Les relations patients - médecin de famille
La parole
aux médecins généralistes (6 octobre 2005)
Dans notre édition du 15 septembre, nous vous avons présenté les
principaux résultats de l’enquête menée par l’UCP, mouvement social des
aînés, en collaboration avec «En Marche» sur la relation qu’entretiennent
les personnes de plus de 50 ans avec leur médecin de famille.
Nous avons
ensuite voulu donner la parole à des médecins généralistes pour les entendre sur les
résultats de cette enquête et les relations qu’ils entretiennent avec leurs
patients. Trois médecins généralistes, les Dr Oldenhove, Vanden Bulck et
Watillon ont accepté de participer à une table ronde pour en débattre
ensemble.
Lire ci-dessous:
Confiance et satisfaction
Compétence, écoute et disponibilité
Les médicaments, sujet tabou ?
Le dossier médical global
Les médecins qui ont participé à la
table ronde
Les jeunes généralistes : un profil en
pleine évolution
Confiance et satisfaction
En marche : Les
résultats de cette enquête sont très positifs. Globalement, les patients
sont très fidèles à leur médecin de famille. Ils sont satisfaits de la
relation et du dialogue entretenus avec lui. Vous attendiez-vous à de tels
éloges?
Dr Watillon :
Les résultats de cette étude correspondent à l’idée
que je m’en faisais. L’âge des patients, est, me semble-t-il, déterminant.
C’est en effet quand on est plus âgé et/ou malade chronique qu’on est fidèle
à son médecin et qu’on le voit fréquemment. Les gens qui consultent de
manière aléatoire et épisodique se trouvent dans les tranches d’âge
inférieures, entre 20 et 40 ans.
Dr Oldenhove : Selon
moi, la fidélisation au médecin généraliste existe indéniablement. Et cela,
même dans une pratique médicale de groupe. Le patient attend parfois une
semaine pour voir son médecin si celui-ci est absent. En maison médicale,
tout le monde ne soigne pas tout le monde, contrairement à ce que beaucoup
pensent. Il y a véritablement une relation de confiance qui s’installe. Je
remarque aussi beaucoup de respect et d’attention de la part des patients
vis-à-vis de nous.
Dr Vanden Bulck :
Pour ma part, je suis étonné et heureux de voir que 72 % des patients sont
fidèles à leur médecin depuis plus de 10 ans. Mais je ne crois pas que cela
corresponde à l’ensemble de la population. Ceux qui ont répondu à l’enquête
se préoccupent certainement de leur santé et sont en quelque sorte des bons
élèves. Beaucoup de personnes, et surtout parmi les plus jeunes, font
aujourd’hui du shopping médical.
Cela étant, il faudrait communiquer ces résultats à nos jeunes confrères
pour les rassurer sur leur avenir. S’ils exercent une médecine correcte,
loyale et de proximité, ils seront récompensés par la fidélité de leurs
patients. Ce n’est pas en faisant une médecine commerciale qu’ils y
arriveront.
Je crois aussi qu’on doit distinguer le médecin de famille du médecin
généraliste. Quand je suis de garde, je constate une énorme différence
d’attitude et d’exigence entre mes patients et les autres.
Dr Watillon :
Effectivement, entre la patientèle et la garde, il y a
un monde de différence. Effectuer la garde est un travail difficile et
ingrat surtout en centre ville car on est confronté à la même chose que les
hôpitaux à savoir la toxicomanie, l’alcoolisme et les gens qui ne paient
pas. On a d’ailleurs de plus en plus de mal à remplir les grilles de garde.
Dr Oldenhove : A
Bruxelles, malheureusement, la garde n’a plus beaucoup de sens. Lors de nos
gardes, on ne voit pratiquement personne et on ne fait plus d’urgence. Les
gens vont directement à l’hôpital car ils sont rassurés par la technicité et
croient qu’ils seront soignés plus rapidement, ce qui est faux. Le fait
qu’ils ne paient rien directement à l’hôpital joue aussi. Cette situation
est malsaine. Tout cela est un problème politique. Il faut revaloriser le
rôle du médecin généraliste lors des gardes et l’INAMI y gagnerait
d’ailleurs.
