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Éditorial (2 octobre 2014)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© Matthieu Cornélis
Concentrer les soins complexes pour améliorer la qualité

L'efficacité d'une intervention chirurgicale pratiquée dans le cadre du traitement d’un cancer de l’œsophage et du pancréas est davantage garantie dans les hôpitaux qui la pratiquent régulièrement. Pourtant, seul un patient sur trois est pris en charge par un de ces hôpitaux. De ce fait, l’Agence intermutualiste (AIM) plaide pour une concentration des soins dans le traitement de ces affections rares et complexes.

L’Agence intermutualiste (AIM) collecte et analyse les données fournies par les sept mutualités du pays. L’AIM mène, dans la foulée, des projets de recherche que ce soit de sa propre initiative ou à la demande - et en collaboration - avec des organismes publics et des universités. Pour la première fois de son histoire, l’AIM a décidé de publier une liste des hôpitaux avec le nombre d’interventions réalisées pour les pathologies cancéreuses de l'œsophage et du pancréas. Au travers de cette publication, les mutualités adressent un signal fort à tous les acteurs de soins : pour garantir aux patients des soins de qualité, l'offre de soins doit être mieux organisée. On ne peut plus continuer à offrir tous les soins spécialisés dans chaque hôpital. La dispersion actuelle des pratiques fait qu’actuellement, pour ces pathologies rares et complexes, les patients n'ont pas la même chance de survie.

Efficacité du traitement

Chaque année en Belgique, plus de 1.500 patients sont confrontés à un diagnostic de cancer du pancréas. Ils sont 1.000 à faire face à un cancer de l’œsophage. Ces cancers sont malheureusement difficiles à soigner.

Mais le taux de réussite du traitement, par exemple une intervention chirurgicale pour un cancer de l’œsophage, est jusqu’à 30% plus élevé, si le patient est traité dans un hôpital expérimenté. Environ un patient sur trois subit une intervention chirurgicale. Selon le Centre d’expertise fédéral (KCE), les hôpitaux les plus efficaces sont ceux qui pratiquent au moins 20 opérations par an.

Afin d’évaluer où se situe la Belgique par rapport aux recommandations internationales, les mutualités ont donc regroupé toutes leurs données. Le nombre d’interventions réalisées par an dans chaque hôpital pour les deux formes de cancer a ainsi été comptabilisé. Cette liste a été publiée sur le site de l'AIM(1).

Pourquoi publier ?

Les hôpitaux qui, à ce jour, réalisent entre 6 et 19 interventions pourraient atteindre le minimum de 20 interventions, si les hôpitaux qui pratiquent actuellement moins de six interventions leur envoyaient leurs patients. En pratiquant de la sorte, le nombre d'hôpitaux atteignant le seuil de 20 interventions serait plus élevé et une prise en charge des soins hautement qualitative serait dès lors possible à une distance acceptable du domicile du patient.

La dispersion des pratiques pour le traitement des maladies rares et complexes a pourtant tendance à s’accentuer. Malgré la tendance aux regroupements d'hôpitaux, la Belgique compte encore plus de 110 hôpitaux ; et il est inefficace ainsi que non souhaitable de permettre l’ouverture de soins spécialisés dans tous ces hôpitaux . Assurément, il faut agir d'abord dans l’intérêt des patients. En publiant les chiffres des mutualités, l’AIM invite tous les acteurs médicaux et politiques concernés à viser la qualité invoquée par le KCE et par les recommandations internationales, pour ces interventions délicates et spécialisées. Les résultats de l’étude ont aussi été présentés au Collège d’oncologie et au Collegium Chirurgicum, qui s'engagent à mettre tout en œuvre pour parvenir à une organisation optimale.

Pas seulement une question de quantité

Le volume est, dans de nombreux cas, un indicateur de qualité important. Mais ce n’est évidemment pas le seul. La concentration des soins spécialisés n'équivaut pas à une garantie absolue. Pour assurer la qualité des soins, c’est toute la "chaîne" des soins qui doit en permanence être évaluée, structurée dans un cycle constant d’amélioration. La coordination des soins, le respect des règles d’hygiène, l’étude critique et transparente des incidents… constituent autant d’éléments essentiels pour garantir la bonne prise en charge des patients. Une approche moderne de la qualité des soins passe par un processus continu d’accréditation. On est loin des seules normes classiques d’agréments portant sur les m², l’équipement, les diplômes et le nombre de personnel soignant. Bien d'autres paramètres doivent être considérés.

Aujourd’hui, la responsabilité en matière de qualité des soins et de pilotage a été transférée aux entités régionales. À elles d’innover, de promouvoir une politique de qualité et d’assurer une plus grande concentration des soins spécialisés. Le niveau fédéral a également un rôle important. Il doit veiller au financement correct de l'ensemble des hôpitaux, soins spécialisés ou pas.

En lançant ensemble avec toutes les fédérations d’hôpitaux, l'association des médecins chefs d'hôpitaux et les trois Écoles de Santé publique une plateforme en vue d’améliorer la qualité des soins et la sécurité des patients (PAQS), les mutualités souhaitent collaborer activement et positivement à la modernisation de la politique de qualité.

En publiant le nombre de traitements par hôpital pour les cancers de l’œsophage et du pancréas, les mutualités lancent un signal fort aux responsables politiques. Il faut davantage concentrer certains services spécialisés. Les mutualités dans leur ensemble plaident pour une politique de qualité plus volontariste.

(1) www.nic-ima.be/fr/imaweb/news

Jean Hermesse//Secrétaire général

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