ne trouve
pas de grande variation selon les catégories socioprofessionnelles.
Comment les personnes ont-elles choisi leur médecin de famille ? Pour un peu
moins d’un tiers, il s’agit du bouche-à-oreille, d’une recommandation d’une
connaissance ou de la renommée du médecin dans la région. Pour une personne
sur quatre, la proximité géographique a été déterminante. L’habitude de
famille, le hasard, la recommandation par un autre médecin sont avancées
comme explications par les autres répondants.
Cette fidélité au médecin de famille se traduit pour près de 75 % des
répondants par le fait de lui avoir confié son Dossier Médical Global (DMG).
On peut s’étonner d’un pourcentage si élevé car la proportion de membres des
Mutualités chrétiennes francophones bénéficiant d’un DMG est de 20,3 %. Que
penser d’une telle différence ? Soit le public qui a participé à l’enquête
est particulièrement informé et soucieux de sa couverture de soins de santé,
soit une bonne partie des répondants confond le DMG avec autre chose, malgré
le fait que le questionnaire contenait une explication succincte à ce
propos.
Ceux qui disent ne pas disposer d’un DMG évoquent le fait qu’ils n’en voient
pas l’utilité, n’ont pas envie de faire des démarches fastidieuses ou
avouent ne pas savoir de quoi il s’agit. 12 % invoquent aussi le manque
d’intérêt, voire le refus de la part du médecin de famille de tenir leur
DMG.
La fréquence de contact avec le médecin de famille est assez élevée : 91 %
des répondants le voient au moins trois fois par an. Pour 59 %, c’est même
au minimum 6 fois par an. Cette fréquence s’explique par le fait que les
répondants sont assez âgés.
Durant la visite ou la consultation, les répondants ne sont pas passifs et
posent habituellement des questions à leur médecin traitant. 83% disent
pouvoir aborder tous les sujets avec lui. Ceux qui émettent des réserves à
ce propos disent éviter de parler des problèmes liés à leur environnement
social et familial, de l’envoi chez un spécialiste ou encore du traitement
et du diagnostic…, pour ne citer que les principaux sujets évités.
Les personnes sont-elles satisfaites des explications données par leur
médecin? Pour ce qui concerne la nature du traitement médical, 87 %
répondent par l’affirmative. Quant à la durée et aux résultats du
traitement, c’est déjà moins clair : deux tiers des répondants estiment en
savoir suffisamment; à peine 6 à 7 % estiment que ce n’est pas le cas. Mais
un quart des participants à l’enquête évitent de répondre à cette question.
Enfin, au sujet des effets secondaires éventuels du traitement, une personne
sur deux estime avoir suffisamment d’explications tandis que 20 % adoptent
le point de vue inverse et 29 % ne se prononcent pas sur la question.
Assurément, les effets secondaires constituent un thème problématique. Et
l’insatisfaction est d’autant plus grande dans les catégories
socioprofessionnelles plus modestes.
Compétence, écoute et respect
Le questionnaire proposait au libre choix des répondants une série de six
qualités attendues du médecin de famille. La compétence arrive bien en tête
(elle est citée par 82 % des répondants), ce qui est assez normal. Viennent
ensuite la capacité d’écoute (55 % des répondants), la capacité de
conseiller (44 %), la disponibilité (39 %), le respect des patients (34 %)
et enfin le fait d’être conscient de ses limites (27 %).
A la fin du questionnaire, les personnes avaient la possibilité d’ajouter un
commentaire concernant leur relation avec leur médecin de famille. Près de
38 % l’ont fait, ce qui prouve que ce thème touche une corde sensible.
Une partie des commentaires évoque ce que devrait être idéalement la
relation entre le médecin traitant et ses patients: une relation de
confiance mutuelle faite d’écoute et caractérisée par l’empathie, la
bienveillance. Le médecin de famille doit aussi bien connaître ses patients
dans leur globalité, leur environnement de vie. Il doit être disponible,
modeste et accepter ses limites. Il doit aussi jouer un rôle central de
coordinateur, être acteur de prévention et travailler de manière rigoureuse…
Face à ce “cahier des charges” très ambitieux, il est presque normal de
trouver quelques déçus : “La médecine n’est plus un apostolat comme le
concevait mon père disponible 24h sur 24”.
