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Vie Quotidienne (20 septembre 2012)


>> Lire également : Les oubliés de l’isoloir

Dans ce dossier :

Le pouvoir local tout proche, mais de quel citoyen ?

© Jan Van de Vel/REPORTERS

Le 14 octobre approche à grands pas et, avec cette date, le moment symbolique d’un des plus beaux défis de la démocratie : les élections au niveau local. Elles présentent l’avantage de la proximité entre électeurs et élus. Elles en possèdent les inconvénients aussi.

La gestion d’une commune ou d’un CPAS fait, sans aucun doute, partie des plus beaux projets d’investissements politiques. Le candidat vit et se veut proche de ses concitoyens. Les questions posées sont directement en lien avec la vie quotidienne. Les décisions peuvent montrer rapidement leurs effets. Leur mise en œuvre dans le concret de la vie communale profite d’une grande visibilité. Pour un candidat qui s’engage, la commune est souvent un lieu d’épanouissement politique satisfaisant, à échelle humaine.

La volonté qui anime la plupart de ces candidats locaux est de s’investir dans ce qui préoccupe les citoyens. L’échelon communal permet de veiller au bien-être en matière d’aménagement du territoire, de qualité de vie au quotidien ; il permet de soutenir des projets à dimension sociale : une maison de repos, une crèche, une école, une association locale ; il pèse sur l’environnement direct des électeurs, sur leur habitat ; il est à l’écoute des commerçants et des entrepreneurs locaux…. Bref, la gestion communale traite d’un tas de sujets au plus proche des citoyens, et donne autant d’occasions de mener une politique centrée sur le bien-être de la population. C’est la face ensoleillée de la médaille de l’engagement !

Au-delà des partis

L’échelon communal est également celui où les listes non marquées du logo d’un parti sont les plus nombreuses. Certains expriment ainsi leur volonté de dépasser les frontières et orientations philosophiques et partisanes, de rassembler des hommes et des femmes qui ne veulent pas mettre en avant leurs convictions philosophiques ou politiques nationales mais bien un projet pour leur commune. Souvent les mandataires communaux ont d’ailleurs l’impression que les politiques qu’ils mettent en place sont moins marquées par la ligne d’un parti qu’aux autres niveaux de pouvoir. Mais attention, les listes dites d’intérêts communaux sont parfois aussi composées de la juxtaposition d’intérêts ou de projets personnels. Et le compromis de lignes politiques y est parfois plus difficile à réaliser. Qu’on le veuille ou non, toute décision politique est marquée par une orientation de philosophie politique, et les clivages entre les visions de la société se retrouvent dans la manière de gérer toute question, fusse-t-elle celle de la propreté des trottoirs et de la manière de les entretenir…

Du côté du citoyen lambda, les élections communales ont ceci de particulier qu’il connait – la plupart du temps – les hommes et les femmes pour qui il va voter. Son choix sera davantage marqué par la qualité, la connaissance ou la reconnaissance des candidats que par la ligne politique d’une liste. Et ce, d’autant plus lorsque le territoire communal est petit.

Intérêts collectifs et particuliers

La commune est donc le lieu de la démocratie où se retrouve une double proximité : celle des projets politiques et celle de la connaissance des personnes qui les portent. Est-ce toujours un avantage? Tout serait-il donc beau au paradis de la démocratie locale? Que nenni!

S’il est plaisant, utile et efficace de pouvoir parler à “ses” élus, il est difficile pour eux d’opérer la différence entre l’intérêt général et la pression d’une connaissance croisée dans la rue et qui vous dépose “sa” préoccupation.

S’il est enivrant de pouvoir réaliser un projet de crèche, d’école ou de maison de repos communal, il est très difficile de ne pas privilégier ses projets personnels, sa plaque d’inauguration au regard des projets associatifs ou citoyens perçus comme concurrents.

Avez-vous déjà rencontré un élu communal ou un candidat à la boulangerie? Avez-vous déjà fait le tour d’une place communale ou d’un marché avec lui? Combien de revendications ou récriminations lui ont été exprimées? Et avez-vous analysé ses réponses? A combien de personnes a-t-il osé dire : “Ce n’est pas possible” ou “J’ai bien entendu et noté mais je dois analyser la question avant de me positionner”.

Tous, nous avons tendance à interpeller nos élus communaux avec nos problèmes parfois très ou trop personnels. Ayons le recul nécessaire entre nos intérêts et ceux de la communauté et aidons à faire progresser la démocratie au quotidien..

