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Retraite synonyme de retraits?

D’une enquête auprès de ses volontaires, l’UCP – mouvement social des aînés, partenaire de la Mutualité chrétienne – a récolté le matériel pour dresser à gros traits leur portrait (1). Pas de retraite pour l’engagement, disent-ils.

Ce n’est pas la retraite qui, comme l’entame d’une nouvelle vie, marquerait l’entrée du plus de 60 ans dans le volontariat. On imagine pourtant – peut-être un peu trop rapidement – cet archétype du tout frais retraité, en quête d’occupations, noyé dans un temps qui subitement s’offre à lui, isolé et à la recherche d’un sens à sa vie jusque là toute emplie de ses missions professionnelles. On l’imagine – toujours trop rapidement – pourchassant les lieux où il peut se rendre utile, saoulé par les mois de repos auxquels il aspirait avec tant d’impatience, mais qui décidément le confronte à beaucoup trop de vides. Peut-être celui-ci – ou un autre approchant – existe-t-il. Mais, assurément, la majorité des plus de 60 ans ne semble pas vraiment en proie à cette transition brutale. L’engagement volontaire est ancré en lui, en elle, en eux, de longue date. Comme une habitude, une tradition personnelle, voire familiale. C’est alors un autre archétype qui se dévoile. Le chef scout de 18 ans, qui en a 70 aujourd’hui et n’a jamais cessé de : là, donner un coup de main pour la vie locale de son bled ; ici, entrer dans l’association de parents ; là encore, assurer la comptabilité du club de foot ou tenir la buvette ; ici, consacrer quelques heures au transport de malades… Le bénévolat se poursuit tant que l’état de santé le permet, tant que se déplacer n’est pas une galère, tant que les relations au sein de l’association sont bonnes et que les obligations familiales ne contraignent pas à réduire ce temps pour le volontariat.

 

Autre constat : entre l’intérêt pour soi et le don à l’autre, il y a comme une relation fusionnelle. Et dans les raisons qui poussent à poursuivre un engagement volontaire, on ne peut déterminer ce qui prime, de l’empathie active pour l’autre ou de l’attention à son bien-être personnel. C’est un peu comme la poule et l’œuf. On peut, peut-être, y voir une réconciliation entre la tendance individualiste du chacun pour soi et la perspective solidaire du tous pour chacun. Voilà ce que révèle entre autres  l’enquête de l’UCP.

 

Réhabiliter le retraité

A y être plus attentif, cet apport gratuit à autrui souffre de peu de reconnaissance, à l’heure où l’avancée en âge est souvent perçue comme un problème. Certes, l’Europe exhorte à un “vieillissement actif”, mais sur le terrain du marché du travail, pour diminuer la charge des ‘non-actifs’ que représentent les retraités en croissance. En dehors du boulot, la disgrâce frappe ces “machines obsolètes en bout de parcours”, ces “consommateurs incontinents”, ces “parasites sociaux n’ayant pas eu la pudeur de s’éclipser au moment opportun”(2). Les traits sont grossiers! “Il faut reconnaître un rôle social d’animation de la communauté, même après le passage à la retraite qui ne doit plus être considéré comme un retrait de la vie collective, mais comme une phase nouvelle de participation active, corrige le démographe Michel Loriaux (2). C’est là une condition indispensable pour la réhabilitation du troisième âge”. Pour cet inventeur du concept de “géritude”, le potentiel de ressources chez les aînés est énorme. Et pas seulement par leur patrimoine financier, si souvent incriminé – parfois à raison, parfois à tort – tant une grande diversité de fortunes marque les aînés. Mais surtout en termes d’expérience, de connaissances, de savoir-faire.

 

Corporatisme de seniors

Dans une lettre ouverte au “quatrième âge”, l’éditorialiste français Patrick de Saint-Exupéry(3) entend inciter “ses vieux” – dans un mélange de tendresse et de bousculade – à écouter ce que les responsables politiques d’aujourd’hui disent à leurs enfants, à leurs petits enfants, à leurs arrières petits enfants… “Rien”, constate-t-il de lui-même. Et de poursuivre à l’adresse de ses lecteurs âgés : “Vous êtes au cœur de leur discours et de leurs pensées. (…) Vous avez travaillé et gagné le droit de vous reposer. Nul ne le conteste. Ce que je discute aujourd’hui, ce dont nous devons discuter ensemble, c’est l’importance qu’il faut vous accorder. Vous chérir, vous visiter, vous soigner, vous écouter : oh oui ! Mais vous ne pouvez pas donner le ‘la’ de la vie politique. Un avenir ne s’écrit pas au ‘quatrième âge’.” Et d’attendre un geste de “ses vieux”, celui de l’enfant pour son bateau au bord de l’étang, semblant lui dire “va, vis ta vie et deviens”.

 

Autre éditorialiste, autre suggestion : dans le Monde, Sylvie Kauffmann interroge : “La solution viendrait-elle du droit de vote à 16 ans, qui contrebalancerait le poids démographique des seniors?” Entre les générations, on le lit, c’est toute une affaire. Au-delà de l’écart d’âge, les attentes, les valeurs et les cultures seraient en voie d’éloignement. Entre zéro et cent ans, il y en a en effet quatre, cinq voire six générations qu’un exercice d’équilibriste devrait tenter de ménager. A l’horizon de nos vieux jours, pointent malheureusement le scénario de l’affrontement entre les générations (où les digues de la solidarité sont rompues) ou le scénario de l’enlisement (où le vieillissement est subi). D’autres plaident pour une troisième voie de l’épanouissement, du vieillissement radieux où l’intergénérationnel prend tout son sens. Utopie!, diront certains.

 

Du début à la fin

Et des anthropologues de relativiser nos catégorisations elles-mêmes. Si, pour l’occidental moyen, le troisième âge évoque la retraite, la pension, les maisons de repos, les universités du troisième âge, les infirmités croissantes, les visites aux petits-enfants…, rien de tout cela n’apparaît aux yeux des cultures non occidentales. “La plupart des cultures africaines n’ont tout simplement pas de mots pour dire notre chose ‘vieillissement’, raconte Michaël Singleton. Dans l’Afrique que j’ai connue, “Mzee”, traduit pourtant par vieux, voulait dire non pas tant ancien qu’aîné, voire tout simplement notable, respectable, responsable… d’où le fait qu’en dépit de mes vingt ans, on me traitait de vieux/mzee”. L’invitation est lancée : entendre la diversité et - qui sait – non pas reproduire un modèle venu d’ailleurs mais modifier notre point de vue. Considérer que la vie à mi-chemin – l’âge adulte – est l’apothéose de l’épanouissement mène à l’impasse. “On n’est pas moins humain quand on est jeune, ni plus humain quand on est vieux, on est plus ou moins humain du début jusqu’à la fin” (4).

//Catherine Daloze

 

 

(1) Les détails de l’enquête et l’analyse des résultats sont publiés dans la revue “Balises”, n°33, avril 2011 – téléchargeable sur www.ucp-asbl.be  ou disponible au 02/246.46.72.

(2) “Entre le catastrophisme annoncé et l’euphorie de la géritude, une troisième voie est-elle possible?”, article paru dans le dossier “Vieillirons-nous bien ensemble ?” de La Revue nouvelle, mai-juin 2011.

(3) Dossier “Nos meilleurs vieux”, dans la revue XXI,n°14, printemps 2011.

(4) Michaël Singleton, “Devenir vieux - ailleurs et autrement”, Document de travail SPED n°16, juin 2002.

 


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