Défense des membres
(16 avril 2010)
> Lire également :
Les
accidents médicaux : la mutualité chrétienne aux côtés des victimes
Accidents médicaux: du neuf pour les victimes
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©
Jürgen Doom |
Droit des patients |
Le sort en est désormais jeté ! La loi “relative à
l’indemnisation des dommages résultant de soins de santé”
est publiée au Moniteur belge. Une formulation bien
compliquée, mais que signifie-t-elle vraiment pour les
victimes d’accidents médicaux ?
Pour le patient, la loi apporte deux grandes nouveautés :
> le droit à l’indemnisation d’accidents médicaux qui ne
sont pas causés par une faute d’un prestataire de soins,
moyennant des conditions strictes ;
> une procédure amiable de règlement de litiges via
l’intervention d’un nouveau “Fonds des accidents médicaux”.
Détaillons chacune d'entre elles. |
Un nouveau droit à une indemnisation
Celui
qui subit un dommage par la faute d’un prestataire de soins (dentiste,
infirmier, médecin, …) lors de soins de santé, conserve, comme aujourd’hui,
le droit de réclamer une indemnisation devant un juge. Pour ce faire, la
victime doit apporter la preuve de la faute, du dommage et du lien causal
entre cette faute et ce dommage (la preuve que le dommage dont elle a
souffert est bien causé par une faute). Si la victime peut prouver la
responsabilité (ce qui est souvent très difficile), l’assurance en
responsabilité civile du prestataire de soins se chargera d’indemniser le
dommage.
La loi introduit maintenant un nouveau
droit pour la victime. Celle-ci peut désormais obtenir une indemnisation
pour des dommages résultant d’un accident médical sans que le prestataire de
soins n’en soit responsable.
Il existe cependant des conditions strictes
pour pouvoir prétendre à cette indemnisation.
1.
La responsabilité d’un prestataire de soins
ne doit pas être engagée.
2.
Le dommage ne peut pas résulter de l’état du patient .
3.Le
dommage doit présenter un “caractère anormal”.
Mais qu’impliquent précisément ces
conditions ?
1.
La première condition va de soi. Si un
prestataire de soins est responsable de l’accident médical, ce sont les
règles normales de responsabilité qui s’appliquent.
2.
L’accident ne peut pas résulter de l’état
du patient. La loi poursuit comme objectif d’indemniser le préjudice
imprévisible d’un accident médical, comme par exemple les effets secondaires
imprévus ou peu probables d’un traitement. Des dommages prévisibles, liés à
l’évolution de la maladie ou de la pathologie du patient, n’entrent pas en
considération. L’évaluation devra se faire au cas par cas.
3.
La troisième condition - le dommage doit
présenter un “caractère anormal” - requiert quelques explications
supplémentaires. Quand un dommage peut-il être qualifié “d’anormal”?
Quand il n’aurait pas dû se produire,
compte tenu de plusieurs éléments: l’état de la science au moment où la
prestation de soins de santé a été effectuée, l’état du patient et son
évolution objectivement prévisible.
Si l’accident répond à ces trois conditions
d’“accident médical sans responsabilité”, le dommage doit encore
présenter un seuil de gravité minimal pour finalement pouvoir faire l’objet
d’une indemnisation. Ces conditions minimales de gravité (dont une seule
doit être satisfaite) sont fixées légalement et sont loin d’être
négligeables. La loi mentionne ainsi que le patient doit être atteint d’une
invalidité physique permanente d’au moins 25%, être en incapacité de travail
durant au moins six mois sur une période d’un an ou être décédé des suites
de l’accident médical. Lorsque “le dommage occasionne des troubles
particulièrement graves, y compris d’ordre économique, dans les conditions
d’existence du patient”, la loi considère aussi que le dommage est
suffisamment grave.
Certains dommages sont exclus de cette
possibilité d’indemnisation, comme ceux qui trouvent leur origine dans des
interventions esthétiques qui ne sont pas remboursables par l'assurance
soins de santé obligatoire. Ou des dommages consécutifs à une
expérimentation, car ces derniers sont pris en charge par une loi
particulière.
Le Fonds des accidents médicaux, financé
par l’INAMI, paiera l’indemnisation en cas d’accident médical sans
responsabilité. Le Fonds n’est pas encore en place actuellement. Il ne sera
constitué au plus tôt qu’en septembre 2010.
