Seniors
(2 octobre 2014)
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Choyer la vie après le travail
“Pensez plus tôt à plus tard”, conseille-t-on déjà aux quinquagénaires. Car ils seraient peu nombreux à préparer la période de vie après le travail. Pas simple pourtant de changer de rythme, de revenus, d'activités… du jour au lendemain. Pour accompagner ce passage “en douceur”, Énéo et la Mutualité chrétienne (MC) proposent un cycle d'ateliers "Une vie après le travail", dans huit régions du pays. Coup d'œil en Brabant wallon.
Vendredi fin de journée, les
étudiants nivellois fêtent l'arrivée du week-end, tandis qu'un groupe d'un
autre acabit s'est aussi donné rendez- vous dans la ville brabançonne. Ils
ont entre 58 et 67 ans. En ce début d'automne, ils profitent d'une douce
lumière et marchent guidés par un volontaire d'énéoSport. Leur program - me
est un rien différent de celui qui a caractérisé leurs rencontres
précédentes. Depuis avril, ils participent en effet à des ateliers intitulés
"Une vie après le travail". C'est la sixième fois qu'ils se retrouvent. Et
cette soirée de septembre marque la clôture du cycle animé par Énéo
(mouvement social des aînés) et le service Pension de la Mutualité
chrétienne. L'heure est à la convivialité – petite marche avant l'évaluation
de cette préparation à la retraite et ensuite repas pour se dire au revoir.
Dans la nébuleuse
Arrivée juste à temps pour le moment de l'évaluation, une
participante en profite pour remercier une des organisatrices : l'adaptation
des horaires dans la tenue des ateliers, en les décalant vers le début de
soirée, lui a permis, ainsi qu'à d'autres, d'y participer après leur journée
de travail. La voilà qui enchaîne une fois encore journée de boulot et
atelier. De 18 à 20 heures, avec une petite dizaine de jeunes pensionnés et de futurs retraités, elle a pris part à ces séances.
À l'heure des conclusions, cette participante confie qu’elle était "dans la nébuleuse". À 62 ans, elle devrait en principe travailler jusqu'à 65 ans. Les questions répétées dans son entourage l'ont taraudée : "Quand prends-tu ta retraite ?". "Vas-tu réduire ton temps de travail ?". Les réflexions aussi : "Faut-il arrêter de travailler pour profiter de la vie ?"… Elle s’est interrogée : "Ici, je suis à 100 à l'heure et après ? Qu'est-ce que je vais faire après ? Comment vais-je vivre la deuxième partie de ma vie
?" Les questions n'ont pas complètement disparu à l'entame de cette dernière session. Mais des germes de projet semblent avoir éclairci cet avenir angoissant, presque "morbide", comme elle le qualifiait.
Une réelle mutation
C'est précisément autour de la construction d'un projet personnel, que Gérard Boitte, volontaire d'Énéo, et Mirella Zerbato, de la MC Brabant wallon, ont piloté les ateliers brabançons. Non sans s'être largement documentés et formés auprès d'autres régions qui ont développé des initiatives similaires. Ils ont suivi un même schéma et proposé à la douzaine de participants des ateliers sur la santé, sur les ressources
et les finances, sur la vie affective et familiale, sur les possibilités de
mettre ses projets en mouvement. En ligne de mire du duo : aller vers un
projet pour chacun, tout en donnant le temps de digérer les informations
reçues et en se centrant avec empathie sur les besoins des uns et des
autres. Douze participants, ce sont douze trajets différents, observe Gérard
Boitte. Douze personnes qui traversent ou s'apprêtent à traverser "une
mutation pas évidente".
En témoigne un des messieurs présents : "En devenant
retraité, j'ai coupé les fils trop vite. À l'époque, c'était bien pour moi,
j'ai travaillé pendant 43 ans…". Aujourd'hui, il semble nourrir des regrets
par rapport à ce choix. "J'ai provoqué un court-circuit" et "je me sens face
à un désert", "j'étais donneur d'ordres, et je suis passé domestique",
explique l'homme que son métier entraînait à diriger des équipes. "Nous
devons apprendre à faire des deuils, poursuit une participante. Nous pouvons mettre des choses en place mais d'abord nous devons passer par des deuils". Dans les échanges de cette séance d'évaluation, on perçoit l'intensité des processus à l'œuvre
pour chacun.
Ouvrir l'horizon
Au sein du groupe, les parcours sont
différents. L'un a réduit peu à peu son temps de travail et continue à
bosser ponctuellement. Une autre prépare le terrain. Elle s'engage petit à
petit dans des activités de chant, de tai-chi… qu'elle compte poursuivre
après la retraite. "Je me prépare à l'idée de quitter mon boulot", explique celle qui a entamé sa dernière année de travail et voit progressivement ses tâches confiées à d'autres. Les ateliers lui ont permis "d'apprivoiser le moment prochain de sa retraite", "d'ouvrir l'horizon". Tout fraîchement retraité, un participant explique que, tellement occupé par le travail, il s'est dit : "on verra plus tard". Le voilà aujourd'hui contraint de "laisser tomber les idées boulot", de déployer de "l'énergie pour pousser d'autres portes". La démarche ne semble pas évidente, car il faut déterminer ce que l'on veut faire et savoir où l'on peut avoir besoin de vous… Puis, il s'agit aussi de ne pas nourrir des rêves impossibles. Car le passage à la retraite s'accompagne bien souvent d'une limitation de revenus et tout n'est pas permis une fois endossé le statut de pensionné. Assurément, les ateliers balisent le terrain, fournissent nombre d'informations. Ils sont pavés de conseils parfois tout simples comme celui que retiendra un homme plein de projets et d'envies : l'importance d'établir un planning, de penser la manière de partager temps et espaces avec son épouse bientôt retraitée également.