Le territoire communal est un vivier exceptionnel de la vie associative et de l’action collective : des associations soutiennent et défendent, au travers de pétitions, des projets pour répondre à un besoin collectif ; des associations momentanées de quartier se prononcent sur tel ou tel projet urbanistique, l’implantation d’une éolienne, la construction d’une école, l’extension d’une entreprise... Ces groupements de population participent à l’action citoyenne. Il existe aussi d’autres types d’actions collectives : les clubs sportifs, les mouvements de jeunesse, les pouvoirs organisateurs des écoles ou des maisons de repos associatives, les associations de commerçants ou de quartier, les écoles de devoirs, les associations proposant de l’accueil extrascolaire... Bref, des associations qui tentent d’apporter une réponse aux besoins des citoyens à côté de celles apportées par les pouvoirs publics ou par le secteur privé commercial. Oui, le cœur des communes bat aussi au rythme de celui de ces hommes et femmes qui se rassemblent.

Ce n’est pas pour rien que les mouvements sociaux comme le Mouvement ouvrier chrétien (Moc), Énéo ou Altéo ont investi très largement le terrain des élections communales pour y apporter leurs réflexions et revendications (lire ci-dessous).

La démocratie s’apparente à certains égards à la sécurité sociale : elle ne vit que parce que l’ensemble des citoyens la nourrit tous les jours et que nous sommes tous conscients qu’il faut l’entretenir et la consolider.

Chers candidats et candidates, ne nous promettez pas la Lune ! C’est parce que vous prenez vos responsabilités, que vous respectez les citoyens et les associations par un dialogue vrai que nous votons pour vous ! Bon vote le 14 octobre!

// ALDA GREOLI,
SECRÉTAIRE NATIONALE DE LA MC

Ensemble avec les personnes malades et handicapées

© Kris Pannecoucke/REPORTERS
Partir de la réalité et des besoins des personnes malades et handicapées! Tel a été le crédo d’Altéo – mouvement social de personnes malades, valides et handicapées – pour l’élaboration du cahier de revendications pour les prochaines élections communales.

Ce document(1) propose des dizaines d’actions concrètes que peuvent mettre en place les pouvoirs locaux. “Veiller à l’intégration des enfants ayant un handicap ou une maladie dans les écoles” ou encore “engager au moins 2,5% de personnes handicapées dans le personnel communal” sont deux exemples d’actions, sur les plus de 60 proposées. Tous les domaines de la vie communale sont abordés : de la culture – par exemple “instaurer une ‘clause d’accessibilité’ pour tout événement sportif ou culturel nécessitant l’autorisation de la commune” – à la mobilité : “libérer les trottoirs des occupations permanentes ou temporaires pour que les personnes handicapées puissent circuler facilement”.

Partir des besoins des personnes malades et handicapées n’est pas le seul gage de réussite de ce plan d’action. C’est surtout son élaboration avec les personnes concernées qui lui donne sa force. Plusieurs rencontres ont été nécessaires, ainsi qu’un processus d’explications et de débats pour construire et finaliser ce cahier de revendications. Cette manière d’élaborer les documents essentiels du Mouvement est la marque de fabrique d’Altéo : un processus qui permet à la personne malade et/ou handicapée de valoriser ses capacités, de renforcer son autonomie et de devenir citoyenne à part entière.

Mais élaborer un cahier de revendications n’est pas tout. Il s’agit à présent de le défendre et de le faire connaître aux candidats aux élections et aux édiles communaux. C’est pour cela qu’Altéo prévoit de nombreuses actions dans toute la Wallonie et à Bruxelles.

Altéo met tout en œuvre pour que ses demandes se traduisent en actes et ouvrent la voie à une société plus inclusive et ouverte à tous. D’où le slogan de sa campagne : “une commune où tout le monde est gagnant !”. A bon entendeur.

//SEBASTIÁN FRANCO,
ALTÉO

(1) Le cahier de revendications est disponible sur www.alteoasbl.be

Des citoyens à part entière

Voter, c’est faire acte de participation à la société et exprimer ses points de vue. C’est aussi, pour les personnes malades et handicapées, se rendre visibles en participant à cette journée citoyenne. C’est finalement exercer ses droits et obligations comme tout citoyen de ce pays.

