Maladies
(4 octobre 2012)
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|
© Science Photo Library/Reporters |
La
migraine compte parmi ces maux encore bien obscurs au regard de la
science médicale. Elle fait partie de ces douleurs complexes, difficiles
à cerner et à traiter. Une recherche en cours à l'UCL explore le sujet
avec la collaboration des premiers concernés.
En janvier
dernier, via le journal En Marche,
le Centre de recherche en santé et développement psychologique
(CSDP) lançait un appel. Une chercheuse en psychologie, Stéphanie
Miliche, invitait les personnes souffrant de migraine à une large
enquête dans le but d'améliorer leur quotidien. Son hypothèse de travail
touche aux compétences émotionnelles – c'est-à-dire à la manière dont un
individu identifie, exprime, comprend, utilise et régule ses émotions.
Ces dernières pourraient avoir un effet bénéfique sur la maladie
migraineuse, comme cela a déjà été démontré pour des patients
diabétiques ou asthmatiques. Il n'est pas question ici de taxer de
“psychosomatique” la migraine, en la classant sans suite comme une forme
de maladie imaginaire ou en répétant le refrain trop souvent entendu “c'est
dans la tête tout ça”. Mais il s'agit d'explorer comment et
jusqu'où la manière de gérer ses émotions peut avoir un impact sur la
migraine.
La
rigueur de l’enquête
Plus de 1.000
personnes ont rempli le questionnaire proposé par les chercheurs ravis
par l’afflux de réponses. Pour garantir la rigueur scientifique d'une
recherche de ce type, des critères très stricts de sélection ont été
appliqués aux différents participants. Au risque d’avoir écarté des
personnes au profil intéressant pour la recherche, remarque Stéphanie
Miliche, bien consciente de la rigidité des critères dans un tel
processus. 429 personnes ont ainsi été retenues pour une seconde phase
de travail. Avec elles, pas de doute possible: leurs maux correspondent
bien à ce que l'on définit comme des migraines. Ils ne souffrent pas de
céphalées de tension ou de névralgies vasculaires de la face, fort
similaires aux migraines, tout aussi invalidantes mais non concernées
par cette étude.
Moins
fréquentes et moins sévères
A ce stade de
l’enquête, quelques enseignements émergent déjà. Sans véritable
surprise, le stress, comme la fatigue, constituent des facteurs
déclencheurs de migraine dans de nombreux cas : trois fois sur quatre en
moyenne. Davantage que les variations hormonales ou l’alimentation.
Surtout, certaines compétences émotionnelles, notamment les capacités à
bien comprendre, réguler, mais aussi utiliser ses émotions, permettent
de réduire la fréquence des crises. Sans effets apparents sur la durée
des crises, ni sur leur intensité, ces compétences augmentent cependant
la qualité de vie. C’est pourquoi, la suite du programme de recherche
examinera l'influence que peut avoir un apprentissage à la gestion des
émotions. En quelques séances, les chercheurs entendent aider les
personnes qui souffrent de migraine à gérer mieux certaines de leurs
émotions, celles qui leur joueraient de vilains tours. Et juger du
résultat.
Des
émotions en jeu
L’enquête
révèle que les personnes migraineuses se montrent particulièrement
attentives aux émotions des autres. Elles s'inquiètent beaucoup de ce
que les autres vont penser. “Je suis contrariée et frustrée mais je
reste taiseuse vis-à-vis des autres”, explique une personne. Une
autre observe qu’avant ses migraines, “apparaît un sentiment
d'impuissance, la peur d'échouer, de ne pas atteindre mes objectifs, de
laisser une mauvaise impression aux autres”.
Elles ont
tendance à calmer le jeu, tentent d'éviter les explosions, s'empêchent
de piquer une colère, ont du mal à identifier leurs besoins, à les
exprimer. “Avant une crise de migraine, je ressens un agacement
extrême vis-à-vis des personnes qui m'entourent physiquement ou des
actes que ces personnes sont en train de réaliser à ce moment- là,
décrit un autre témoin. Cet agacement extrême, on pourrait même
parfois parler d'envie de tuer ou de détruire. Je dois alors prendre sur
moi et me contrôler et faire en sorte que cela reste invisible pour mon
entourage”. Et une autre personne d’expliquer: “Je râle
intérieurement puis je tombe dans un calme absolu”.
Un
apprentissage
Apprendre à
vivre des émotions comme la colère, la tristesse, la peur n’est aisé
pour personne. Les chercheurs distinguent cinq compétences pour ce
faire: identifier l’émotion, l’exprimer, la comprendre, la réguler,
l’utiliser. Ce sont ces compétences – en particulier les trois dernières
– que l’expérience en cours va chercher à renforcer au travers d’un
dispositif déjà éprouvé auprès du tout-venant. Afin d’en mesurer les
effets auprès des personnes souffrant de migraine, deux méthodes de
gestion du stress et des émotions seront dispensées en parallèle. Les
participants à l’étude doivent, quant à eux, répondre à un profil strict
: notamment avoir au moins deux crises de migraine par mois, ne pas
avoir changé de traitement prophylactique depuis deux ans. Ils
s’engagent également à compléter des questionnaires avant et après la
formation (trois mois, puis un an après la formation).
Ces dispositifs
devraient faire avancer la recherche pour tenter de fournir aux patients
des outils, en complément des traitements déjà existants, et aider dans
la gestion des migraines. Que ce soit préventivement ou une fois la
crise migraineuse déclarée. A suivre, donc.
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CATHERINE DALOZE
Participation à
l’étude en cours
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Le Centre de
recherche en santé et développement psychologique de l’UCL est encore à
la recherche de personnes souffrant de migraine. Pour ce faire,
plusieurs conditions doivent être remplies. Entre autres, avoir un
diagnostic de migraine posé par un médecin ; souffrir d'au moins deux
crises de migraine par mois. |
Les premières formations – dans le cadre de
la recherche - se déroulent durant les mois de novembre et décembre. Il
est désormais trop tard pour s’y inscrire mais de nouvelles séances de
formation seront organisées dans le courant des mois de février et mars
2013. Différents formats de formation seront disponibles : 3 journées de
6h, se déroulant le week-end ; ou 6 séances de 3h en soirée, à raison
d’une soirée par semaine. Les formations se dérouleront à
Louvain-la-Neuve, mais éventuellement dans d’autres villes, selon la
demande (Bruxelles et Liège).
>> Plus d’infos
auprès de
stephanie.miliche[at]uclouvain.be
ou par téléphone au 010/47.45.11. |
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