Dr Watillon : Dans
différentes villes comme Namur, La Louvière, Bruxelles ou Verviers, des
expériences pilotes ont été lancées pour créer un poste de garde de WE géré
par des généralistes où les gens peuvent se rendre au lieu d’aller à
l’hôpital. Le plus ancien, celui de Borgerhout, fonctionne très bien depuis
cinq ans. Ces expériences pilotes, subsidiées par le ministère de la Santé
publique, ne pourraient pas fonctionner sans subsides. A Charleroi, on est
sur le point d’en créer un également.
Dr Vanden Bulck : A
Verviers, ce poste de garde existe depuis un an et demi et démarre fort
lentement. Il n’est pas assez connu mais on devrait mieux en faire la
publicité.
En Marche :
D’après l’enquête, les patients passent d’abord par
leur médecin de famille avant de consulter un médecin spécialiste, à
l’exception de quelques spécialités notoires. C’est plutôt bon signe.
L’échelonnement existerait-il donc dans les faits?
Dr Oldenhove : Il
n’y a pourtant pas assez d’échelonnement. Lorsqu’on a la confiance de nos
patients, ceux-ci nous consultent et nous demandent conseil par rapport aux
spécialistes. Mais malheureusement, la médecine générale n’a pas assez de
valeur aux yeux des universités, des hôpitaux et de nos ministres. On
devrait revaloriser la médecine de première ligne…
Dr Vanden Bulck : Il
faut dire aussi que certains spécialistes, et surtout les plus jeunes, sont
méprisants à notre égard. Heureusement, il n’en va pas de même chez les
spécialistes installés depuis un certain temps avec lesquels on travaille en
étroite collaboration et dans un respect mutuel.
Dr Watillon :
Malheureusement, quand les responsables politiques parlent d’échelonnement,
c’est uniquement pour faire des économies et non pour revaloriser la
médecine de première ligne. Bien entendu, l’échelonnement ne se justifie pas
pour certaines spécialités mais dans l’ensemble, passer d’abord par le
généraliste, c’est le bon sens et cela se fait d’ailleurs naturellement. Les
gens ne savent pas qui aller voir. Si le généraliste ne sait pas résoudre
les problèmes et a besoin d’un avis spécialisé, il oriente vers un ou deux
confrères. Si le patient n’est pas orienté, il peut complètement se tromper.
Par exemple, j’ai eu une patiente qui a tout fait à l’envers. Elle est allée
voir quatre spécialistes puis est venue chez moi parce que personne n’avait
fait le bon diagnostic. La médecine qu’on promeut aujourd’hui est hélas une
médecine de spécialités qui ne tient pas compte de la personne dans sa
globalité.
Dr Vanden Bulck :
Pour ma part, quand je renvoie un patient vers un spécialiste, ce n’est pas
simplement vers une spécialité médicale mais vers un praticien en
particulier qui me semble le mieux convenir en fonction de la personnalité
et de la situation du patient. Je n’envoie pas mes patients chez l’un ou
l’autre confrère par hasard. Certains spécialistes sont plus techniciens ou
à l’inverse plus fonctionnels que d’autres. Mes patients savent que j’ai
confiance dans le spécialiste que je leur conseille. C’est déterminant dans
la manière dont ils vont suivre le traitement par la suite.
Les médecins qui ont participé à la
table ronde
Dr Geneviève Oldenhove
est médecin généraliste à Bruxelles à la maison
médicale des Marolles depuis 1980. Mère de 6 enfants, elle est l’épouse d’un
médecin généraliste.
Elle s’occupe tout particulièrement de la prise en charge des patients par
des réseaux (hépatite C, diabète et santé mentale).
Dr Christian Vanden Bulck
pratique une médecine générale de famille à Jalhay (près de Spa) en milieu
rural depuis 25 ans. Il est Président de l’Association des Médecins de l’Est
Francophone (AGEF) et Président du Service intégré de soins à domicile de
l’Est francophone. Marié à une enseignante et père de trois enfants, il est
aussi échevin des affaires sociales dans sa commune.
Dr Jean-Pierre Watillon
pratique en solo la médecine générale au centre de Charleroi depuis 1982. Sa
patientèle est très majoritairement constituée de personnes âgées. Il est
Président des généralistes de Charleroi, Vice-Président de la Fédération des
associations de généralistes de Charleroi et du Forum des associations des
médecins généralistes. Il est père de trois enfants, et sa femme pratique
aussi la médecine générale en solo. |
Compétence, écoute et disponibilité
En Marche :
Dans l’enquête, les répondants disent attendre de
leur médecin de famille compétence, bien sûr, mais aussi écoute, conseils et
disponibilité. Des qualités largement présentes d’après la majorité des
répondants. Quelques reproches sont cependant avancés : le manque de temps
essentiellement, parfois le manque d’écoute et d’intérêt, le manque
d’explications aussi sur le traitement médical et en particulier sur les
effets secondaires. Quels commentaires cela vous inspire-t-il?