Une nouvelle procédure amiable
Jusqu'à
présent, en matière d'accidents médicaux,
les litiges devaient passer par un juge. Ils pourront transiter par la voie
du nouveau “Fonds des accidents médicaux” (dès sa mise en place). La
nouvelle loi introduit un “systèmes à deux voies”. La victime de dommages
résultant de soins de santé a le choix de demander une indemnisation soit au
juge, soit au “Fonds des accidents médicaux”. Et si la victime conteste la
solution proposée par le Fonds, elle garde la possibilité de se tourner
ensuite vers le juge.
La victime pourra donc s’adresser au Fonds
des accidents médicaux, tant en cas d’accident médical sans responsabilité,
que si la responsabilité d’un prestataire de soins est engagée. Le Fonds
remettra en effet un avis, tant sur la responsabilité que sur le degré de
gravité du dommage.
Le prestataire de soins est responsable
Si un prestataire de soins est responsable
du dommage, le Fonds invitera son assureur à formuler une offre
d’indemnisation. La victime pourra demander au Fonds un avis sur l’offre
d’indemnisation de l’assureur. Si le Fonds estime que cette offre est
insuffisante, il formulera lui-même une nouvelle offre et indemnisera la
victime à la place de l’assureur du prestataire responsable.
Si l’assureur conteste la responsabilité,
le Fonds prendra également en charge l’indemnisation, à condition que le
dommage réponde à l’un des critères légaux de gravité (lire ci-contre).
En l’absence d’assureur ou si le
prestataire de soins est insuffisamment assuré, le Fonds fera lui-même une
offre d’indemnisation.
Le prestataire de soins
n’est pas responsable
S’il s’agit d’un dommage consécutif à un
accident médical sans responsabilité, tel que défini par la loi, le Fonds
formulera une offre d’indemnisation, dans la mesure où le dommage est
suffisamment grave.
S'adresser au Fonds n’est pas obligatoire,
mais le législateur a voulu introduire un système plus rapide, plus
efficace, plus simple et moins cher qu’une procédure judiciaire. La
procédure devant le Fonds est gratuite et fixe des délais dans lesquels les
différentes actions doivent être entreprises.
L’avenir nous dira si l’objectif du législateur sera atteint dans la
pratique. Mais dans tous les cas, grâce à ce nouveau système, un
certain nombre de victimes d’accidents médicaux sans responsabilité
pourront désormais bénéficier d’une indemnisation. Et ce, pour
autant que le dommage soit suffisamment grave.
// Service Défense des Membres
Département juridique de la MC |
Entrée en vigueur
de la loi |
La loi relative à l’indemnisation
des dommages résultant de soins de santé a été publiée au Moniteur
Belge du 2 avril 2010.
Le Fonds, entièrement nouveau, doit
encore être mis sur pied. Les demandes d’avis au Fonds ne seront
possibles qu’à une date à fixer par arrêté royal. |
Pour les dommages
causés par un fait postérieur au 2 avril 2010, une demande d’avis au
nouveau Fonds sera également possible.
Pour les dommages
causés par un fait antérieur au 3 avril 2010, les règles normales de
responsabilité s’appliquent et une demande d’indemnisation peut être
introduite devant un juge ou dans le cadre d’une procédure à
l’amiable avec l’assureur. |
Que fait la Mutualité chrétienne pour vous ? |
Comme c’est déjà le cas aujourd’hui, la Mutualité chrétienne
souhaite assister ses membres dans le traitement d’une plainte liée
à un accident médical. Elle tiendra compte à l’avenir de l’existence
du nouveau Fonds des accidents médicaux.
Ce Fonds permettra non seulement
d’obtenir un avis sur la responsabilité, mais aussi de faire
indemniser les membres de la Mutualité, victimes d’un accident
médical sans responsabilité et ayant entraîné un préjudice très
important.
La Mutualité pourra, le cas
échéant, rédiger avec vous votre demande au Fonds et vous assister
lors de la procédure. Mais il faut d’abord que le Fonds soit
opérationnel. Créé sur papier, il devrait être effectif dans
plusieurs mois.
Pour toute question ou plainte
relative à un accident médical, vous pouvez vous adresser au service
Défense des membres de votre mutualité. Leurs coordonnées sont
disponibles au numéro gratuit 0800 10 9 8 7. |
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