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Éditorial (23 janvier 2014)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© A-M Jadoul
La politique de santé en jeu

En vue des élections du 25 mai prochain, chaque parti peaufine son programme formulant un projet politique avec ses priorités. Le moment semble propice pour donner à (ré)entendre les craintes et revendications de la Mutualité chrétienne (MC). Les enjeux d'avenir pour la santé sont en effet d'importance.

Le budget de la sécurité sociale est mis sous pression. Le vieillissement va en s’accélérant. Les maladies chroniques se multiplient et touchent une population croissante. Pour faire face à ces défis et préserver la qualité ainsi que l’accessibilité du système de soins belge, nous aurons besoin d’une politique de santé volontariste. La MC a regroupé ses propositions dans un mémorandum politique. Elles s'articulent autour de cinq grands axes.

1. Garantir un financement stable et solidaire

L’équilibre des finances publiques et la lutte contre le chômage seront au centre des priorités du prochain gouvernement fédéral, quelle que soit sa composition. En effet, en ratifiant le Traité européen de stabilité fin 2013, la Belgique s’est engagée à atteindre l’équilibre des finances publiques d’ici 2018, soit à consentir un effort de 8 à 9 milliards d'euros ! Parallèlement, afin d’encourager l’emploi, tous les partis proposent de réduire sérieusement le coût du travail en diminuant les cotisations sociales. Cette mesure induira moins de recettes pour la sécurité sociale. Nous craignons alors un sérieux recul de la couverture des soins et la privatisation via des assurances commerciales.

La MC propose une extension de la base de perception des cotisations sur l’ensemble des revenus. Tous (salaires, revenus immobiliers, actions, revenus financiers) devraient participer au maintien d’un système de santé solidaire accessible à tous. Ceux qui promettent monts et merveilles tout en sachant qu’un exercice budgétaire douloureux s’annonce doivent avoir le courage d’annoncer comment ils vont réduire notre sécurité sociale ou – s’ils veulent la maintenir – comment ils vont la financer. Nous demandons des discours “vérité”.

2. Maîtriser les dépenses par des mesures structurelles

Les dépenses en soins de santé ont été relativement maîtrisées ces dernières années, grâce à des mesures linéaires portant sur les prix et les tarifs. Celles-ci ne peuvent pas être poursuivies, car elles risquent d’entamer la qualité des soins. Nous proposons des mesures structurelles pour maîtriser la croissance des dépenses en soins de santé. Quelques exemples : revoir la technique de financement des hôpitaux pousse à la production d’actes, rééquilibrer la nomenclature trop favorable à certaines spécialités, responsabiliser davantage les médecins sur les volumes de prescriptions de médicaments et d’actes de radiologie, exiger plus de transparence sur les prix des médicaments et du matériel médical…

3. Adapter l’offre des soins à l’évolution des besoins

L’offre de soins en Belgique est en décalage par rapport à l’évolution des besoins. Le vieillissement de la population (800.000 personnes de plus de 65 ans d’ici 2030) et la multiplication des maladies chroniques (diabète, cancer, dépression, Alzheimer…) nécessitent plus de soins (soins à domicile, psychothérapies, services de convalescence, de revalidation...).

L’évolution des techniques médicales moins invasives permet aussi de soigner en hôpital de jour, de diminuer les durées de séjour. Ainsi le nombre de lits hospitaliers pourrait être réduit. En adaptant la capacité hospitalière aigue, nous pouvons réinvestir dans les soins qui permettent le maintien à domicile, dans les services de convalescence, dans la structuration de la première ligne.

D'autres pays ont déjà pratiqué cette conversion. Alors que nous avons encore en Belgique 4,1 lits en hôpital aigu par 1.000 habitants, ce nombre est de 3,3 aux Pays-Bas, 2,9 au Danemark et 3,4 en France.

Si nous n’investissons pas dans les services chroniques par des moyens publics et solidaires, les soins chroniques seront privatisés et risquent de n'être réservés qu'aux riches.

4. Améliorer l’accès aux soins de qualité pour tous

Les comparaisons internationales des systèmes des soins de santé montrent qu’en Belgique les patients paient une part importante du coût des soins, près de 25%. Les enquêtes menées auprès de la population le confirment : les personnes à faible revenu reportent ou renoncent à certains soins. Améliorer l’accès aux soins est essentiel pour réduire les inégalités de santé. Pour ce faire, nous proposons, entre autres, d'augmenter le nombre de médecins conventionnés par une convention plus attractive et de limiter les suppléments d’honoraires en chambre à un lit. Nous proposons aussi d’intégrer dans l’assurance soins de santé obligatoire la formule de l’Hospi solidaire, de manière à garantir à chaque Belge que sa facture à l’hôpital en chambre à deux lits ne dépasse jamais 200 euros. Le coût global de cette intégration solidaire sera bien moins élevé que les primes individuelles payées aujourd’hui pour des assurances facultatives.

5. Accorder au mieux les politiques fédérales et régionales de santé

La 6e réforme de l'Etat entrera en vigueur au 1er juillet 2014. Les Régions et Communautés auront à décider en matière de maisons de repos et de soins, de centres de revalidation, d'investissements hospitaliers, de remboursement de vaccins, d'aide aux personnes âgées (APA) … Mener une politique de santé en Belgique deviendra plus complexe et nécessitera davantage de coordination entre les différents niveaux de pouvoir. La première préoccupation de la MC est d’assurer la continuité des services tant pour les patients que pour les institutions. Nous plaidons donc pour donner suffisamment de temps aux Régions et Communautés pour s’organiser et se concerter avec le Fédéral. Nous plaidons aussi pour une structure de gouvernance simple et transparente. Réussir le transfert des compétences en sécurité sociale, sans heurts ni malheur, nécessitera beaucoup de courage et de volonté politique.

Le système belge de santé est face à des défis budgétaires, structurels, institutionnels, qualitatifs. Nous avons les moyens de les relever. Nous formulons d'ailleurs des propositions en ce sens et invitons les partis politiques à se positionner clairement face à ces défis pour maintenir l’excellence de notre sécurité sociale.

Jean Hermesse//Secrétaire général

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