Dr Watillon :
Concernant les effets secondaires, ce n’est
effectivement pas de cela qu’on parle en premier lieu avec le patient. Si on
commence à les décrire, il n’y a plus personne qui prend ses médicaments et
la compliance diminuerait encore alors qu’elle n’est déjà que de 20 % en
moyenne (ndlr : la compliance est le fait de suivre les indications et
traitements du médecin comme il le prescrit). C’est au moment où les gens
reviennent ou qu’ils posent des questions qu’on leur en parle.
Dr Oldenhove : Les
patients viennent de plus en plus avec des affirmations qu’ils ont lues sur
internet ou entendues de proches ou de voisins à propos des maladies et
traitements. Mais la vulgarisation n’est pas toujours synonyme de qualité et
l’on passe de plus en plus de temps à réexpliquer ou justifier notre
diagnostic ou même les traitements qu’on prescrit.
Dr Vanden Bulck : Ce
qui me tracasse, c’est la manière dont les patients conçoivent notre métier.
Ils nous demandent d’être disponibles pratiquement non stop. Mais on a
besoin comme tout le monde de détente, de loisirs, de repos pour être
équilibré et rester compétent. Pour moi, le gros problème, c’est le
téléphone. Les gens sont de plus en plus exigeants : ils veulent pouvoir
atteindre leur médecin tout de suite et, en même temps, quand ils sont en
consultation, ils ne supportent pas que le médecin soit dérangé par
téléphone par d’autres patients ! Personnellement, je pense que le GSM est à
cet égard, la meilleure et la pire des choses. J’avoue que je n’arrive pas à
gérer ce problème. Je passe beaucoup (trop) de temps au téléphone avec mes
patients! Il faut dire aussi que beaucoup de gens sont anxieux, veulent être
sûrs qu’on soit attentif à eux.
Dr Watillon : J’ai
le même sentiment. Cela dit, moi, j’ai prévu une plage horaire pour les
appels téléphoniques et je demande d’être bref lors des appels en
consultation. Il faut mettre des limites car sinon, on n’en sort plus. Je
crois qu’on est allé trop loin dans l’accessibilité, la gratuité, la
disponibilité. On doit même faire face à la violence dans nos salles
d’attente et à l’agressivité de patients très impatients.
J’estime être un médecin disponible mais pour éviter l’épuisement, on doit
pouvoir sortir du boulot, faire autre chose même si cela reste dans le
domaine de la médecine. Personnellement, je m’investis beaucoup dans la
médecine associative. Cela crée des liens et cela permet de prendre du recul
par rapport à notre pratique.
Dr Oldenhove :
Prendre du recul, c’est important. En maison médicale, pour certaines
pathologies, on réalise des intervisions c’est-à-dire qu’on discute de cas
en équipe, ce qui nous aide beaucoup notamment dans la prise en charge des
toxicomanes. On réalise aussi des réunions d’équipe interdisciplinaire. Tout
cela est très riche et très utile. J’ai également eu beaucoup de plaisir à
mettre en route un réseau de prise en charge des diabétiques. Créer un
projet, cela permet de sortir de la routine et d’être meilleur dans son
boulot. Avoir des stagiaires, c’est aussi très riche ; cela permet de voir
les choses sous un autre angle.
Les médicaments, sujet tabou ?
L’enquête révèle que la toute grande majorité des
patients sont disposés à prendre des médicaments génériques mais la moitié -
surtout parmi les plus jeunes seniors - n’en parlent pas à leur médecin soit
parce que ce sujet est difficile à aborder, soit parce qu’ils n’en voient
pas la nécessité (ils ont les moyens de se payer des médicaments), soit en
raison d’un certain fatalisme (se soigner coûte cher et il faut en payer le
prix). Quelle est votre propre expérience en ce domaine?
Dr Oldenhove : La
confiance dans le générique a augmenté chez les patients. Mais il y a
quelque chose de paradoxal : ce sont ceux qui en ont le moins besoin d’un
point de vue financier qui font le plus confiance aux génériques et
inversement.
