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Éditorial (15 mai 2014)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© A-M Jadoul
Agir sur la variations médicales

La consommation médicale varie fortement d’un arrondissement à l’autre. Ce n’est pas nouveau, mais les variations ont tendance à croître et restent inexpliquées. Pourquoi plus de médicaments, plus d’hospitalisations, plus de radios, plus de soins de spécialistes dans tel arrondissement que dans tel autre? N’y a-t-il pas des soins inutiles? Trop d’actes peuvent aussi nuire à la santé. Ces variations interpellent et posent des questions de santé publique.

La carte géographique des consommations médicales 2012 vient d'être publiée par l’INAMI. Ce rapport montre comment les dépenses en soins de santé ont évolué localement sur la période 2008-2012. Ces dépenses peuvent aussi être comparées entre régions et arrondissements grâce à une méthode de standardisation. On peut alors mettre en parallèle des pommes avec des pommes (des aspects similaires). Cette analyse des données montre des variations étonnantes dans la consommation de soins.

Les dépenses en soins varient fortement

La comparaison des dépenses en soins de santé se base sur les soins consommés par chaque habitant d’une région ou d’un arrondissement. Peu importe où les soins ont été rendus. Ainsi, si un habitant de Nivelles est hospitalisé à Bruxelles, la dépense sera attribuée à l’arrondissement de Nivelles. Ce préalable étant entendu, pour comparer valablement les dépenses, il faut tenir compte de l’âge, du sexe et du statut social de chaque personne. Des dépenses élevées en soins sont normales si la population est âgée. Mais si les dépenses restent élevées après avoir considéré l’influence des facteurs tels que l’âge, le sexe et le statut social, alors on peut parler de surconsommation.

De Virton à Eeklo

Ainsi, après avoir tenu compte de tous ces facteurs, le coût total des soins consommés en 2012 varie de 2.038 euros par personne par an à Virton à 2.773 euros à Eeklo. Globalement, le coût total des soins est le plus élevé en Flandre, puis en Wallonie, et il est significativement plus bas à Bruxelles. La dépense hospitalière varie de 602 euros par personne par an à Verviers à 820 euros à Mouscron. Le coût pour les soins en institution psychiatrique varie de 44 euros par personne par an à Charleroi à 273 euros à Bruges. Des variations importantes sont constatées dans tous les secteurs de soins: consommation de médicaments, analyses de biologie clinique, radiologie, soins à domicile… Comment expliquer de telles variations?

Des différences qui posent question

Les variations des consommations médicales entre régions et entre arrondissements doivent interpeller les politiques, les prestataires de soins et la population. Une consommation de soins élevée peut tout d’abord être expliquée par une plus grande offre de soins. C’est le cas en Flandre pour les soins en hôpital psychiatrique, historiquement plus développés. Mais l'explication ne vaut pas justification. Car dans ce cas, l'offre historique pléthorique ne correspond plus à une politique de santé mentale moderne.

Autre exemple de variation interpellante: la consommation de soins ambulatoires est très basse à Bruxelles. Cet écart indique qu’en raison des coûts des soins et de la précarité, trop de Bruxellois reportent des soins essentiels de première ligne.

Poursuivons l'exploration des différences. Alors que notre moyenne nationale d’actes en radiologie est l’une des plus élevées d’Europe, certains arrondissements, surtout du côté francophone (comme celui de Mons), dépassent cette moyenne. Cette surconsommation en actes de radiologie augmente l’exposition aux rayons ionisants. Ce n’est pas bon pour la santé.

Les grandes disparités entre arrondissements en matière de consommation de médicaments ou d’analyses de biologie clinique indiquent aussi qu’il y a des prescriptions inutiles.

Face à ces variations de consommation et de pratiques, les patients peuvent se poser des questions : quelle est la bonne pratique ? Comment garantir que chaque décision est conduite sur la base des mêmes évidences scientifiques? Ce sont des questions de santé publique. D'autant que la surconsommation doit faire l'objet de notre vigilance. Aujourd’hui, l'excès de prescriptions d’antibiotiques, par exemple, a augmenté les risques de résistance aux antimicrobiens, au point que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) craint que de nombreuses maladies infectieuses ne puissent plus être maîtrisées et traitées.

Des constats à l’action

L’étude de l’INAMI sur les variations des consommations de soins et des pratiques médicales n’est pas nouvelle. Cela fait plus de 20 ans que ces variations sont étudiées et mises en évidence. Les rapports sont nombreux et toujours aussi interpellants. Pourtant, rien ne bouge. Ces rapports devraient être examinés en détail dans chaque secteur de soins. Ils devraient être davantage communiqués, notamment au sein des groupements locaux de prestataires. Ils devraient faire l’objet d’un suivi annuel pour noter les changements des pratiques. Ils devraient inciter les régions à réorienter et mieux programmer l’offre des soins.

Au moment où un nouveau gouvernement se formera, ces rapports pourront inspirer de nombreuses actions pour rendre notre système de soins plus efficace. Les différences géographiques en matière de dépenses médicales sont importantes. Elles sont la preuve que notre système de soins est perfectible. Un plan d’action s’impose pour réduire ces variations coûteuses à tout point de vue.

Jean Hermesse//Secrétaire général

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