Santé publique
(19 janvier 2012)
Cancer du sein : un dépistage sur
mesure en fonction du risque
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Serge Manceau/Belpress |
Entre 50 à 69 ans, toutes les femmes sont invitées
par les autorités à suivre tous les deux ans un examen du sein par
mammographie. Le Centre Fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) estime
inopportun de débuter ce dépistage systématique à l’âge de 40 ans. Par
contre, il invite les autorités à déterminer la fréquence et la méthode de
dépistage à suivre par les femmes exposées à un risque accru de cancer du
sein et à définir précisément cette dernière notion.
La radiographie des seins – ou mammographie – est le seul
examen approprié pour détecter un cancer du sein. Le dépistage par
mammographie (appelé mammotest) est recommandé, tous les deux ans, aux
femmes âgées entre 50 et 69 ans. Conçu conformément aux recommandations
européennes, ce dépistage officiel organisé par la Communauté française
s’effectue dans le respect de strictes exigences de qualité(1).
On constate pourtant que beaucoup de femmes de cette
tranche d’âge se font dépister en dehors du programme officiel. Une
échographie est alors très souvent ajoutée à la procédure diagnostique, sans
que cela ne repose sur une évaluation appropriée des risques. L'échographie
détecte pourtant peu de cancers du sein supplémentaires et est souvent à
l’origine de faux positifs, entraînant une anxiété inutile et des examens
supplémentaires tels que des biopsies et ponctions. Par conséquent,
confirmant ce que l’Agence intermutualiste répète inlassablement lors de ses
rapports, le KCE recommande de ne pas associer systématiquement une
échographie à la mammographie lors d’un dépistage du cancer du sein chez les
femmes sans risque accru.
Qu’en est-il justement des risques accrus? La présence
d’un cancer du sein dans la famille est le facteur de risque le plus
important. En fonction notamment du lien de parenté avec les membres de la
famille qui ont eu ce cancer, le risque sera accru de façon modérée, élevée
ou très élevée. Les femmes ayant subi, plus jeunes, une radiothérapie du
haut du corps (irradiation en mantelet) courent également un risque
fortement accru. Les femmes à densité mammaire élevée, c’est-à-dire ayant un
tissu glandulaire développé et peu de tissu adipeux, appartiennent à la
catégorie de risque modérément accru. “Chez ces femmes, le risque doit
être évalué individuellement, plaide le Centre fédéral d’expertise.
Ensuite, la méthode de dépistage et sa fréquence doivent être déterminées en
concertation avec le médecin. D'autres facteurs comme l'obésité, la
consommation d'alcool, la prise de pilules, une première menstruation à un
jeune âge, etc. augmentent le risque de cancer du sein mais d’une manière
limitée. Pour ces femmes, le dépistage organisé suffit”, estime le KCE.
Par contre, les femmes ayant un risque accru de cancer du
sein devraient être suivies annuellement dès leur jeune âge. Selon le
risque, ce suivi devrait commencer à partir de 30 ou 40 ans, ou cinq ans
avant l’âge du membre de la famille qui a souffert d’un cancer du sein. “Chez
ces personnes, il convient d’envisager une mammographie, un IRM, une
échographie (dans certains cas), ou encore une combinaison des trois,
propose le KCE. Les décisions à ce sujet, ainsi que celle de subir ou
non un test génétique, devraient être prises par des professionnels ayant
une expérience et une formation suffisantes, en concertation avec le patient”.
//JD
(1) En particulier, la double lecture
séparée de chaque mammographie de dépistage par deux radiologues,
obligatoire dans le dépistage officiel, augmente la qualité de l’examen.
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