La santé des enfants
(7 avril 2011)
► Lire aussi :
La vie à belles dents
Hygiène dentaire
De bonnes habitudes dès le plus jeune âge
Deux
règles d'or pour un sourire resplendissant : un brossage journalier
approfondi et pas de grignotage entre les repas. Couplées à des visites
régulières chez le dentiste et à l'utilisation d'un dentifrice fluoré, elles
permettront d'arriver à l'âge adulte indemne de toute carie ! Des règles à
suivre toute sa vie pour perpétuer ce qui n'est pas un miracle mais le fruit
de soins attentifs !
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©
Philippe
Turpin/BELPRESS |
Le brossage doit
débuter dès l’apparition de la première dent, vers l’âge de six
mois. Il est conseillé de la brosser le soir avec une brosse souple
et une trace de dentifrice comportant une petite quantité de
fluorure (le dosage en fonction de l’âge est en principe indiqué sur
l'emballage). Le mieux est de placer bébé sur la table à langer, la
tête tournée vers soi. Il sera plus aisé de frotter toutes les
surfaces des dents. Inutile de lui rincer la bouche.
A partir de 2 ans,
on pourra passer à deux brossages journaliers avec du dentifrice de la
taille d'un petit pois.
Il est important que le
brossage devienne un réflexe et que l'enfant acquiere le plus rapidement
possible son autonomie. Se laver les dents en sa présence lui donnera envie
d’imiter l’adulte. S'il veut se laver les dents tout seul, autant le laisser
faire et peaufiner le travail par la suite.
A partir de 6 ans,
il est recommandé de se brosser les dents deux fois par jour. A cet âge-là,
l'enfant est capable de recracher et ne risque plus d'avaler le fluor
(1). Au fur et à mesure qu'il grandit, l'habileté de
l’enfant s'améliore et rend le brossage plus efficace. Néanmoins, une
surveillance de la qualité du brossage est encore nécessaire jusqu'à 10-12
ans, voire au-delà! Le dentiste peut juger si le brossage est de qualité.
Le nettoyage doit se
faire dans un ordre systématique pour ne négliger aucune dent ni surface.
Les sillons et anfractuosités, près de la gencive, ou les espaces entre les
dents, sont à la fois plus difficiles d'accès et plus favorables au dépôt
des bactéries: il faut prendre le temps de les en déloger. Quand les dents
commencent à être serrées, on peut utiliser du fil dentaire pour accéder aux
interstices.
Un brossage efficace
nécessite trois minutes. Pour respecter ce temps, le sablier utilisé en
cuisine trouvera donc bien sa place dans la salle de bains ! Un test ludique
et instructif peut être réalisé avec des tablettes qui colorent la plaque
dentaire (achat en pharmacie). Celles-ci permettent de visualiser tous les
endroits où les bactéries restent ancrées et doivent faire l’objet d’un
brossage plus efficace.
Et le chewing-gum sans
sucre? Présenté parfois comme un palliatif au brossage, il faut plutôt le
considérer comme un plaisir rafraichissant. Il ne remplace en aucun cas le
brossage approfondi qui reste incontournable.
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1. Bien se
brosser les dents |
2. Diminuer
la consommation de sucre |
3.
Visiter
régulièrement le dentiste |
La brosse à dents
ne devra pas être trop grande pour pouvoir atteindre les endroits plus
difficilement accessibles de la bouche. Ses poils ne seront pas trop durs
pour ne pas blesser la gencive, mais suffisamment rigides pour pouvoir
frotter efficacement les dents. Elle doit être renouvelée à temps. La brosse
à dents électrique n’est pas indispensable. Quant au dentifrice, ce qui
compte, c'est le fluor qu'il contient. Le fluor favorise la
reminéralisation et rend l'émail des dents plus résistant. Il ralentit aussi
la production d'acides par la plaque dentaire. La dose de fluor contenue
dans le dentifrice suffit amplement. Il n'est pas utile d'en donner avant
l'apparition de la première dent.
Le sucre est l’ennemi
n°1 des dents, à combattre absolument, y compris pour préserver les dents de
lait, aussi précieuses que les définitives, et encore plus fragiles. En
effet, une carie sur une dent de lait risque de se propager aux dents
voisines, qui peuvent déjà être définitives, ou au germe de la dent
définitive qui remplacera la dent de lait.
Voici quelques conseils
pour éviter les attaques acides et sucrées sur les dents:
►
Limiter les repas
à quatre par jour et ne boire que de l'eau pure entre-temps. Manger les
aliments sucrés pendant les repas. Ne pas manger après s'être brossé les
dents le soir.
►
Prendre des
collations sans sucre ajouté. Privilégier le lait, le pain, les fruits,
légumes crus, noix, yaourts, fromages…
►
Boire de
préférence de l’eau. Eviter les boissons sucrées (grenadine, soda…) et ne
jamais ajouter du sirop ou du miel dans le biberon ou sur la tétine.
►
Eviter les sodas
(même “light”) qui contiennent beaucoup d’acide, très nocif pour les dents.
►
Eviter les
aliments qui collent aux dents comme les bonbons, les caramels et même les
chips dont l'amidon nourrit les bactéries.
La première visite de
l’enfant chez un dentiste est conseillée vers un an. L’enfant s’habitue
ainsi au rôle du dentiste. Une visite par an est indispensable. Un examen de
bouche préventif est d’ailleurs remboursable à 100% des tarifs de la
convention chaque semestre jusqu’à l’âge de 18 ans (voir ci-dessous).
Le dentiste va aider
l’enfant, au fur et à mesure de son suivi, à intégrer la technique de
brossage, effectuer un nettoyage et un polissage des dents, et, si
nécessaire, appliquer du fluor, un vernis ou une résine de protection. Il va
également déceler d’éventuels problèmes d’orthodontie et indiquer le
traitement adéquat en temps utile.
