Éditorial
(19 novembre 2009)
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Les prothèse de hanche, ça marche vraiment ?
La Mutualité chrétienne
s’engage pour la qualité!
En
2000, nous avions montré que selon l’hôpital où l’intervention chirurgicale
est pratiquée, la durée de vie de la prothèse de hanche variait de manière
importante. Dix ans plus tard, nous avons refait le même type d’étude (voir
lien ci-dessus). Nous constatons que la qualité augmente partout mais de
grandes différences subsistent. La qualité des soins peut donc encore être
améliorée sans que cela coûte plus cher.
Les
études internationales l’attestent, les Belges sont très satisfaits de leur
système de soins de santé: pas de liste d’attente, liberté de choix et bonne
accessibilité. Cette satisfaction exprimée par les habitants est bien sûr
subjective, mais la qualité des soins peut aussi être mesurée de manière
objective: les patients sont-ils guéris? Quelle est leur durée de survie?
Ont-ils dû être réadmis? La qualité des soins est alors menée en terme de
résultats. Ainsi, pour la prothèse de hanche, l’indicateur d’efficacité est
sa durée de survie: après combien d’année a-t-il fallu la remplacer? Les
résultats de notre étude sur ce taux de survie – portant sur plus de 50.000
patients – sont étonnants: l’implant neuf et plus cher n’est pas
nécessairement de meilleure qualité.
Le neuf n’est pas
forcément meilleur
La médecine évolue sans
cesse et réalise d’indéniables progrès. Globalement, notre étude montre en
effet que la durée de vie des prothèses de hanche s’est améliorée mais,
entre les types de prothèses, on note aussi de sérieuses différences. Ainsi
les prothèses cimentées donnent de meilleurs résultats en matière de durée
de vie que les non cimentées. Et elles sont par ailleurs moins chères, tant
pour l’assurance soins de santé que pour le patient. Ces résultats sont
confirmés par des études similaires réalisées à l’étranger. Notre étude
montre aussi l’utilisation d’un très grand nombre de matériaux différents,
alors qu’il n’existe souvent pas de résultats à long terme au niveau de leur
efficacité et de leur sécurité.
Toute innovation médicale ne constitue pas d’office un progrès de
qualité de vie. |
Cet exemple illustre que
toute innovation médicale – en général plus coûteuse – ne constitue pas
d’office un progrès en termes de service et de qualité de vie. Une
évaluation objective sur une période suffisamment longue devrait précéder la
diffusion et l’utilisation large de toute nouveauté médicale. La diffusion
des nouvelles technologies devrait faire l’objet d’une politique prudente
basée sur un protocole d’évaluation transparent et formel.
La régulation de l’offre permet d’améliorer la qualité des
soins
Grâce à l’offre
abondante en médecins, pharmacies, hôpitaux, appareillages médicaux, centres
spécialisés,… les patients ont le choix et ne doivent pas faire face à une
longue liste d’attente. Ils peuvent souvent être soignés près de chez eux
car les hôpitaux, nombreux, offrent presque tous les services et
traitements. Mais est-ce bien raisonnable? La proximité et l’accessibilité
des soins, appréciées par les patients, vont-elles aussi de pair avec la
qualité?
En effet, si tous les
services sont offerts dans tous les hôpitaux, cet éparpillement réduit le
nombre d’interventions par hôpital et par médecin. Or l’expérience est un
facteur déterminant pour atteindre une bonne pratique médicale.
Notre étude sur les
prothèses de hanche le démontre : moins un médecin effectue d’interventions
par an, plus le risque de devoir remplacer la prothèse est élevé. Si le
médecin effectue moins de six interventions par an, le patient court un
risque de révision plus élevé de 54% par rapport à un médecin qui effectue
plus de 20 interventions par an. En limitant le nombre de centres
hospitaliers où l’on pose des prothèses de hanche, on pourrait donc
améliorer encore le taux de survie des prothèses. La régulation de l’offre
ou encore la programmation des services médicaux spécialisés réduiront sans
doute la proximité des services mais augmenteront sans aucun doute la
qualité. Avec les mêmes moyens financiers, on peut atteindre de meilleurs
résultats.
Les orthopédistes s’engagent
à améliorer la qualité dans
les hôpitaux moins performants
Déjà en l’an 2000,
l’étude de la Mutualité chrétienne (MC) avait montré de grandes différences
de qualité entre les hôpitaux. Dix ans plus tard, celles-ci persistent.
Présentés et discutés aux sociétés scientifiques d’orthopédistes, ces
résultats n’ont pas été mis en cause. Mais, plutôt que de publier la liste
des ‘bons’ et ‘mauvais’ hôpitaux, nous avons obtenu des orthopédistes, tant
en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, qu’ils s’engagent avec la MC à
discuter ces résultats avec les équipes hospitalières, de façon à mener des
actions concrètes visant à améliorer les résultats partout. Cela peut passer
notamment par des visites de terrain et des projets de collaboration entre
hôpitaux. Nous veillerons à ce que cet engagement soit suivi. Ainsi, nous
espérons augmenter le taux de survie des prothèses de hanche dans les
hôpitaux moins performants.
Etant donné la
complexité des analyses et des situations individuelles, nous recommandons
aux membres qui cherchent un conseil de prendre contact avec le
médecin-conseil de leur mutualité.
Le laisser faire des
innovations médicales, la liberté totale des choix thérapeutiques et la
diffusion sans contraintes des services spécialisés sont-elles la garantie
de soins de qualité? Non. L’étude de la MC sur la survie des prothèses de
hanche le prouve. En régulant le choix des matériaux implantés, de l’offre
de soins et des prix, on peut atteindre un résultat de meilleure qualité
avec les mêmes moyens. Réguler le système des soins pour améliorer la
qualité, c’est une responsabilité politique.
Jean
Hermesse
Secrétaire général
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