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Éditorial (4 décembre 2014)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© Matthieu Cornélis
L’austérité touchera la santé

Pour réduire le déficit public, le gouvernement fait porter des efforts importants aux travailleurs, aux services publics, aux allocataires sociaux. Ce choix ne manquera pas d'affaiblir la cohésion sociale de notre société. Par ricochet, il risque aussi de porter atteinte à la santé de tous. Des alternatives sont pourtant possibles.

Pour assainir les finances publiques et amorcer la réduction de la dette, le gouvernement fédéral a décidé de réaliser 12 milliards d’économies, dont 30% sous forme de nouvelles recettes et 70% par des réductions de dépenses. Son intention est également de relancer la croissance et de créer davantage d’emplois. Ainsi, la décision a été prise de réduire les charges des entreprises. Objectif : les rendre plus compétitives. Ces réductions de charges devront aussi être compensées. Un manque à gagner qui s'ajoute aux économies attendues. Nul doute, dans ce contexte, que les efforts demandés à la population seront très conséquents. Mais seront-ils équitablement répartis?

Des taxes et impôts mieux répartis

Une critique majeure faite en matière de taxation à la Belgique – notamment par les mouvements sociaux – c'est que l’État taxe trop le travail et pas assez le capital. L’OCDE (Organisation internationale de coopération et de développement économiques), que l'on ne peut taxer d'anti-marchands, partage cet avis. Or en Belgique, la part des revenus mobiliers et immobiliers dans le produit intérieur brut a augmenté plus rapidement que celle des salaires. Et pourtant, ces revenus en croissance ne contribuent pas davantage au financement de la sécurité sociale et des finances publiques. La pression fiscale est même à la baisse en Europe. Tous les États essayant d’attirer les capitaux et les investissements en réduisant les charges de manière directe ou indirecte par des accords plus ou moins secrets. Voyez les montages "LuxLeaks". Cette concurrence fiscale aggrave les inégalités. Seules les grandes sociétés multinationales et les plus nantis peuvent "profiter" du gâteau fiscal européen. Seule une régulation européenne peut empêcher ces avantages et délocalisations fiscales qui détruisent l’emploi et dérégulent les conditions de travail. Pourquoi ne prenons-nous pas cette voie?

Est-il nécessaire de rappeler qu'une société plus égalitaire est bien plus "efficace" en ter - mes de santé et de bien vivre pour tous ? C'est attesté : les sociétés moins égalitaires détériorent la qualité des relations sociales, engendrent la division, doivent faire face à plus de problèmes sanitaires et sociaux, plus de violence, de maladies mentales, d'anxiété… Le programme du gouvernement Michel nous engage vers un renforcement des inégalités, alors qu'il devrait viser une répartition plus équitable des taxes et impôts, au bénéfice du bien-être et de la santé de tous.

Pour une société de confiance

Une grande partie de la population est inquiète. Nous partageons cette inquiétude d'autant que notre monde ne manque pas de challenges : vieillissement, chômage, stabilité de la sécurité sociale… Un gouvernement se doit de relever ces défis de manière positive. Il se doit de donner confiance en l’avenir. Il ne pourra le faire sans investir d’abord dans l’humain et le social. Face aux enjeux du vieillissement, pourquoi ne pas proposer de nouvelles formules d’aménagement du temps de travail, des dispositifs d’accompagnement de fins de carrière? Les mesures gouvernementales prévues n’ouvrent pas de portes en ce sens.

Face à la problématique du chômage, la seule perspective envisagée aujourd'hui se résume à réduire les charges patronales en vue d’améliorer la compétitivité des entreprises, de relever la croissance et de créer de l’emploi. Or, soyons réalistes, pour créer de l’emploi net, c'est au moins 2% de croissance qu'il faut atteindre. Les dernières prévisions de la banque centrale européenne tablent sur une croissance de 1% de la zone euro en 2015 et de 1,5% en 2016. L'hypothèse de travail du gouvernement apparaît donc bien optimiste pour les prochaines années... Offrir de réelles perspectives aux jeunes et réduire le chômage de manière structurelle, passe au contraire par la multiplication des formules de partage du temps de travail. Une perspective souhaitable également pour permettre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Hélas, ce gouvernement tend à supprimer les dispositifs de ce type.

Enfin, face au troisième défi que nous énoncions : la stabilité de la sécurité sociale, nous dénonçons les restrictions dans le secteur du chômage et des pensions. Agir de la sorte, c'est créer un climat d’insécurité sociale. C'est favoriser un glissement progressif vers un système dual : l’assistance sociale pour les démunis et la protection sociale privatisée pour les autres.

Alors que les mesures du programme gouvernemental créent une société de peur et de défiance, nous plaidons au contraire pour une approche basée sur la concertation et la confiance porteuse de cohésion sociale. Où est la vision porteuse de sens ? Que des économies soient nécessaires, on peut le comprendre. Mais le résultat budgétaire ne peut être le seul objectif.

Où est le projet qui mobilise et qui inspire ?

Le développement durable, l’enjeu climatique, le coût de l’énergie, la mobilité, l’accès au logement, le rôle de l’Europe, la multi-culturalité… sont autant de défis qui demandent de l’audace. La population attend une vision et pas seulement des économies. À défaut, chacun se débrouillera et c’est au marché qu’on laissera les choix de société…

Le programme du gouvernement fédéral risque de nous mener vers une société plus inégalitaire, plus méfiante, plus dure. Les perspectives apparaissent bien sombres, avec une qualité de vie et une santé en recul. Comme d'autres, nous croyons qu’il pourrait en être autrement. Cette autre "voie" devrait être "entendue".

Jean Hermesse//Secrétaire général

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