Pourtant, l’accessibilité au vote reste problématique pour certaines personnes. Gérard Sylvestre, permanent Altéo et non-voyant l’exprime ainsi : “J’ai besoin d’une personne pour m’accompagner dans l’isoloir. Pour ce faire, je suis dans l’obligation de m’annoncer à la commune avant le 29 septembre. Je trouve cette procédure discriminatoire et inutile, c’est une sorte d’infantilisation. Je ne m’annoncerai donc pas et me rendrai directement au bureau de vote avec une personne de confiance. On verra bien ce qu’il se passera”.

A la Résidence Frère Mutien de Malonne, on a pris les devants. Depuis plusieurs années, Diane Nagant anime un projet visant à favoriser l’engagement citoyen des résidents, pour la plupart porteurs d’un handicap mental. Il s’agit de les informer tant sur les procédures de vote que sur les valeurs portées par les partis politiques. “La demande nous est venue des résidents eux-mêmes qui souhaitaient mieux comprendre le contexte des élections. Ils souhaitent également jouer un rôle dans ce processus et par leur participation avoir leur mot à dire dans les changements de la société. Ce projet c’est une manière de mettre en avant la personne handicapée et de favoriser son autonomie”.

Des bureaux de vote accessibles ?

En 2010, Altéo a mené une enquête sur l’accessibilité des bureaux de vote en Wallonie et à Bruxelles lors des élections fédérales. Les résultats montrent que même si la majorité des lieux sont jugés accessibles et que les membres des bureaux de vote sont généralement attentifs aux besoins des personnes malades et handicapées, il reste des points sur lesquels un effort doit être consenti. Par exemple, près de la moitié des bureaux de vote ne disposent pas de places de parking réservées aux personnes à mobilité réduite, et seul un tiers propose de chaises de repos dans la file d’attente. Près d’un bureau sur trois ne présente pas de signalétique adaptée (pictogrammes compréhensibles, taille des polices, couleurs…).

Altéo renouvèlera son enquête cette année afin d’identifier si des améliorations ont été réalisées ces deux dernières années. N’hésitez pas, d’ailleurs, à télécharger le questionnaire sur www.alteoasbl.be.

Les résultats de cette seconde enquête renforceront la campagne que mènera à une interpellation des décideurs politiques afin de leur rappeler que les personnes à mobilité réduite doivent être considérées comme des citoyens “à part entière” et non “entièrement à part”.

//SEBASTIÁN FRANCO,
ALTÉO

Trop vieux pour voter ? Allons donc !

Le politologue et les aînés

“Y a-t-il des questions?” Un silence de mort suit l’exposé du politologue, Geoffroy Matagne (ULg), venu expliquer le sens et les modalités du vote communal (électronique!) à une trentaine de résidents de Brunehaut. Le directeur rompt le malaise et répète, une fois de plus, que chaque personne, le 14 octobre, sera aidée individuellement. Et que les bureaux de vote sont adaptés aux handicaps. Deux dames de 84 ans sortent de leur mutisme. “Ca ne m’intéresse pas de voter!” “Les hommes politiques veulent juste remplir leurs portefeuilles”. Une troisième enchaîne : “On ne connaît plus personne, ni les partis. Où sont passés les Chrétiens, les Socialistes et tout ça?” La discussion s’engage. On sent le désarroi. Face au vote électronique mais, plus fondamentalement, face à ce monde qui ne cesse de changer: le nom des élus, celui des partis, la fusion des communes, cette politique à laquelle on ne comprend plus rien. “Il a fallu trois ans (sic) pour former un gouvernement. Alors, à quoi ça sert de voter?”Un autre : “Parler de nos droits? On a juste le droit de manger et de boire un peu. Nous, les vieux, on voudrait tellement plus d’amour et de compréhension”. Autant de perches saisies par le politologue et le directeur. “Les candidats vont venir ici-même. Demandez-leur pourquoi ils ont changé le nom des partis”. Autre réplique, doucement glissée à l’oreille: “C’est vrai, voter sans savoir ne sert pas à grand-chose. Il faut aussi lire le journal, écouter la TV, s’intéresser aux discussions...” “Rien de plus proche que les compétences communales : les crèches, les routes, les piscine. En s’intéressant à sa commune, on s’intéresse à sa propre vie, mais aussi à celle de ses enfants et petits-enfants.” Tous les mêmes, les partis? “Exigez qu’ils vous détaillent leur programme”. Une octogénaire se lance : “Mon parti, je l’ai dans le sang. Je ne m’en éloignerai jamais!”Une autre, rétive au début, découvre soudain que c’est l’échevin des Affaires sociales qui va venir à la Résidence. “Tiens, c’est du jamais vu, ça… Je serai là!”Une autre, convaincue qu’elle est trop peu instruite pour voter, se dit que “finalement, ca vaut peut-être la peine…”. Une troisième, après une discussion sur la confiance (peut-on accorder la sienne au président du bureau de vote?), a soudain un déclic : “Et si j’invitais mon frère, pour m’aider dans l’isoloir…”

© Philippe Lamotte
Pas toujours facile de voter, lorsqu’on vit en maison de repos… Certaines institutions, pourtant, font le pari d’aider au maximum leurs résidents. Avec l’aide d’étudiants et, si possible, des familles.