// Isabelle Thirion
>>
Retrouvez d’autres conseils,
fiches ludiques (pour enfants) et fiches pédagogiques
sur l’excellent site de la Fondation pour la santé dentaire:
www.SourirepourTous.be
(1) En cas d'ingestion répétée de doses trop importantes, le
fluor peut provoquer la fluorose qui se manifeste par l'apparition de taches
blanchâtres sur les dents. A un stade plus avancé, très rare chez nous, la
dent peut être fragilisée (C. Maillard: “Fluor, où en est-on?” dans
“Equilibre”, oct 2009).
L’inégalité se niche (aussi) dans les dents
La carie
dentaire diminue parmi les enfants et adolescents en Belgique, à l’image de
la plupart des pays industrialisés. Cependant, l’écart se creuse entre les
classes sociales.
Zéro carie : c'est l'objectif que s'est fixé la Fondation pour la Santé
Dentaire, le département prévention de l'association dentaire belge
francophone(1).
“L'amélioration de la santé-bucco-dentaire est spectaculaire, confie Michel
Devriese, coordinateur de la Fondation, mais il y a encore des progrès à
faire. Les caries ne constituent pas une fatalité et il est tout à fait
possible de garder ses dents intactes toute sa vie! Si beaucoup de jeunes
fêtent leurs 18 ans sans la moindre carie, d'autres sont très atteints.
Au-delà du lien marqué entre le mauvais état des dents et le niveau
socio-économique des familles, entrent aussi en jeu les habitudes
alimentaires (consommation fréquente de boissons et aliments sucrés) et une
mauvaise hygiène”.
La santé bucco-dentaire
est d’autant plus importante à maintenir qu’elle influe aussi sur la santé
générale de notre organisme. Des liens ont en effet été établis entre la
présence de maladies bucco-dentaires et des problèmes de santé (diabète,
maladies cardiaques, etc).
Un
remboursement à 100%
Afin de lever l’obstacle
financier de l’accès aux soins dentaires, en particulier pour les familles
économiquement défavorisées, les prestations de soins dentaires (à
l’exclusion de l’orthodontie) sont remboursées à 100% du tarif de la
convention pour les enfants jusqu’à leur 18ème anniversaire(2).
Les soins dentaires sont donc totalement gratuits chez les dentistes
conventionnés ou, pendant les heures de conventionnement, chez ceux qui sont
partiellement conventionnés. Pour éviter de débourser l’argent, les parents
peuvent demander au dentiste de ne rien lui payer directement, celui-ci se
faisant payer par leur mutualité (c’est le régime du tiers payant).
La gratuité a permis
d'augmenter de 10% les jeunes bénéficiant d'un suivi dentaire.
Malheureusement, 30% échappent encore à la prévention et aux soins,
probablement ceux appartenant aux familles les plus fragilisées. “Les
campagnes de sensibilisation menées dans les écoles par la Fondation pour la
Santé dentaire ou la Mutualité Chrétienne devraient être renforcées par des
rencontres directes avec les familles concernées dans le cadre de
micro-projets, dans les maisons de quartier, les CPAS...” explique
Maryse Van Audenhaeghe d'Infor Santé(3). Un gros
investissement donc. Mais que penser d'une sensibilisation dans les écoles,
si boissons sucrées et friandises y sont proposées et qu'un accès libre à
l'eau n'y est pas possible?
// IT
(1) Fondation pour la Santé Dentaire:
www.sourirepourtous.be
(2) Cette mesure, prise en 2005, a concerné d’abord les
enfants jusqu’à 12 ans. Elle a ensuite été étendue jusqu’à 15 ans, puis
jusqu’à 18 ans.
(3) Service de promotion de la santé de la Mutualité
Chrétienne
Caries et maladies de la gencive |
La bouche
contient des bactéries qui se nourrissent du sucre présent dans ce
que nous mangeons ou buvons. Ce faisant, elles produisent des acides
qui vont dissoudre l'émail de la dent. Heureusement ce processus est
contrecarré par la salive dont la composition neutralise l'acidité
de la bouche et reminéralise ou recalcifie l'émail, du moins si on
lui laisse le temps d'agir. Si l’on consomme sans cesse des boissons
ou aliments sucrés entre les repas, les dents baignent constamment
dans un milieu acide, et l'émail n'a pas le temps de se
reminéraliser. Ainsi, peu à peu, un trou - une carie - se forme.
Elle perce d'abord l'émail, s'attaque ensuite à la dentine (une
sensibilité au chaud et au froid apparaît) et aboutit à la pulpe, la
partie vivante de la dent qui contient les vaisseaux sanguins et le
nerf. Les bactéries ayant libre accès à la pulpe vont l'infecter et
la dent risque d'être perdue. C'est pourquoi il est crucial
d'éliminer, par le brossage des dents, les débris de nourriture qui
transforment la bouche, déjà très accueillante pour les bactéries
(elle est chaude, humide et les dents offrent un bon support), en
hôtel 5 étoiles. |
En combinaison avec les minéraux contenus dans la salive, la plaque
dentaire (le film de bactéries) se transforme aussi en tartre, un
dépôt dur et rugueux qui adhère fortement à la dent (et que le
brossage ne peut plus éliminer). Ce tartre, s'il n'est pas délogé
par le dentiste, favorise les maladies de la gencive et du parodonte
(tissus de soutien qui relient la dent à la mâchoire) qui peuvent
aller jusqu'à la perte des dents. Ce processus prend du temps, mais
malheureusement, il est déjà observé chez des adolescents.
// IT |
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