Cela étant, la toute grande majorité des commentaires recueillis confirme le
fait que la relation avec le médecin de famille est jugée positive (72 %).
On trouve d’ailleurs bon nombre de commentaires élogieux. Avec humour, un
répondant lance même qu’il faudrait cloner son médecin!
Quelques reproches
Au-delà de toutes ces louanges, les répondants ont fait part de
récriminations, peu nombreuses il est vrai (22 % des personnes ayant fait
des commentaires). Le principal reproche est le fait que leur médecin manque
de temps, a l’air surchargé, trop pressé, victime de son succès en fait.
Par ailleurs, une série de personnes disent douter des capacités de leur
médecin car il commet des erreurs, prescrit beaucoup de médicaments et
d’actes techniques, les envoie très rapidement chez le spécialiste, manque
de discernement, est négligent… Autant de commentaires qui témoignent d’une
confiance brisée.
Parmi les doléances, on trouve aussi le manque d’écoute, d’empathie,
d’intérêt, de compréhension. Cela va parfois jusqu’à marquer de
l’indifférence envers le patient.
Les problèmes d’accessibilité et de disponibilité de la part de certains
médecins de famille sont également évoqués : trop longues files d’attente au
cabinet, consultation seulement sur rendez-vous, pas ou trop peu de visites
à domicile, pas de contact possible le week-end, le soir, durant les congés,
consultations perturbées par les conversations téléphoniques…
Enfin, quelques personnes dénoncent les appâts du gain qu’ils croient
déceler dans le chef de leur médecin traitant ou alors rendent compte de
pratiques tarifaires qu’ils n’approuvent ou ne comprennent pas.
Ces quelques doléances et reproches ne doivent cependant pas ternir l’image
très positive du médecin de famille qui ressort de cette enquête. On ne peut
que s’en réjouir, comme on le lira par ailleurs dans le commentaire de cette
enquête en page 3 de ce journal.
Joëlle Delvaux
avec Hervé Avalosse,
membre du service Recherche et Développement de l’ANMC
et auteur de
l’analyse complète et commentée des résultats de l’enquête.
Les résultats complets de l’enquête peuvent être
consultés sur le site www.ucp.mc.be
Lire également : A suivre :
Le médecin de famille
(synthèse)
Le
médecin de famille, un acteur de
première ligne
Passez-vous d’abord
par votre médecin de famille avant d’aller consulter l’un ou l’autre
spécialiste? A cette question, on s’aperçoit que pour la plupart des
spécialités, le médecin de famille est d’abord consulté. Quelques
spécialités seulement ne font pas ou peu l’objet d’un passage
préalable par le médecin de famille. Ce sont essentiellement la
gynécologie, l’ophtalmologie et la dermatologie.
Le prix des médicaments, un sujet tabou ?
Une très large majorité (90 %) des personnes ayant participé à
l’enquête se disent prêtes à prendre des médicaments génériques. La
moitié disent d’ailleurs en demander à leur médecin de famille quand
celui-ci leur prescrit des médicaments. C’est encourageant, mais 46 %
des participants à l’enquête n’ont pas un tel comportement et fait
regrettable, ce sont surtout les plus jeunes.
Le prix des médicaments reste un thème difficile à aborder entre les
patients et leur médecin de famille. La majorité de ceux qui en
parlent reconnaissent que les médicaments coûtent cher et sont
demandeurs d’une alternative moins chère. Mais 57 % ne veulent pas
discuter du prix des médicaments. Ce sont surtout les plus jeunes et
les cadres. Certains invoquent le fait qu’ils n’ont pas de problème
financier mais d’autres disent que c’est gênant d’aborder cette
question ou que de toute façon, ils n’ont pas le choix s’ils veulent
se soigner. Il y a donc un certain fatalisme.
|
|