Dr Watillon : C’est
vrai ce que vous dites. J’ai essayé d’aborder la question avec mes patients
mais cela ne passait pas bien en général. Maintenant, je laisse venir et si
on me demande si un médicament moins cher existe, je le prescris sans
problème.
Les patients sont souvent vexés qu’on leur propose des génériques car ils
ont l’impression qu’on les soigne au rabais. Cela dit, ils voudraient bien
que les médicaments coûtent moins chers, évidemment. D’ailleurs de plus en
plus de patients renoncent à prendre certains médicaments. Au moment de la
prescription, ils n’osent pas nous parler du prix, par fierté. Mais quand
ils se rendent à la pharmacie, ils n’achètent pas ceux qu’ils estiment trop
chers.
Dr Oldenhove : En
région bruxelloise, on est obligé de prescrire des génériques pour les
patients qui relèvent du CPAS, ce qui représente au moins 60 % de la
patientèle de notre maison médicale. Les 19 CPAS de la Région se sont
accordés sur une liste unique de médicaments que l’on doit suivre et sur
laquelle se trouvent aussi des spécialités quand il n’y a pas d’équivalent
en générique et des médicaments non remboursés par l’INAMI mais nécessaires.
Cette liste est une bonne chose. Cela étant, je pense que de manière
générale, il est de la liberté des patients de demander des génériques ou
pas.
En marche : Les
patients disent pourtant que c’est au médecin à les proposer et à le
décider. Chacun se renvoie donc la balle de l’initiative. Le problème
n’est-il pas que les médecins ont encore trop peu confiance dans les
génériques?
Dr Vanden Bulck :
Il y a effectivement de cela. Je vous dirais que
pour une série de médicaments indispensables (médicaments cardiaques,
hypertenseurs, contre le diabète), il est scientifiquement prouvé que le
générique est équivalent et je me réserve le droit de les prescrire. Mais je
suis prudent avec les médicaments. J’ai cette attitude parce que les
patients me disent que cela ne fait pas le même effet avec le générique que
la spécialité. Je ne pense pas que cela soit un effet placebo. Je les
écoute, c’est tout. Et je réponds à leur demande.
Dr Watillon : C’est
clair que le patient sent si le médecin a confiance ou non dans les
génériques.
Dr Oldenhove : Je
sors de la discussion sur le générique mais je voudrais dénoncer une
pratique systématique en matière de médicaments: c’est le fait que nos
patients qui entrent dans les hôpitaux en ressortent pratiquement toujours
avec des prescriptions de médicaments autres (mais dans la même classe
évidemment) que ceux qu’ils avaient en arrivant. C’est un manque de respect
de notre travail et cela met en difficulté la relation de confiance qu’on a
bâtie avec notre patient.
Dr Vanden Bulck :
Dans le même ordre d’idées, on ne peut accepter non plus que le pharmacien
puisse un jour avoir le pouvoir de substitution (remplacer un médicament
prescrit par le médecin par un générique moins cher - ndlr). On a déjà du
mal à ce que les gens suivent leur traitement mais si les noms changent, ils
le suivront encore moins!
Les jeunes généralistes : un profil en
pleine évolution Le visage de la médecine générale est en train de
profondément se modifier. La population de médecins généralistes est tout
d’abord en train de vieillir. Et le Numerus clausus placé au cours des
études de médecine ne va pas arranger les choses. D’aucuns tirent la
sonnette d’alarme de la pénurie qui guette ce métier.
«Trop peu de jeunes s’installent comme généralistes», explique le Dr
Oldenhove. «La féminisation du métier change aussi la donne. Les femmes
font très bien leur métier mais elles ont des périodes de leur vie où elles
ne travaillent pas et elles n’effectuent pas toutes un travail à temps
plein. Et le profil du jeune généraliste change aussi très fort. Les jeunes
ont peut-être autant de charisme que leurs prédécesseurs mais ils mettent
beaucoup plus en avant leurs limites. Notamment en termes de disponibilité».
«J’ai la même impression», enchaîne le Dr Vanden Bulck
«Je vois
bien avec mes assistants par exemple qu’ils arrivent déjà à faire la part
des choses après six mois de pratique alors que moi, je n’y arrive toujours
pas. Ils se protègent eux-mêmes, sont moins consciencieux aussi. Et ils
n’ont pas envie de prester des horaires lourds». L’époque où l’épouse du
médecin prend le téléphone et assure le secrétariat de son mari est bien
révolue aussi.
