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Éditorial (19 juin 2014)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© A-M Jadoul
Promouvoir la santé, aussi un choix politique

Après les élections vient le temps des négociations, des coalitions et puis de l’élaboration d’un programme politique fait de choix et de décisions. Le contexte budgétaire laisse peu de marge. Rigueur et économies sont au centre des discussions des futurs gouvernements. Les choix politiques influenceront notre santé. Comment ?

Les chiffres et les perspectives donnent le tournis : réduire le déficit des finances publiques de 12, 15 voire 17 milliards d’euros (c'est l'inconnue) et, parallèlement, faire face aux coûts liés au vieillissement de la population. Pendant ce temps-là les chiffres du tabagisme, de l’alcoolisme, de l’obésité, et de la consommation d’antidépresseurs – mais aussi du chômage – s’aggravent. Pourvu que nos diables continuent de gagner! On a l’impression qu’on va encore connaître quelques années de ‘vaches maigres’. Qualité de vie et de santé risquent d'en pâtir. Pourtant, malgré la crise, malgré ce contexte budgétaire difficile, la régression n’est pas inéluctable. Restons positifs. Nous pouvons prendre des décisions politiques qui améliorent la santé.

Prévenir, changer nos habitudes

Tabagisme, alcoolisme, drogues, habitudes alimentaires entraînent des maladies. Avec la solitude et le manque d'emploi, elles aggravent le mal-être. Malheureusement, ces phénomènes particuliers à notre société “moderne” ont des conséquences nuisibles pour la santé. Ainsi le nombre de fumeurs a augmenté sensiblement en 2013. Bien sûr, il faut investir dans des services professionnels qui accompagnent les fumeurs qui veulent arrêter. Bien sûr, il faut sensibiliser les plus jeunes aux effets néfastes de la cigarette et aux mécanismes d'influence sous-jacents. Mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la coalition nationale contre le tabac sont d’accord: il faut augmenter la taxation des produits du tabac. C’est une des manières de dissuader de commencer à fumer. D’autres pays ont pris cette décision. La réduction de la consommation y a été drastique. Pour rappel : des 2,7 millions de fumeurs en Belgique, près de la moitié mourra d’un cancer.

Le surpoids et l’obésité entraînent des maladies cardiovasculaires, le diabète, l’arthrose… Bref, c’est devenu un problème majeur de santé publique. Ici aussi, des décisions politiques peuvent améliorer la santé : réduire la teneur en sucre dans les aliments, encourager les petits déjeuners sains dans les écoles, réglementer la publicité, aménager le territoire pour favoriser la mobilité douce (marche, vélo) et l’exercice physique…

Les inégalités sociales sont la principale explication aux inégalités de santé. Certains choix politiques peuvent renforcer la cohésion sociale ou, au contraire, accroître les inégalités socio-économiques. Les choix en termes de réforme fiscale ne sont pas neutres pour la santé.

Quelle politique de prévention ?

A partir du 1er juillet, les Communautés et Régions seront règlementairement compétentes pour 16% du budget de l’assurance soins de santé, soit près de 5 milliards d’euros. Elles seront responsables financièrement à partir du 1er janvier 2015. Parmi les compétences transférées de l'Inami vers les Communautés et Régions se trouvent certaines politiques de prévention : vaccination, sevrage du tabac, Fonds de lutte contre les assuétudes, dépistage des cancers du sein, colorectal, du col de l’utérus… La 1re ligne de soins compte parmi les acteurs essentiels des politiques de prévention de la santé, aux côtés des associations, des écoles… Le mode de gouvernance de ces compétences sera déterminant en termes de coordination et de participation active des médecins et paramédicaux. Le modèle de gestion paritaire, qui implique les prestataires et les mutualités tout en consultant les acteurs associatifs de la promotion de la santé, responsabilise et motive. Il a été à la base de notre système de soins fédéral, un des plus appréciés au monde. Le choix du mode de gouvernance dans les Communautés est un choix politique. Nous plaidons pour que dans le futur Organisme d’intérêt public (OIP) wallon et bruxellois en charge de la santé, il soit créé une direction spécifique pour la promotion et la prévention santé regroupant toutes les compétences.

Qui payera les économies ?

Les programmes électoraux de plusieurs partis, surtout du côté flamand, contenaient des propositions de réductions assez conséquentes du budget des soins de santé. Cependant, aucun programme ne précisait d’une manière chiffrée les mesures concrètes d’économies, sujet trop sensible avant les élections. Pourtant, seules des mesures linéaires permettraient d’atteindre rapidement les économies annoncées. Ce qui sous-entend, par exemple, de diminuer de 10% certains remboursements de soins ou médicaments et de faire payer la différence au patient.

Autre exemple: une diminution du budget des hôpitaux entraînerait soit une augmentation des suppléments à charge du patient, soit une réduction du personnel et donc de la qualité des soins. Ce sera là un des enjeux essentiels des mesures d’économie dans les soins de santé. Comme 80% du budget des soins sert à payer le personnel médical et soignant, toute diminution du budget pèsera presque inévitablement sur l’emploi. Si les économies sont reportées sur les patients, l’accès aux soins sera plus réduit, sauf pour ceux qui savent financer des assurances facultatives ou qui bénéficient d’une couverture d’entreprise. Bien sûr, il faudra contenir la croissance du budget des soins de santé. Mais nous plaidons pour des mesures structurelles portant sur l’offre et les consommations de soins, et pour un investissement conséquent dans des politiques de prévention et de promotion de la santé. Taxer ou d'interdire, oui. Mais aussi promouvoir et sensibiliser.

Quelle taxation du tabac ? Quelle publicité autorisée ? Quel aménagement du territoire ? Quelle réforme fiscale? Quelle gouvernance des compétences transférées aux Communautés ? Nous plaidons pour des choix politiques qui améliorent la santé pour tous.

Jean Hermesse//Secrétaire général

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