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Enfance (1er septembre 2011)

 

Pubères, un poil trop tôt

Devenir “une femme” avant l’âge de 8 ans ou être “un homme” alors qu’on n’a pas même 9 ans? Cela arrive, même si ce n’est pas si fréquent. De quoi perturber enfants et, surtout… parents.

© Christian Amal/Photononstop/Reporters

Parfois, le corps a ses raisons que la raison ne comprend pas. Sans que l’on sache exactement pourquoi, il pousse, change… bien plus vite qu’on ne s’y attend. C’est ainsi que des fillettes de 6, 7 ou 8 ans se retrouvent pubères. Avec des poils, des seins et, une fois par mois, des règles. Certaines de ces gamines ressemblent à de “grandes perches” par rapport à leurs copines de classe. D’autres sont encore de “petits formats”, d’ailleurs souvent un peu boulotte. Tous les ans, en Belgique, les pédiatres endocrinologues suivent une centaine de petites filles touchées par une “puberté précoce”, c’est-à-dire développée avant l’âge de 8 ans. Les garçons, eux-aussi, peuvent parfois se trouver embarqués sur ce bateau qui file trop vite : pour eux, le seuil qui définit une puberté précoce est fixé à 9 ans. Cela signifie qu’avant cet âge-là, la taille de leurs testicules a augmenté et qu’ils ont connu leurs premières éjaculations. Néanmoins, la puberté précoce touche dix fois moins les garçons que les filles…

Actuellement, statistiquement, c’est vers 12 ans et demi que les filles deviennent des femmes. Cet  âge est déterminé, en grande partie, par des facteurs génétiques et familiaux : on est souvent réglée au même âge que sa mère. “Pour toutes, le début de la puberté commence par le développement de la glande mammaire. Cela se produit à un âge variable, généralement compris entre 8 et 13 ans. Pendant une période d’environ deux ans – mais qui pourrait être en augmentation – la croissance s’accélère et une pilosité peut commencer à apparaître. Finalement, l’arrivée des premières règles marque la fin de la puberté. A partir de ce moment-là, en moyenne, la nouvelle jeune fille ne grandira plus que de 5 à 10 centimètres”, détaille le Dr Cécile Brachet, pédiatre-endocrinologue à l’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola (à Bruxelles).

Dans un nombre de situations limitées, la puberté précoce est liée à un problème médical, comme par exemple la présence d’une tumeur. Cette possibilité est un peu plus fréquente chez les garçons. Il est donc indiqué de demander un avis médical lorsque des seins (ou des testicules) grandissent chez un (très) jeune enfant. En revanche, si le début de la transformation du corps d’une fillette débute à 8 ou 9 ans, inutile de se précipiter chez le médecin ou d’appeler au secours. “Dans ce cas, la demoiselle est dans la norme, mais juste à l’extrémité de celle-ci”, assurent les pédiatres endocrinologues Cécile Brachet et Jean-Pierre Bourguignon (chef de service associé au Service de pédiatrie du CHU de Liège).

 

On stoppe tout!

“Depuis plus d’une vingtaine d’années, lorsque cela s’avère nécessaire, nous disposons d’un traitement capable de bloquer la puberté. Nous avons donc un bon recul quant à la fiabilité et la sécurité de cette thérapie. Le médicament agit sur l’hypophyse qui, dans le cerveau, lance le départ du processus pubertaire”, précise le Dr Cécile Brachet. A raison d’une piqûre intramusculaire tous les trois mois, la puberté s’arrête. “A 11 ans, on cesse le traitement : dans l’année, les règles apparaissent”, complète le Pr Jean-Pierre Bourguignon. Les gamines sont alors “dans la norme” et “comme les autres”.

Si la petite puce a 6 ans, le traitement est souvent conseillé, en grande partie pour lui permettre de continuer à grandir le plus possible avant l’arrivée de ses premières règles. Mais, si l’enfant a déjà 7 ou 8 ans, ce type de traitement est moins efficace sur la croissance. Or, dans la mesure où ces fillettes ne sont pas “malades”, la décision d’entamer une thérapie devient alors plus discutable. Cependant, les spécialistes peuvent être amenés à considérer que le traitement est justifié afin d’aider des fillettes à être comme leurs pairs et peut-être, à les protéger ainsi sur un plan psycho-social. Ou, encore, parce que le traitement répond à l’angoisse des mères, légitimement affolées à l’idée que leur gamine de 7 ans va avoir des seins, des règles, et devra gérer tout cela dans des écoles où rien n’est prévu pour ce type de situation (pas de poubelles dans les toilettes, problèmes lors des sorties piscine, etc.)

“Souvent, les fillettes ont l’air moins perturbées par ce qui leur arrive que les mamans”, sourit le Dr Cécile Brachet. Une étude d’évaluation, menée par des psychologues et coordonnée par le Pr Bourguignon, montre toutefois qu’il existe un risque de sous-estimer l’impact psychologique de la puberté précoce sur les fillettes : certaines d’entre elles masqueraient leur bouleversement intérieur sous un comportement exemplaire, en étant des “petites filles très sages”…

En fait, peu d’études ont été consacrées aux enfants présentant une puberté précoce. “Mais il est évident qu’elle va être vécue de manière très différente chez les filles et chez les garçons. En effet, notre société la valorise chez ces derniers, alors que pour les filles, elle est bien davantage perçue comme susceptible d’engendrer des difficultés, et rien que des difficultés…”, constate le Pr Nicolas Zdanowicz, psychiatre aux Cliniques universitaires Mont-Godinne. En pratique, la manière dont l’enfant vit et intègre son entrée dans un corps d’adulte varie considérablement. “Pour certains, la mise en route de l’adolescence débute. Pour d’autres, le passage est trop difficile à (di)gérer, et le jeune campe encore dans l’enfance, malgré un corps d’adulte. Pour d’autres encore, la sexuation du corps est vécue comme une effraction traumatique et un frein… Alice a mangé le champignon magique trop tôt !”, résume le psychiatre. En tout cas, insiste-t-il, l’environnement dans lequel grandit l’enfant participe largement au fait que la puberté, y compris lorsqu’elle est précoce, va devenir une force qui permet d’aller vers le stade de futur adulte… ou une faiblesse.

