Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

A suivre... (21 octobre 2010)

 

Un sourire pour la photo?

Installés côte à côte auprès du professeur titulaire, alignés petits devant et grands derrière, la traditionnelle photo de classe nous a tous figés dans nos jeunes années. Elle fait fureur aujourd'hui pour les amateurs du site “les copains d'avant” ou pour les usagers du “marquage” sur Facebook (1) à la recherche de leurs camarades d'antan. Elle a aussi attiré la curiosité de chercheurs, constituant une véritable base d'analyse.

Ainsi, des scientifiques se sont mis à “comparer la tête que l'on adopte sur la photo de classe avec le destin que l'on va ensuite rencontrer”, explique le psychiatre français Christophe André (2). “Drôle d'idée!”, remarque d'entrée ce décrypteur du bonheur. Mais comme il n'existe pas de questions absurdes en sciences…, il poursuit en livrant les conclusions de cette étude américaine, menée à partir des photos prises en 1958 et 1960 de cent quarante et une étudiantes d'environ 20 ans à l'époque.

© Nightmaro/BELPRESS

A 27 ans, à 43 ans et à 52 ans, les anciennes étudiantes ont été sondées. Conclusion: le sourire sur la photo serait un assez bon prédicteur de la propension au bonheur, les souriantes témoignant par la suite de leur sentiment de vie heureuse. Ceci dans la moyenne bien entendu, car on remarquera que “certaines bougonnes avaient fini heureuses, et certaines souriantes, malheureuses”.

Ouf, pas de déterminisme absolu! Pas trop d'angoisse, alors, à aller vérifier la mine dont nous nous étions affublées lors de ce cérémonial annuel. Affublées? Oui, l'étude ne vaut que pour les jeunes filles.

Voilà des constats qui portent assurément à sourire. Mais ils illustrent à merveilles une idée bien plus fondamentale que Christophe André développe: “le sourire n'est pas seulement le marqueur, qui exprime que l'on va bien, il est aussi un inducteur, qui nous fait aller bien ou légèrement mieux”. Sourire attirerait de bonnes choses, comme marcher mettrait de meilleure humeur.

Attention, on parle bien ici de “vrais sourires”. Du sourire dit de Duchenne, en référence au neurologue français du XIXème siècle, à ne pas confondre avec le sourire plaqué ou faux. La distinction se marquerait par les muscles actifs pour ébaucher les différents sourires. La participation des muscles autour des yeux révèlerait une véritable émotion positive, tandis que le sourire de circonstances se contenterait des seuls – mais néanmoins fameux – zygomatiques autour de la bouche.

Bon rieurs, activez donc vos péri-orbitaux.

 

Tout n’est pas rose

Autre étude évoquée par Christophe André dans ses chapitres consacrés aux petits détails où repose le bonheur: une recherche menée auprès de veuves et de veufs. Une étude qu'il qualifie cette fois de “belle et touchante”.  Les personnes veuves depuis peu (en moyenne 6 mois) qui arrivent à sourire – sincèrement – en évoquant leur conjoint disparu seront souvent “celles qui se seront mieux remises deux ans plus tard”. Malgré la tristesse, la douleur de l'absence, sans doute savent-elles se souvenir des bons moments, du bonheur partagé et ainsi vivre des “états d'âme” aux accents plus positifs.

 

Douleurs et douceurs

Les états d’âme, Christophe André les examine. Car ces mélanges subtils d’émotions et de pensées accompagnent tous les moments de notre vie. Ils “peuvent nous aider à aller mieux et à élargir nos horizons : à devenir plus lucides, plus sages et même plus heureux”.

Curiosité, sérénité, inquiétude, tristesse, douceur, confiance, ressentiment… : il en va des états d’âme a priori positifs comme des négatifs ou mixtes. L’objectif n’est pas d’évacuer de notre vie nos états d’âme négatifs, mais de veiller à un équilibre – d’après les théoriciens : deux tiers de positifs pour un tiers de négatifs. Une manière de combiner “l’énergie” des uns avec la “vigilance” des autres. Parce que, comme le rappelle le psychiatre, des états d’âme perçus comme a priori négatifs ont aussi leur utilité: “l’inquiétude qui nous ouvre les yeux, la colère qui nous pousse à agir, la tristesse qui nous force à réfléchir, le désespoir qui nous rappelle le sens de la vie”.

Prendre soin des uns comme des autres, en évitant qu’ils prennent le pouvoir et ne dominent nos vies, c’est accéder à une meilleure connaissance de soi, une meilleure “intelligence de soi”.

 

C’est contagieux

“Il n’y a pas qu’avec notre âme que nous pouvons agir sur nos états d’âme : nous pouvons aussi le faire avec notre corps, ou avec d’autres âmes, en nous appuyant sur le lien social”. Ainsi sans tomber dans la dictature du bonheur obligé, sans nous contenter des bonheurs matérialistes que l’on nous vend, savourons les sourires qui nous viennent, profitons de la contagion qui les caractérise.

// Catherine Daloze

 

(1) Technique d'identification qui pointe sur une photo un individu et établit un lien avec le profil détaillé de la personne.

(2) Christophe André, "Les états d'âme. Un apprentissage de la sérénité", éd. Odile Jacob, mars 2009. Voir aussi www.emergences-asbl.org


Réagir à cet article

Retour à l'index

A suivre 2010

A suivre 2009

A suivre 2008

A suivre 2007

haut de page