Environnement
(1er décembre 2011)
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Aménager
son logement aujourd’hui pour bien y vivre demain
Que la course au profit expire, pour que la planète respire…
Ma rue, mon quartier, mon village, ma ville, ma région… Mais aussi la
Wallonie, Bruxelles, la Belgique, l’Europe, la Planète. Chacun et chacune
d’entre nous vit ces différentes échelles de territoire au gré de ses
activités de travail, de ses loisirs ou de ses relations familiales et
sociales. Nous en sommes plus ou moins conscients. Parfois, nous y sommes
engagés à travers des actions.
Mais quels impacts l’aménagement de l’espace a-t-il sur notre quotidien?
Ci-dessous, des extraits d’un dossier réalisé par le Mouvement Ouvrier
Chrétien (1).
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Pascal Broze/Reporters |
Sans que nous en soyons toujours conscients, l'aménagement
du territoire occupe une place centrale dans notre vie. Des décisions
aussi diverses que la création d’une zone d’activités économiques ou
l’installation d’un centre commercial ont des répercussions importantes sur
notre vie quotidienne. De plus, l’addition de microdécisions peut avoir un
poids significatif. C'est le cas lorsque la juxtaposition d'habitations le
long des routes détruit les paysages, empêche une véritable desserte en
transports publics et oblige d'avoir recours à la voiture pour accéder aux
écoles et aux lieux de travail.
Nous ne sommes pas impuissants face à ces enjeux. Quels sont-ils? En vrac:
une gestion parcimonieuse du sol, une mobilité durable, une nouvelle
politique forestière et agricole, une politique de la ville, des instruments
d’interventions foncières et, enfin, la réutilisation du patrimoine bâti et
du capital urbanistique des villes et des villages. En tant que citoyen,
nous pouvons réagir lors des enquêtes publiques, dans les commissions
consultatives d’aménagement du territoire (CCAT) et de la mobilité, dans les
programmes communaux de développement rural, les plans de mobilité, les
schémas de structure, etc. C'est souvent dans ces lieux-là qu'il est
possible de décrypter les raisons et les motivations des projets qui nous
sont proposés, mais aussi de proposer des alternatives
qui réduisent les inégalités sociales et environnementales. Publié
dans divers journaux du MOC et des organisations qui le constituent, ce
dossier, baptisé “Odyssée de l’espace” territorial, souhaite montrer que des
choix sont réalisables et soutenables s’ils sont portés collectivement.
Territoire et agriculture soumis aux impératifs économiques?
Le constat
Entre juin et août 2011, quatre inondations ont entraîné des coulées de boue
dans la même rue d' Orp-le-Grand (Brabant wallon). Quatre fois, il a fallu
tout nettoyer. Une des causes : des champs de cultures où l’on avait arraché
les haies. Sans plus aucune retenue, l’eau s’est donc écoulée en entraînant
la terre arable.
Comme les prix des produits agricoles ne sont jamais revus à la hausse, les
agriculteurs sont pressés comme des citrons pour produire toujours
davantage. De plus, les terres font l’objet de convoitise et sont de plus en
plus souvent reconverties en zones urbanisables.
De ce fait, l’ensemble des citoyens paie les dégâts de ce type
d’agriculture : impacts environnementaux, aliments d’une qualité
irréprochable sur le plan de l’hygiène mais sans saveur, surendettement et
stress des agriculteurs. Ceux qui se sont suréquipés pour s’engager dans
cette course à la production et à la compétition en viennent à écraser leurs
voisins, pour continuer à envahir les marchés de produits alimentaires à bas
prix.
Comment agir?
Depuis le début des années 1970,
une autre forme d'agriculture s’est développée. De nombreux paysans
et citoyens ont créé de petites structures de circuit court avec des
méthodes respectueuses de l’environnement et de l’homme. Lentement mais
sûrement, cette agriculture biologique et de terroir progresse. Des
groupements de producteurs, des groupements d’achats, des organisations
environnementales et d’éducation permanente soutiennent l’émergence de ce
nouveau modèle. Malgré le
travail des lobbyistes des grandes sociétés agro-industrielles et leur
puissante influence sur les institutions européennes, la politique agricole
commune européenne est petit à petit remise en cause. A l'avenir, il
faudrait beaucoup mieux réguler les marchés de produits agricoles, faire en
sorte que la politique d’affectation du sol soit plus soucieuse de préserver
les terrains existants, permettre l’accès à la terre pour de nouveaux
agriculteurs, etc. Autres types de réponses: la stabilisation des prix
équitables pour les producteurs avec des exigences environnementales, la
mise en place d’échanges commerciaux équitables, le rééquilibrage entre la
culture et l'élevage, etc. Combats politiques et émergences des petites
structures de circuits courts sont les deux facettes de cette nouvelle lutte
sociale.