Participer aux ateliers s'est inscrit dans le cheminement de chacun. "Je me pose, j'écoute, j'apprends des autres", décrit une jeune retraitée, parlant de sa participation. Son objectif en suivant les ateliers : "S'arrêter et réfléchir, entendre les autres. Après, le projet viendra ou pas, ce n'est pas grave", précise-t-elle.
En confiance
Comme d'autres, cette participante regrette le manque d'échanges dans le déroulé des soirées. Beaucoup d'informations ont été données, grâce à l'apport de spécialistes – en matière de réglementations sur les revenus, sur le volontariat, en matière de santé… Mais les discussions entre les participants n'ont pas toujours pu s'amorcer. Par exemple pour "parler budget ensemble, il faut qu'on se connaisse et puisse aborder en confiance ces questions", observe un membre du groupe. Voilà qui devrait nourrir la prochaine expérience, pour un autre groupe auquel Gérard Boitte ne manquera pas d'insuffler "le goût du long terme", et celui de l'engagement. Pour l'heure, ce premier groupe brabançon entend bien organiser un "doodle" (planificateur partagé en ligne), pour se revoir dans deux ou trois mois.
//CATHERINE DALOZE
Plus d'infos |
Le cycle d'ateliers "Une vie après le travail" est organisé dans plusieurs régions du pays, selon des modalités spécifiques. Pour en savoir plus :
Brabant Wallon : Mirella Zerbato (service pension MC) ou Denis Lefèvre (Énéo) • 067/89.36.90 •
eneo.brabantwallon@mc.be
Bruxelles :
Laurence Puyaubert (Énéo) • 02/501.58.13 (de 9h à 12h) • eneo.bruxelles@mc.be •
www.mc.be/pension-bxl
Hainaut Oriental : Caroline Elias (Énéo) • 071/54.84.05 •
eneo.centre@mc.be
Hainaut Picardie : Coralie Ingelbert (Énéo) • 069/25.62.62 •
eneo.tournai@mc.be
Liège : Marie-Claude Wilmotte (Énéo) • 04/221.74.46 •
eneo.liege@mc.be
Luxembourg : Françoise Lobet ou Corinne Legros (Énéo) • 063/21.18.50 •
eneo.luxembourg@mc.be
Namur : Gérard Bernard (Énéo) • 081/24.48.13 •
eneo.namur@mc.be
Verviers : Aurore Baguette (Énéo) • 087/30.51.29 •
eneo.verviers@mc.be |
Guide du temps retrouvé
Énéo et la Mutualité chrétienne (MC) ont également édité un petit guide très complet intitulé "La pension à l’horizon". Initié par la MC de Liège, le livret a été étoffé et étendu à l'ensemble des régions. Il soutient les premières réflexions à propos de la pension, sur un mode clair, positif et rassurant.
Premier volet : la réglementation pension, cette matière ardue ! Quels éléments permettent de calculer la pension ? Existe-t-il un minimum garanti ?… Le guide y répond et donne les contacts utiles (notamment des services pension de la MC) pour en savoir plus. Le guide invite aussi à “prendre un peu de hauteur” pour comprendre le système de protection sociale belge qui permet de payer les pensions. Sans longueur, il aborde de manière didactique les différents types de pensions et produits financiers assimilés aux pensions (produits collectifs comme assurance de groupe et produits individuels comme épargne-pension).
Mais la pension n'est pas seulement une affaire de papiers à remplir, voire une question pour les organismes de pensions, elle concerne aussi d'autres aspects de la vie à envisager sous un angle différent. Par exemple, au sein d'un couple. Du temps disponible se libère. Sera-t-il l'occasion de belles retrouvailles ou de conflits à surmonter ? Par exemple, pour les grands-parents. Deviendront-ils baby-sitters à temps plein ? Plus généralement, qu'en sera-t-il après des années de rythme professionnel quotidien ? Souvent le travail a contribué à former l'identité du futur pensionné, il a fourni des repères.
Et le passage à la retraite peut s'avérer délicat. Estime de soi, blues du pensionné, découverte de nouveaux loisirs, questions de santé, conditions du volontariat… sont autant de sujets abordés dans le guide. Il balise la réflexion, donne des adresses, des repères pour élaborer cette pension à venir.
>> Plus d'infos :
http://blog.eneo.be/secondlife/ • Possibilité de commander le guide "La pension à l'horizon" via un versement de 2,10 euros sur le compte BE94 7995 5002 0314 (prix des frais de port uniquement) en indiquant en communication : guide pension à l’horizon.
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