Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Mutualité service - Défense des membres (5 avril 2012)


► Lire également : Loi relative aux droits du patient

Vivre les droits du patient !

© Istockphoto

Malgré ses dix ans d’existence, la loi sur les droits du patient reste largement méconnue. Le commun des mortels ignore très souvent son existence et, en conséquence, les droits qu’elle lui reconnaît. Par exemple, le droit de recevoir une information claire et compréhensible sur son état de santé, celui de marquer son accord pour un traitement, celui de recevoir des soins contre la douleur, etc.

Les droits du patient restent largement méconnus. Aux yeux du service défense des membres de la Mutualité chrétienne et d’Altéo (mouvement social de personnes malades, valides et handicapées), il est essentiel de la combler, de redire de quoi il s’agit. La journée européenne des droits du patient – le 18 avril – constitue une occasion supplémentaire de réinsister (lire ci-contre). Malheureusement, trop souvent, on ne prend conscience de l’importance de ces droits que lorsqu’un problème ou une incompréhension avec le prestataire de soins survient : lorsqu’arrive une facture dont on ne soupçonnait pas l’ampleur, faute d’en avoir été averti ; lorsque l’on sort d’une consultation sans avoir vraiment compris de quoi il retournait ; lorsqu’on est insatisfait des soins prodigués ; lorsque, face à un proche dans le coma, il faut déterminer qui décidera de la suite de la thérapie… La loi fixe un cadre nécessaire dans la relation entre les patients et les prestataires de soins (en ambulatoire ou à l’hôpital – avec médecin, infirmier, dentiste, pharmacien, kinésithérapeute… mais aussi ostéopathe, acupuncteur). Elle détermine utilement le champ à partir duquel pourront être traitées les plaintes éventuelles. Surtout, elle permet au patient d’obtenir des informations claires concernant son état de santé et les soins qui lui sont proposés ou dispensés.

A partir de cas concrets, de situations inspirées du réel, la Mutualité illustre l’exercice des différents droits du patient. Voici quelques exemples tirés de la brochure en ligne “Droits des patients”(1), afin de mieux comprendre l’intérêt du texte légal, ses implications pratiques.

> Frank vit avec Fatima. Fatima est originaire du Maroc. Elle fait de son mieux pour maîtriser le français, mais a encore de nombreuses difficultés. Elle souffre depuis un certain temps de problèmes de digestion. Sur les conseils de son médecin, elle a déjà consulté un spécialiste à plusieurs reprises. Cependant, elle a beaucoup de peine à le comprendre. Frank a proposé d’être présent lors de la prochaine consultation, mais cela lui est refusé car il n’est légalement pas de la famille. Comment Fatima peut-elle dès lors recevoir une information correcte?

Au regard des droits du patient : le patient a droit à toute l’information relative à son état de santé afin d’être en mesure de comprendre le diagnostic, le comportement à adopter pour maintenir son état de santé et l’évolution possible. Cette information doit être donnée dans une langue claire et compréhensible, adaptée à chaque patient. Fatima ne maîtrise pas encore parfaitement la langue mais elle n’est ni de mauvaise volonté, ni incapable de comprendre. Elle souhaite que quelqu’un l’assiste et l’aide à tout comprendre. Dans ce cas, elle peut faire appel à Frank en tant que “personne de confiance”. Elle doit le signaler par écrit au prestataire de soins, en mentionnant clairement l’identité de la personne de confiance. Que ce dernier ne soit pas de sa famille n’a pas d’incidence. Elle peut éventuellement également s’adresser à son généraliste, qui demandera l’information nécessaire au médecin spécialiste.

> Didier est chirurgien et ami de longue date de Sarah, laquelle a été opérée à l’âge de 18 ans d’un grave problème cardiaque. Aujourd’hui, Sarah va bien mais son état reste fragile. Lors d’une visite de contrôle, le médecin traitant de Sarah constate l’existence d’un sérieux problème médical chez elle. Provisoirement, il décide de ne rien lui dire car il craint qu’elle ne soit pas à même de faire face à cette nouvelle mais il en avertit Didier en tant que personne de confiance de Sarah.

Au regard des droits du patient : le médecin traitant de Sarah constate de nouvelles informations médicales mais il estime que Sarah n’est, à ce moment là, pas prête à les entendre. Sa décision de ne rien lui dire constitue une exception au droit à l’information médicale du patient. Pour des motifs thérapeutiques, un médecin peut attendre avant de communiquer certaines informations à son patient. Il doit toutefois consulter un collègue et, le cas échéant, entendre la personne de confiance du patient. Didier connaît bien Sarah et est donc à même de juger de la capacité de cette dernière à recevoir la mauvaise nouvelle. Il peut donc soit donner au médecin traitant de Sarah des arguments démontrant que ses craintes ne sont pas fondées, soit lui faire comprendre qu’il est effectivement préférable, pour le moment, de ne pas communiquer cette information. Le prestataire de soins devra toujours noter l’application de cette “exception thérapeutique” dans le dossier de son patient. Dans la pratique, comme dans cet exemple, cette exception ne peut être que temporaire. Si un nouveau problème médical exige un traitement adapté, Sarah devra donc en être informée.