Extérieurement, c’est une maison de repos (MR) comme les autres. Juste un peu plus petite que la moyenne (avec 67 lits) et parfaitement intégrée au bâti semi-rural de la commune (Herstal). Mais, à l’intérieur, au-delà de l’atmosphère bon enfant qui plane dans les couloirs et les chambres, c’est un véritable terrain de bataille qui se prépare. Où l’on s’échauffe avant le grand jour du 14 octobre prochain.

Une bataille? Oui. Contre l’inertie ambiante. Qui laisse croire que, lorsqu’on est octogénaire ou nonagénaire, on n’a plus grand-chose à dire, ni à penser. Qu’“on a déjà voté toute sa vie et que maintenant ça suffit”. Et tant pis pour l’obligation de vote! Après tout, il y a suffisamment de bonnes raisons – matérielles, physiques et psychologiques – pour évoquer la difficulté de se rendre vers le bureau de vote. Rien de plus simple que de faire appel au médecin de l’institution qui, ainsi que la loi l’y autorise, délivrera un certificat médical valant exemption de vote. Dans certaines institutions, la règle du certificat généralisé et automatique est d’application. Déplacer plusieurs dizaines de personnes très âgées vers le bureau de vote, dont certaines en chaise roulante et/ou malvoyantes, ne relève-t-il d’une entreprise un peu folle? Il y a les risques d’accidents, les files d’attente devant l’urne, la mobilisation de personnel supplémentaire… Le tout, sur fond de désenchantement électoral dont les seniors – et leurs familles – sont loin d’avoir l’apanage.

La guerre aux clichés

Loin du fatalisme et des solutions de facilité, certaines maisons de repos veulent inciter un maximum de leurs résidents à exprimer leur préférence électorale. C’est le cas, par exemple, de la Résidence Brunehaut à Herstal. “Lors des deux scrutins précédents, seuls 30% avaient voté, explique Stéphanie Rahier, psychologue et coordinatrice de projets. Nous nous sommes dit qu’il y avait moyen de mieux faire. Même âgé voire très âgé, chaque individu a son mot à dire sur la gestion de la vie en société. Pour cela, il faut corriger les stéréotypes que la société véhicule sur les personnes âgées. Ceux-là même qu’elles reprennent à leur compte à force de les entendre ressassés partout : ‘j’ai fini ma vie’, ‘je n’ai plus rien à dire’, ‘ça ne m’intéresse plus’…”.

Dès la fin 2011, avec deux étudiants en ingénierie et actions sociales dont l’apport se révélera crucial, le personnel de Brunehaut se lance dans une démarche de conscientisation des résidents et de leurs familles. D’abord, baptiser le projet : “Même ici, nous sommes concernés”. Ensuite, inviter les formations politiques locales à se présenter (séparément) aux résidents pendant la campagne. Puis, analyser systématiquement les forces et faiblesses du projet.

Les forces? La présence d’une coordinatrice parmi le personnel; le succès d’opérations antérieures centrées sur la qualité de vie en MR; la disponibilité du taxi social communal le jour J; l’autonomie de la maison, etc. Les faiblesses? Des risques de désistement des candidats, la santé fragile des résidents, des défaillances du taxi social. Obstacle à ne pas négliger: le manque de motivation des résidents et de leurs familles.

Un agenda hyper-précis

Chacun de ces points est analysé, chaque poste est budgétisé. Une véritable boîte à outils est créée, avec des affiches et les numéros de téléphone de tous les candidats invités, y compris leurs remplaçants “au cas où…”. Un politologue de l’ULg est également invité. Des “carottes” – petits gâteaux, boissons… – seront distribuées à chaque rencontre/débat et jusqu’au jour du vote, histoire de donner au scrutin une dimension festive et familiale. “A chaque étape, il y a un équilibre à trouver, explique Jean-Luc Malherbe, le directeur : inciter nos résidents à voter et les rassurer, oui, mais pas question de les tirer de force de leur lit. Sans quoi, la dimension citoyenne serait perdue. Si certains, bien informés, décident en toute conscience de ne pas voter, cela reste leur liberté”.