Un aménagement du territoire pour quels logements?
Le constat
Qu’il soit privé ou social, le logement est de plus en plus régi par des
normes les plus diverses. Au cours des dernières années, ce sont les normes
énergétiques qui, à juste titre, ont été dopées.
Pourtant, à quoi cela sert-il d’avoir un logement énergiquement performant
s’il est localisé loin de l’école, des commerces et d’autres services
publics et privés, loin du boulot, nécessitant ainsi une importante dépense
énergétique pour se déplacer et imposant des contraintes en termes de temps?
A quoi cela sert-il d’avoir un logement répondant aux normes techniques si
c’est pour être isolé, dans un lieu sans diversité (par exemple, dans un
quartier périurbain exclusivement résidentiel ou un quartier de bureaux) ou
dans un environnement social trop homogène (dans certains lotissements, les
habitants vieillissent en même temps)?
Les logements seront de plus en plus diversifiés, de par leur taille et leur
agencement. Parce que les modes de vie évoluent (notamment avec la
croissance du travail à domicile), parce que les besoins des personnes âgées
sont différents de ceux des plus jeunes, parce que les contraintes foncières
imposeront la transformation en logements de toutes sortes de bâtiments
(anciens bâtiments industriels, bureaux, etc.), la construction de tours de
conception nouvelle, l’occupation des “friches” urbaines (espaces au-dessus
d’autres bâtiments ou coincés entre deux bâtiments).
Soulignons aussi ce constat: le logement à vie, c’est fini. Parce que les
ménages se séparent et se recomposent. Parce qu’on trouve du boulot
ailleurs. Parce que le logement familial est devenu trop inconfortable à 75
ans...
Comment agir?
Un aménagement du territoire intelligent devrait idéalement veiller à une
bonne répartition spatiale des services de toute nature nécessaires à la vie
moderne (achats, loisirs, santé, sports...); mêler harmonieusement
logements, lieux de travail, commerces, écoles, etc.; densifier l’occupation
du sol pour des raisons énergétiques et de cohésion sociale; assurer la
diversité des logements (logements privés et publics, logements adaptés,
intergénérationnels...) pour permettre, par exemple, à une personne âgée de
migrer vers un autre logement dans son quartier; offrir la proximité
d'espaces de vie communautaire (parcs, salles communales, jardins
collectifs, centres d’accueil de jour pour personnes âgées...). D'ores et
déjà, de très nombreuses associations défendent ces différents enjeux et
interpellent les responsables politiques pour les sensibiliser à ces
réflexions.
Au travail sans voiture
Le constat
Le développement territorial de ces dernières décennies a très souvent
privilégié la séparation des fonctions (zones d’activités économiques,
d’habitat et de loisirs, des campus scolaires et des zones commerciales). Ce
type d’urbanisation a provoqué le recours accru à la voiture, notamment pour
se rendre sur son lieu de travail. Les alternatives à la route y sont quasi
inexistantes et, lorsqu’elles existent, elles sont soit ignorées soit
incompatibles avec les horaires de travail.
En rendant la voiture indispensable, cette situation entraîne un recrutement
des travailleurs de plus en plus difficile, en particulier pour les
intérimaires. C’est aussi le cas pour les stagiaires, les jobistes et de
façon générale les bas salaires puisque la part du budget consacrée au
transport ne cesse d’augmenter.
Comment agir?
A moyen terme, le développement d’alternatives à la voiture deviendra un
important facteur de compétitivité pour les entreprises. En attendant, des
solutions collectives sont possibles, comme le soutien aux politiques de
mixité des activités et de densification, le développement d'alternatives à
l’échelle d’une entreprise, la création d'une banque de données covoiturage
commune, l’amélioration des accès vélos et piétons, l’adaptation des
horaires des bus, la mise à disposition d’une information précise sur les
alternatives à la voiture, etc. Il est également possible de participer aux
consultations, de s’intéresser aux projets de développements régionaux, de
donner son avis dans les commissions qui travaillent la question dans sa
commune, d’interpeller le conseiller en mobilité de celle-ci, de faire
partie d’un comité de village ou de quartier…
(1)
Le Mouvement Ouvrier Chrétien rassemble et est le porte-parole politique de
ses organisations constitutives : CSC, Mutualité Chrétienne, Vie Féminine,
les Equipes Populaires, la JOC et la JOCF.
>> Ces textes sont issus d’un dossier
réalisé par le CIEP, le mouvement d'éducation permanente du MOC.
Avec Luc Maréchal, Bénédicte Vellande, Philippe Defeyt, Thierry Laureys,
Hélène Spitaels.
Si vous voulez agir ou réagir : www.ciep.be
, onglet “campagne” ou par voie postale (CIEP, chaussée de Haecht 579 à 1030
Bruxelles).
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