 

N’oubliez pas l’amour
et les émotions!

“Traditionnellement, par leur attitude, les parents doivent jouer un rôle de pare-excitation sexuelle pour leurs très jeunes enfants. En cas de puberté précoce, les voilà pourtant conduit à parler ‘sexualité’ : à eux, alors, de ne pas oublier d’y inclure l’amour et les émotions, rappelle le Pr Zdanowicz. En fait, on peut supposer que, dans une famille pudibonde ou hyper-défensive face à la sexualité ou, au contraire, hyper-exposante, une puberté précoce risque d’être plus difficile à vivre pour le jeune. Le constat est le même si toute la vie de la mère gravite exclusivement autour de celle de son enfant”.

Enfin, particulièrement lorsque la puberté survient très jeune, les parents doivent être attentifs à ne pas projeter leurs propres craintes : même si leur fille est réglée à 8, 9 ou 10 ans, cela ne signifie pas pour autant qu’elle aura des relations sexuelles à 12 ans, qu’elle multipliera les relations, ou se lancera dans des rapports non protégés ! Statistiquement, l’âge des premiers rapports ne change pas : il reste fixé autour de 16 ans et demi, 17 ans. Bref, à des années lumière de ces très jeunes filles en fleur…

// Pascale Gruber

Le droit à l’enfance, comme les autres
A la question : “Comment soutenir un enfant en puberté précoce?”, le Pr Christine Reynaert, chef du service de médecine psychosomatique aux Cliniques universitaires Mont-Godinne, répond clairement. “Il faut continuer à traiter l’enfant… comme un enfant, qui a droit à des comportements et des gamineries propres à son âge. Néanmoins, il n’est pas facile de devenir un être sexué, d’attirer les regards, ou, pour une fille, de se faire siffler ou apostropher dans la rue. Pas facile, non plus, d’être raillés par les copines ou les copains. Sur ce plan-là, pour pouvoir aider l’enfant, il faut oser aborder le problème avec lui. Et lui demander, par exemple, à quelles réactions il est confronté”.

 

Pourquoi vient-elle si tôt ?

Pour comprendre les raisons de la survenue de pubertés précoces, les chercheurs suivent avec intérêt la piste de l’influence des perturbateurs endocriniens : en effet, dans notre environnement, certains produits comme, par exemple, le bisphénol A joueraient sur l’âge du début de la puberté.

Autre influence possible de l’environnement: “Il y a quelques années, une étude réalisée avec le groupe belge des pédiatres endocrinologues avait montré que, parmi les fillettes issues de l’adoption et concernées par ce problème, la plupart présentaient des taux de DDT plus élevés dans le sang. Interdit chez nous mais utilisé ailleurs contre la malaria, ce pesticide a des effets similaires à ceux des oestrogènes”, complète le Pr Bourguignon, pédiatre endocrinologue.

“Parmi les fillettes que nous suivons en Belgique, on compte environ 20% d’enfants issus d’un processus d’adoption internationale, quelles que soient leurs origines”, précise-t-il. Plusieurs facteurs expliqueraient cette sur-représentation : “On pense qu’en raison de carences dans leur prime enfance, ces enfants pourraient être confrontés à une sorte de sidération de la croissance. Lors de leur arrivée ici, un rattrapage surviendrait, une sorte d’emballement du processus métabolique avec, notamment une reconstitution de leur ‘capital’ graisseux. Or la leptine, une hormone qui vient de la graisse, pourrait contribuer à stimuler la pré-puberté”. Par ailleurs, il se pourrait que pendant la vie utérine, des problèmes de nutrition de la mère ou de stress déterminent une programmation physiologique de la vie ultérieure de l’enfant, y compris le timing de la puberté.

 

"Les règles, C kwa ça?"

Cette thématique n'est pas toujours facile à aborder, ni pour les jeunes filles, ni pour les parents. C'est pourquoi, Infor Santé, le service de promotion de la santé de la Mutualité chrétienne, a réalisé une brochure d'information sur le sujet.

Le titre l'indique, la brochure - qui n'est, hormis son titre, pas rédigée en langage sms - est destinée aux jeunes filles. Petit calepin d'une vingtaine de page, il tend à se distinguer des longs discours et des considérations trop théoriques.

La définition d'un cycle, les différentes protections qui peuvent être utilisées, le problème de la douleur... sont autant de questions abordées. Elles sont agrémentées de brefs témoignages, de "trucs et astuces" bien utiles pour vivre au mieux cette étape.

Par cette brochure, Infor Santé souhaite permettre également aux parents d'engager plus facilement la conversation avec leurs filles sur le sujet. Bien délicat parfois pour certains à aborder

//CD

"Les règles, C kwa ça?" est disponible gratuitement auprès de la Mutualité chrétienne, sur simple demande aux conseillers mutualiste ou au 0800 10 9 8 7. Elle est également téléchargeable sur www.mc.be

 


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