Jusqu’au jour J, personne ne pourra dire si l’objectif ultime – stabiliser, voire augmenter le nombre de votants de Brunehaut par rapport à 2010 – sera atteint. Mais, manifestement, la dynamique fait déjà sentir ses effets. “Si nous parvenons à susciter un débat parmi les résidents sur leurs conditions de vie, leur place dans la société, leur attentes et leurs apports à celle-ci ; si nous parvenons, aussi, à associer les familles à cette réflexion – ce qui reste difficile – alors on aura touché le but”, s’enthousiasme Stéphanie Rahier. En attendant, la dynamique s’avère contagieuse. Parmi le personnel, deux personnes arrivées récemment de Roumanie ont découvert, à leur grande surprise, qu’elles pouvaient voter mi-octobre. Elles ont convaincu leurs maris de voter avec elles. Le signe, peut-être, qu’un cercle vertueux est prêt à s’enclencher.

// PHILIPPE LAMOTTE

Des aînés plaident pour des communes intergénérationnelles

Depuis de nombreux mois, Énéo, le mouvement social des aînés, se mobilise pour, d’une part, interpeller les candidats aux élections sur leur programme et d’autre part, sensibiliser les aînés à l’exercice du droit de vote.

La commune est sans doute l’instance officielle avec laquelle la population est le plus en contact. Mais la relation de proximité ne se concrétise pas toujours de manière optimale au regard des attentes. Il n’est donc pas étonnant que la démarche entreprise par Énéo, le mouvement social des aînés (ex- UCP, comme on le lira dans cet article) ait rencontré un fier succès. Des membres se sont réunis dans pas moins de 71 communes, ont mis en commun leurs réflexions et élaboré un cahier de revendications très concrètes à destination des candidats se présentant dans leur commune. Le processus a abouti pour un tiers des communes bruxelloises et un cinquième des communes wallonnes.

Un préalable: exercer son droit de vote

Faire entendre la parole des aînés avant les élections via un mémorandum local ne suffit pas. Encore faut-il que chacun puisse exercer son pouvoir démocratique et signifier ses choix parmi les listes, programmes et candidats. Or, pour les aînés, et en particulier les isolés et les moins autonomes, l’exercice du droit de vote ne s’avère pas chose aisée : absence d’aidant pour envisager d’aller voter, difficultés de se déplacer jusqu’au bureau de vote ou d’y accéder, pratique collective de certificats médicaux dans certaines maisons de repos, impressions de ne pas être concerné par les élections etc.

Énéo a pris les devants en vue des élections communales et provinciales d’octobre prochain. Ainsi, en janvier dernier, elle a interpellé sur le sujet les ministres concernés tant au niveau fédéral, régional que les gouverneurs de province en charge de l’organisation concrète des élections. Quelques mois plus tard, en mai dernier, un courrier a été envoyé aux 281 bourgmestres des régions wallonne et bruxelloise chargés d’apporter une réponse collective à cette situation. Dans le même temps, une campagne de sensibilisation a été menée auprès des responsables de maisons de repos et/ou de soins et de services d’aide et de soins à domicile qui, au quotidien, participent à la qualité de vie des aînés.

A un mois des élections, la région bruxelloise a édicté des règles favorisant l’accès aux bureaux de votes pour les personnes à mobilité réduite ou ayant besoin d’assistance. Mais sur la question des isolés ou des certificats médicaux automatiques, les aînés n’ont pas encore vu grand chose ! Quelques bourgmestres ont placé l’interpellation d’Énéo à l’ordre du jour de leur Conseil communal et une dizaine d’institutions se sont renseignées pour connaître les conditions pour installer un bureau de vote en leur sein…

Une campagne pour les oubliés de l’isoloir

Énéo a aussi décidé de sensibiliser le grand public à l’exercice du droit de vote des aînés à la veille des élections communales. La campagne sera lancée le 1er octobre via 125 boulangeries qui distribueront 100.000 sacs à pain ornés du logo de l’action. Un microsite www.lesoubliesdelisoloir.be relayera les informations et témoignages de la campagne.

Accompagner un voisin, un parent qui a peut-être besoin d’aide pour pouvoir exprimer son vote: il s’agit de nous mobiliser pour garantir la parole des aînés.

// PHILIPPE ANDRIANNE,
SECRÉTAIRE POLITIQUE D’ÉNÉO


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