Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Éditorial (3 avril 2014)

Alda Greoli
//Secrétaire nationale
© A-M Jadoul
Co-construire le bien-être au long cours

Nous vivons de plus en plus longtemps, la nouvelle est bonne! Cela pose évidemment le défi des finances nécessaires au bien-être de tous. Mais cela demande surtout un modèle de société avec une place préparée, accordée et accompagnée pour cette quatrième – voire cinquième – partie de l'existence.

Si le vieillissement de la population est prévu de longue date, force est de constater que les mesures collectives tardent à être mises en oeuvre ou passent pour non-prioritaires. Le “fonds argenté” créé afin de prévenir les besoins en pensions et en investissements n'est plus alimenté par les moyens du budget fédéral. Les transferts de compétences vont voir, à politique inchangée, les moyens financiers manquer dans les maisons de repos ainsi que dans les soins et aides à domicile. Les débats sur la réforme fiscale et les réductions de cotisations sociales empruntent des chemins qui fragilisent encore la sécurité sociale et, par conséquent, les pensions et les revenus des aînés.

Pourtant, l'accompagnement du vieillissement est identifié comme un des marchés les plus prometteurs par les analystes européens. Ainsi l’Europe promeut la recherche, l’innovation et l'investissement dans les technologies nouvelles en particulier pour l’accompagnement des personnes dépendantes. C’est une excellente opportunité pour développer la qualité des services aux personnes vieillissantes. Mais attention, cette initiative européenne doit être mise en œuvre dans le cadre d’un projet d’organisation sociale et sociétale clarifié.

L'innovation au bénéfice de tous

Nous ne pouvons faire semblant d’ignorer les dangers de la fracture sociale. Une question se pose, en effet, avec acuité : celle de l’accessibilité financière pour l'ensemble de la population aux solutions innovantes. Quelles stratégies sociale, économique et politique mettre en place pour conduire à une meilleure cohésion sociale plutôt qu’à une plus grande dualisation entre les catégories socio-économiques de la population belge?

Cette question et bien d'autres étaient au cœur d'un colloque scientifique organisé par la plateforme CIS (Convergences pour l'innovation sociale), ce 27 mars dernier. Au pilotage, un groupement qui réunit le MOC, la CSC, la Mutualité chrétienne, l’Université de Namur et l’Université catholique de Louvain et sa chaire Max Bastin. Partageant les mêmes constats, la volonté des organisateurs était de travailler sur les pistes réalistes d'innovation, dans la co-construction, et avec la détermination forte de renforcer le lien social. Le souhait était aussi de rappeler que l’innovation et la technologie ne sont jamais que des outils qui viennent en appui de l'investissement humain. Elles ne peuvent s'envisager sans les solidarités familiales ou de proximité, sans l'apport de services organisés avec des travailleurs empreints d’une profonde humanité, sans la prise en compte des besoins, souhaits et projets de vie des personnes vieillissantes.

L'avenir technologique et surtout humain

Il est connu qu'une majeure partie de la population souhaite vieillir le plus longtemps possible chez elle, dans les meilleures conditions possibles et en sécurité tant physique que psychique.

Cela nécessite de penser aux solutions techniques (aménagement du territoire, adaptation des logements, possibilités technologiques…); mais surtout de penser aux aides humaines (familiales, bénévoles ou professionnelles…).

Les nouveaux aînés auront vécu dans une perception particulière de ce que sont la vie, l'histoire, l'immédiateté. Ils auront vécu dans une société où le jeunisme est une valeur, où le risque - pourtant certain - de mourir est nié, où la liberté individuelle se traduit par un cortège de responsabilisations solitaires, où le contact est quotidien avec les nouvelles technologies.

Dans notre société en profonde mutation, les solidarités de proximité ne sont plus aussi naturelles. Les actes d'entraide nécessitent du temps et, parfois, des moyens. Toute la population n'a pas cette capacité, cette liberté de se mettre à disposition. Souvent, faire le choix de soutenir ses parents, ses voisins… sous-entend de réduire son temps de travail (et donc ses revenus), de renoncer à d'autres activités. Penser les pistes de solutions pour demain, c'est donc, aussi, mettre en place les justes conditions des solidarités naturelles en termes de droits sociaux, de non pénalisation des carrières. Sans néanmoins sombrer dans la marchandisation des relations familiales ou de proximité.

Dans l'avenir, il est certain que les moyens financiers publics de soutien aux projets vont se réduire et que les investissements vont devoir encore plus se diversifier. Ainsi, l'innovation va jouer un rôle essentiel pour inventer de nouvelles solutions. On le voit dans le champ du maintien à domicile. Petit à petit se mettent en place des formes alternatives de logement comme les habitats kangourou, les projets tels “1toit2ages”, etc. Se déploient aussi des services tels les gardes à domicile...

Mais ces nouvelles formes d’habitat se heurtent actuellement aux pièges sociaux. En effet, certaines personnes pourraient voir leurs revenus largement diminuer par le fait d'accueillir un jeune chez eux. Certaines familles percevant des allocations sociales ne peuvent accueillir une maman âgée, de peur de voir suspendre ou diminuer leurs maigres revenus... Ainsi, l'individualisation des droits est à mettre à l'ordre du jour de l'agenda politique et social. Elle nécessite un vrai débat, car elle ne peut pas conduire à plus de pauvreté par l'abaissement répété des allocations.

Le vieillissement de la population nous oblige à oser penser l’avenir à plus long terme qu'une législature ou une élection. Il est nécessaire de le faire vraiment et autrement que par de simples slogans électoraux!

Alda Greoli//Secrétaire nationale

Réagir à cet article

Retour à l'index

Editoriaux 2013

Editoriaux 2012

Editoriaux 2011

Editoriaux 2010

Editoriaux 2009

Editoriaux 2008

Editoriaux 2007

haut de page