> Germaine est une dame âgée mais encore très alerte. En raison d’une douleur croissante à la hanche droite, le médecin de la maison de retraite l’oriente vers un spécialiste qui propose de placer une prothèse de hanche. Les dispositions sont immédiatement prises et la date d’admission est fixée. En raison de son grand âge, elle s’inquiète de cette intervention et commence à douter. S’en sortira-t-elle ? Selon un ami médecin, il est possible d’apaiser la douleur au moyen d’analgésiques.

Au regard des droits du patient : Germaine a le droit de renoncer à la pose d’une prothèse de hanche. Même si elle a donné son consentement, elle peut toujours le retirer. Elle doit cependant le faire de manière explicite, donc de préférence par écrit et par pli recommandé, pour éviter toute contestation ultérieure. Un simple coup de téléphone ne suffit pas. Etant donné que l’admission et l’intervention sont déjà planifiées, elle a tout intérêt à en informer le plus rapidement possible le médecin et l’hôpital.

> Emma est hospitalisée dans un hôpital universitaire. Elle subit une lourde intervention. Après un court séjour en salle de réveil, Emma demande de pouvoir se reposer dans sa chambre. A moitié groggy, elle entend parler, depuis le couloir, de “son cas”, avec mention de divers documents et d’examens effectués. La couverture posée sur elle est soulevée deux fois et les étudiants viennent en groupe “jeter un coup d’œil”. Entre-temps, le mari d’Emma est arrivé mais doit attendre dans le couloir. Emma sait que chacun doit pouvoir apprendre son métier mais, cette fois, c’en est trop.

Au regard des droits du patients : le patient bénéficie du droit à l’intimité. Il est ici question d’un hôpital universitaire où de nombreux prestataires suivent des stages de formation. S’il est vrai que l’expérience pratique est essentielle pour apprendre son métier, le patient doit être préalablement informé d’éventuelles visites ou rencontres de ce type. Par ailleurs, il a toujours le droit de refuser, pour autant que la présence de ces personnes ne soit pas nécessaire pour un bon traitement. En outre, dans le cas présent, le mari d’Emma a dû rester dans le couloir alors qu’Emma avait explicitement requis sa présence.

> Iris a été admise à l’hôpital. Après quelques jours, le médecin n’est toujours pas passé. Elle n’est pas satisfaite de l’information qu’elle reçoit et du manque de contacts avec son médecin. A qui peut-elle s’adresser?

Au regard des droits du patient : la loi conditionne l’agrément des hôpitaux, entre autres, à la création d’un service de médiation. Ce service, joignable au sein même de l’hôpital, est en principe rapidement accessible. Iris pourra donc lui faire part de ses plaintes, durant son séjour. Le service de médiation tentera de trouver rapidement une solution ; il encouragera la patiente à prendre d’abord contact avec le praticien concerné. Il est important de signaler que la médiation n’est possible que si toutes les parties concernées se déclarent prêtes à collaborer, tant le patient que le prestataire.

Si la médiation n’aboutit pas à un résultat satisfaisant, le service de médiation devra informer le patient des autres possibilités de traitement de la plainte, par exemple en faisant appel au service défense des membres de la mutualité(2), au tribunal…

Si la plainte d’Iris avait concerné un prestataire de soins en soins ambulatoires (actif en dehors de l’hôpital, comme un généraliste, un spécialiste en pratique privée, un dentiste, un médecin dans une maison de repos…), elle aurait dû alors s’adresser au service fédéral de médiation “Droits du patient” (voir www.patientrights.be).

Conclusions

Le droit à l’information apparaît comme primordial aux côtés d’autres comme le droit à consulter le dossier médical, le droit à la protection de la vie privée et à l’intimité, le droit au libre choix du prestataire de soins etc. Etre informé, c’est en effet conserver sa place d’acteur à part entière dans le trajet de soins, rester au centre. La loi vient alors comme une recommandation insistante : oser s’informer, oser poser des questions si l’on ne comprend pas, oser interroger, c’est son droit en tant que patient.

//CD

(1) Lire dans son entièreté sur www.mc.be/vosdroits

(2) Les coordonnées du service défense des membres de la Mutualité, dans votre région, sont disponibles au numéro gratuit 0800 10 9 8 7.


Réagir à cet article

haut de page