A suivre...
(3 mai 2007)
Pour un élargissement
de la sécurité sociale
Qui n'est pas
pour la solidarité? Voilà bien une valeur qui semble indiscutable. D'autant
plus que celle-ci s'est imposée comme le fondement de l'Etat social en
Europe, avec des variantes anglo-saxonnes, continentales ou libérales. Et
pourtant, que d'écarts entre l'affirmation des principes moraux de la
solidarité et les conditions réelles de leur application.
D'élections
en élections, les mouvements sociaux, comme le MOC, ne cessent d'établir le
bilan des avancées de la solidarité comme des reculs. Une fois de plus, le
10 juin prochain, la principale préoccupation du MOC (coupole des
organisations sociales d'inspiration chrétienne) est certainement l'avenir
de la sécurité sociale. Lors de la clôture de la récente 85ème semaine
Sociale Wallonie-Bruxelles du MOC consacrée au développement et à la
mondialisation, son président, Thierry Jacques, a fait part de ses
préoccupations.
Une offensive solidaire
Certes, dit-il, la sécurité
sociale se porte bien. Son budget est en équilibre et présente des bonis,
“toutefois, nous ne pouvons nous contenter de cela”. Du côté patronal on n'a
de cesse de revendiquer de nouvelles baisses de cotisations sociales, au nom
de la compétitivité, et les libéraux n’abandonneront pas de sitôt leur
volonté “de privatiser toujours plus de prestations sociales en confiant des
pans entiers de la protection sociale au marché, via les assurances privées…
rejoints en cela, non par l’Europe, mais par la très libérale Commission
européenne”. Ensuite, même si notre protection sociale est de qualité, elle
présente encore des lacunes: nos pensions, par exemple, sont les plus basses
de l’Union européenne et le niveau moyen des allocations sociales est tel
que beaucoup d’allocataires sociaux basculent rapidement dans la pauvreté.
“Il nous faut mettre en place
une offensive solidaire pour
renforcer et élargir la sécurité sociale, dans ses dimensions de solidarité
et d'accessibilité maximale”.
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Face à cette situation, explique
Thierry Jacques, certains préconisent de “maintenir le système de manière
minimale” et d’encourager les citoyens à se porter vers les 2ème
et 3ème piliers de pension , de prendre des assurances hospitalisation
personnelles… “réservant à terme la sécu à des minimas pour tous les autres:
c’est le choix du libéralisme compassionnel”.
Le choix du MOC est tout autre.
Il nous faut, affirme son président, mettre en place "une offensive
solidaire pour renforcer et élargir la sécurité sociale, dans ses dimensions
de solidarité et d'accessibilité maximale… La sécurité sociale doit être
durable, et pour cela, elle a besoin d'un financement durable." Tous les
revenus doivent y contribuer et l'instauration d'une cotisation sociale
généralisée est un passage incontournable pour assurer l'avenir de la
Sécurité sociale.
Le MOC veut que "la sécurité
sociale s'élargisse et s'adapte à l'évolution des situations et des besoins
sociaux. Car la sécurité sociale doit s'entendre au sens le plus large,
comme "celui de la sécurité d'existence pour chacun et aussi celui de
l'émancipation et de la participation de tous à la société et du meilleur
épanouissement personnel dans un grand bien-être collectif." Il est ainsi
des droits qui restent aujourd'hui largement virtuels comme l'accueil des
enfants, le droit à l'autonomie, le congé éducation payé. Quant au plan
d'activation des chômeurs, celui-ci "n'a à peu près servi à rien" mais, ce
qui est sûr, c'est qu'il a ajouté "de l'inégalité parmi les personnes
privées d'emploi puisque ce sont les plus fragilisés qui ont le plus de mal
à justifier leur situation et se retrouvent les plus sanctionnés."
En réponse au sort des "sans-papier", parce que le MOC attend d'un Etat
démocratique qu'il reconnaisse et assure le droit des personnes à vivre dans
la dignité, il réclame "avec force du prochain gouvernement qu'il inscrive
dans son accord de majorité la décision d'apporter une vraie réponse à tous
ceux que l'on appelle les "sans-papier", qui ont rejoint notre pays en
espérant un avenir meilleur et qui attendent depuis plusieurs années une
régularisation de leur situation". Pour cela, il faut mettre en œuvre une
procédure permanente et des critères clairs, sous la haute responsabilité
d'une commission indépendante du ministre de l'intérieur.
Thierry Jacques s'est également
montré offensif sur le terrain de la santé où, dit-il, il faut utiliser les
bonis actuels pour élargir la couverture en assurance obligatoire, comme l'a
montré la Mutualité chrétienne avec son assurance hospitalisation: l'Hospi
solidaire: "Pourquoi ne pas généraliser le système et l'intégrer dans
l'assurance obligatoire pour tous les bénéficiaires?" comme le propose Jean
Hermesse, secrétaire général de la Mutualité chrétienne? (1)
Pas de velléité communautaire
Le président du MOC devait encore
dénoncer les "trucs et ficelles" auxquels n'a cessé de recourir le
Gouvernement fédéral afin de présenter un budget en équilibre. Une fiscalité
sociale devrait poursuivre deux objectifs: l'égalité, c'est-à-dire une plus
juste répartition des richesses par une contribution des revenus échappant
aujourd'hui à l'impôt, et un mode de consommation plus respectueux de
l'environnement.
Sur le plan institutionnel, le
MOC a pris clairement position contre toute velléité de scission
communautaire: "Une scission de l'assurance santé conduirait les deux
Communautés à une évolution similaire et dramatique pour la grande majorité
de la population : la privatisation. Une scission de la politique de
l'emploi reviendrait à toucher à la sécurité sociale, premier pilier de la
société fédérale". Derrière des affirmations tranquilles de meilleure
gestion se dissimulent en réalité une volonté idéologique.
“Pour restaurer une démocratie
vivante, chacun doit jouer son rôle, affirme Thierry Jacques. Aux
mandataires politiques de prendre leurs responsabilités… Aux associations
volontaires et aux mouvements sociaux de vivifier la démocratie
participative et le débat citoyen.” Aussi le MOC attend-il des partis
politiques qu'ils prennent davantage en compte la société civile organisée
et les mouvements sociaux.
CVR
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(1) Lire l’éditorial de Jean
Hermesse :
“L’hôpital doit être accessible à tous!” (En Marche - 1er
février2007).
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