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Consommation (19 janvier 2012)

Substitut sucré
La Stévia, un miracle?

© DPA/Reporters
Depuis que l'Europe lui a ouvert ses portes officiellement, la Stévia pénètre petit à petit les rayons des magasins. Les incontestables qualités de ce substitut du sucre n'empêchent pas d'en faire une consommation éclairée et vigilante.

Après les Etats-Unis et plusieurs pays asiatiques, après la Suisse (2008) et la France (2010), la Stévia débarque en force dans notre pays. Ce substitut naturel du sucre – en fait, l'édulcorant “glycosides de stéviol” – est originaire d'Amérique du sud (Brésil, Paraguay) où la plante est cultivée depuis des siècles par les populations autochtones pour le thé et les boissons médicinales. Cantonnée un temps dans les magasins d'alimentation diététique et naturelle, la vente commence à s'étendre à la grande distribution qui a bien saisi les vertus commerciales de ce nouveau produit, reconnu comme inoffensif par l'Autorité européenne de sécurité des aliments depuis l'année dernière.

La Stévia présente le gros avantage nutritionnel d'un apport calorique négligeable et d'un impact quasiment nul sur l'hygiène dentaire. Elle est particulièrement susceptible d'intéresser les gens souffrant d'obésité et de diabète. Son pouvoir sucrant est à peu près 300 fois plus élevé que celui du sucre. Son agréation n'a pas suscité autant de polémiques que celle de l'aspartame, édulcorant de synthèse. Les géants de l'agro-alimentaire et les firmes spécialisées dans le commerce du sucre (de betterave ou de canne) semblent avoir eu le temps de l'intégrer dans leurs stratégies commerciales, si bien que le produit commence à se décliner dans les étals sous des formes très diverses: poudres, morceaux, pastilles, liquides, etc.

De là à y voir le produit miracle, il n’y a qu’un pas... à ne pas franchir. D'abord parce que la Stévia coûte nettement plus cher que les produits sucrés et leurs substituts plus classiques. Ensuite parce que, malgré son pouvoir édulcorant marqué, son goût n'est pas exactement celui du sucre: cela s'appréciera différemment selon le type de mets et les affinités personnelles du consommateur. Egalement, parce que sa qualité intrinsèque peut varier en fonction des solvants utilisés lors de sa préparation. Nul doute qu'on verra bientôt le marché de la Stévia se fracturer sur des arguments liés à la certification “bio”…

Dans la déferlante commerciale qui s'annonce (sodas, gâteaux ,chocolats, thés aromatisés…: tous à la Stévia!), les producteurs seront sans doute tentés de masquer les petits goûts caractéristiques du produit (d'anis, de réglisse, de noisette… selon les points de vue) par un agent masquant. Qui, lui, ne sera plus forcément aussi “naturel”. Au Crioc, on attire l'attention sur le fait que beaucoup de produits sucrés sont aussi des produits gras. Et comme le rébaudioside A – nom officiel du produit autorisé – continue à titiller agréablement les papilles par son goût de “sucre”, l'engouement pour les produits riches en graisses n'est pas près de s'essouffler.

Enfin, dernier bémol. L'arrivée de la Stévia en Europe favorisera probablement sa culture à l'échelon industriel. Peu d'informations sont actuellement disponibles sur les conditions sociales et environnementales des cultures actuelles. Et… encore moins futures. A fortiori si elles se font dans les pays du Sud. Signe que la vigilance est là: le Fair Trade Center, chargé par les autorités de promouvoir le commerce équitable dans notre pays, vient de désigner un collaborateur pour enquêter sur la plante miracle. Après tout, il y a cinq ans à peine, le monde entier ne jurait que par les agro-carburants. Depuis lors, après identification de leurs ravages dans le Sud, on en est revenu, en bonne partie.

// PH L

 

 


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