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Le dossier médical global
En Marche :
Dans l’enquête, 75% des répondants disent avoir
confié leur dossier médical global (DMG) à leur médecin de famille. Ce
pourcentage est très nettement supérieur aux statistiques officielles. Il
semble donc qu’une partie des répondants confondent le DMG avec autre chose.
Parmi ceux qui n’ont pas de DMG, beaucoup n’y voient pas l’utilité. Que
pensez-vous de tout cela?
Dr Watillon : Quand
le DMG a été instauré, il était clairement dit que c’était au patient à le
demander à son médecin et non au médecin à le proposer. Cela a un peu changé
et moi-même, je commence à en parler. Mais certains patients le refusent car
ils n’ont pratiquement aucun intérêt financier à le demander (les anciens
combattants, les VIPO). D’autres n’en voient pas l’utilité. Quand ils me
demandent ce que je ferais de plus avec le DMG, je dois bien dire que rien
ne serait vraiment différent.
Dr Oldenhove :
Confier le DMG à son médecin généraliste, c’est reconnaître son travail et
encourager la bonne tenue de son dossier de santé. Il faudrait vraiment
revoir la communication à propos du DMG, ne pas tout axer sur l’aspect
financier (la diminution de 30 % de la quote-part personnelle lors des
consultations chez le généraliste - ndlr) mais dire surtout combien c’est
important pour la gestion globale de sa propre santé.
Dr Watillon : Vous
avez remarqué qu’on montre facilement du doigt la Wallonie pour son mauvais
taux de DMG par rapport à la Flandre. Mais je constate qu’au Nord, certains
de nos confrères n’ont aucun scrupule à imposer le DMG aux personnes qui les
consultent. J’ai une patiente qui s’est retrouvée liée par le DMG chez un
médecin qu’elle a consulté une fois cet été à la Côte! Elle ne savait même
pas qu’il avait indiqué l’honoraire de DMG sur son attestation de soins!
Dr Oldenhove : Avec
de telles pratiques, on est loin de la philosophie du DMG ! Je plaide
personnellement pour qu’il soit associé à une consultation annuelle bien
précise d’évaluation, de prévention et de dépistage des risques. Les
patients et nous-mêmes serions très valorisés par cela.
Dr Vanden Bulck :
Grâce à la télématique, on va bientôt avoir le dossier médical minimum de
garde. Chaque médecin traitant pourra alimenter un serveur pour que les
médecins de garde et les hôpitaux puissent y avoir accès et prendre
connaissance d’une série de données importantes sur le patient qu’ils ont en
face d’eux. Mais il faut l’accord des patients sur la diffusion de ces
données. Dans le DMG, une partie devrait être réservée à ce dossier minimum
de garde. Je suis persuadé que le DMG prendra davantage de valeur et
d’ampleur si on l’élargit vers l’informatisation avec les médecins
spécialistes et les médecins de garde.
Dr Oldenhove : A
Bruxelles, les CPAS poussent les personnes qui relèvent de l’aide sociale à
demander le DMG à leur médecin. Ils le font dans un souci d’économies mais
cette politique est intelligente car elle revalorise la première ligne.
Dr Vanden Bulck :
C’est bien nécessaire. Je prends encore un exemple : la vaccination. Voilà
bien un travail de prévention qui relève de la médecine générale. Et bien,
nous en sommes de plus en plus dépossédés par la médecine scolaire et la
médecine du travail aussi d’ailleurs. On en arrive à une situation
ahurissante : on nous demande de tenir le DMG mais on assure de moins en
moins la vaccination. Par contre, on nous demande de tenir le carnet de
vaccination parce que les parents l’ont perdu mais la médecine scolaire ne
nous informe pas des vaccins qu’elle a effectué sous prétexte qu’elle ne
connaît pas le médecin traitant ! Et cela ce sont les pouvoirs publics qui
l’organisent. Je ne comprends plus ! C’est inadmissible. Ce qu’on
souhaiterait au contraire, ce sont des signaux clairs pour revaloriser notre
métier. Un métier qui reste, malgré tout, extraordinaire, il faut le dire!
Animation de la table ronde :
Joëlle Delvaux
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