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Éditorial (17 avril 2014)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© A-M Jadoul
L’opinion des Belges sur les soins de santé

À l’occasion du 50e anniversaire de l’assurance soins de santé invalidité obligatoire, l’Inami a mené une vaste enquête pour savoir comment les Belges évaluent les soins de santé: accessibilité, satisfaction, solidarité et maîtrise des coûts… Globalement, l’évaluation est positive. Il y a cependant quelques gros points d’insatisfaction. Autant de signaux à prendre en compte pour le prochain programme gouvernemental.

L’échantillon (2.200 personnes) peut être considéré comme représentatif de la population. Il est composé majoritairement, comme la population belge, de personnes en bonne santé ainsi que de personnes malades. En fait, 20% des personnes ayant répondu à l’enquête font une utilisation importante des soins de santé. L’avis exprimé reflète donc a priori celui de tout un chacun et pas uniquement celui des malades.

Large soutien à un système solidaire

Un premier ensemble de questions portait sur les valeurs et les principes fondateurs de notre système. Le soutien à une assurance obligatoire et universelle est particulièrement important. La grande majorité des répondants opte pour un financement solidaire proportionnel aux revenus, c’est-à-dire que les revenus élevés contribuent davantage. Une plus grande majorité encore rejette un système dual : assurance obligatoire pour les pauvres et assurance privée pour les autres. Ils estiment aussi qu’il n’y a pas lieu de moins rembourser ou de plus faire payer les gens pour des maladies ou accidents qui peuvent être attribués au style de vie (fumer, alimentation…) ou à des origines génétiques.

Peu de Belges estiment que la sécurité sociale freine la croissance économique. Ils pensent également qu'elle donne à tout le monde la chance de faire quelque chose de sa vie et rend l’existence plus libre et agréable. Au rang des constats positifs : les partisans du maintien du niveau actuel des indemnités d’invalidité ou d’une éventuelle augmentation d’impôts sont plus nombreux que les opposants. On constate, par ailleurs, un grand consensus pour taxer davantage le tabac, l’alcool et les produits contenant des colorants afin – notamment – d’en dissuader la consommation. Enfin, aux yeux des personnes interrogées, l’augmentation des coûts des soins est principalement due à des causes inévitables: augmentation continue du prix des médicaments, gros bénéfices de l’industrie médicale et vieillissement de la population. Les Belges soutiennent donc globalement un système d'assurance soins de santé solidaire et on peut s'en réjouir.

Insatisfaisant : le coût des soins et l’information

Un second ensemble de questions porte sur les expériences des sondés en termes d’accès, de satisfaction et d’expériences négatives par rapport aux soins. L’enquête confirme, encore une fois, que la part à charge des patients est élevée en Belgique (25% du coût total des soins) et pèse donc sur l’accès à ceux-ci. Ce coût est d’autant plus difficile à supporter que les personnes ont de faibles revenus et/ou sont gravement malades. Ainsi l’enquête confirme qu’un Belge sur dix a de grosses difficultés d’accès aux soins, reporte les soins ou s'endette en raison de frais médicaux élevés. Environ 18% des personnes doivent reporter les soins dentaires ou l’achat de lunettes. Près de 20% ont peur de tomber malade et de “basculer dans la pauvreté”.

Ce problème d’accès se reflète aussi dans le faible degré de satisfaction des Belges quant aux montants qu’ils déboursent eux-mêmes pour les soins. Et de pointer en particulier les coûts d’un traitement effectué par un spécialiste et à l’hôpital : factures d’hôpital incompréhensibles, sentiment d’avoir payé trop cher, attente trop longue pour un rendezvous… Cette insatisfaction n'est pas le signe d'un manque d'intérêt : une très grande majorité des personnes est demandeuse de pouvoir consulter par ordinateur, notamment, les informations sur le coût et la qualité des soins.

Fraude et rationalisations, des croyances populaires non fondées

Un troisième ensemble de questions sondait les croyances des répondants. Les avis ne sont donc pas formulés sur la base de connaissances ou d’études mais sur la base d’impressions, de rumeurs. Ainsi, alors que seulement 3% des répondants sont invalides, près de 60% croient que de nombreuses personnes sont en congé de maladie ou “sont sur la mutuelle” alors qu’elles pourraient travailler. Ils croient aussi qu’il y a trop peu de contrôles. En même temps, ils attribuent l’augmentation du nombre de personnes en incapacité de travail à l’augmentation de la pression du travail et au stress. En réalité, la croissance du nombre d’invalides est principalement imputable à la réduction des prépensions et à l’allongement des carrières… De plus, les contrôles ne manquent pas.

Les propositions visant à rationaliser les soins en vue de maîtriser les coûts rencontrent peu de soutien : passage par le généraliste pour le renvoi vers un spécialiste, rationalisation de l’offre hospitalière, responsabilisation plus importante du médecin dans ses prescriptions… La seule proposition recueillant un très large soutien est l’octroi du droit de substitution au pharmacien (c’est-àdire qu’il devrait toujours délivrer le médicament équivalent le moins cher). Ces croyances populaires montrent qu’un travail didactique s’avère indispensable. Il est nécessaire d'expliquer la situation en matière d’incapacité de travail. Plus généralement, il est nécessaire aussi de détailler le pourquoi et le comment des mesures à adopter pour adapter notre système de soins.

Les Belges, néerlandophones et francophones, soutiennent largement un système de soins solidaire, mais le coût des soins les inquiètent. Ils demandent plus d’informations et de transparence. Ils ont également besoin de plus d’explications sur le fonctionnement du système d’incapacité de travail et sur la nécessité de mesures de rationalisation. Voilà quelques enseignements pour rendre nos concitoyens plus satisfaits et convaincus par le système de soins de santé en vigueur dans notre pays.

Jean Hermesse//Secrétaire général

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