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Europe (20 février 2014)

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La santé des Européens en péril

© Linda Léonard/CNE

Les politiques d’austérité menées en Europe démantèlent les systèmes publics de santé et la protection sociale. La dégradation de l’état de santé d’une partie croissante de la population en est un indicateur. Un vaste réseau européen d’associations, de syndicats et de plateformes tire la sonnette d’alarme et lance un manifeste à la veille des élections européennes.

La crise, par les dégâts sociaux et sanitaires qu’elle engendre, augmente les besoins de soins de santé et de protection sociale. Mais au même moment, les politiques d’austérité censées résoudre cette crise réduisent les possibilités d’accéder aux soins. Conséquence? La crise sanitaire et sociale s’accroît. “Tel est le cercle vicieux dans lequel sont enfermés les peuples d’Europe”, constate le Réseau européen de lutte contre la privatisation et la commercialisation de la santé et de la protection sociale.

Les soins agissent pour 25% dans l’état de santé de la population et les déterminants que sont le logement, le travail, l’alimentation... interviennent pour 75%. De toutes parts, la situation s’est brutalement aggravée ces dernières années un peu partout en Europe”, expliquait Yves Hellendorf, membre de la Plateforme belge “Santé et solidarité”, lors du lancement de la campagne de mobilisation du Réseau européen, le 7 février dernier à Bruxelles. Les délégations venues ce jour-là de toute l’Europe ont pu en témoigner. Ainsi, en Grèce, par exemple, plusieurs clignotants sont au rouge : réapparition d’infections comme la malaria ou la tuberculose, régression de la vaccination, augmentation de la mortalité périnatale...

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) constate elle-même les dégâts et l’aggravation des inégalités sociales de santé, mais les Etats poursuivent leurs politiques d’austérité contre vents et marées”, dénonce le Réseau.

Epidémie de privatisations

Dans son manifeste, nombreux exemples à l’appui, le Réseau européen démonte les mécanismes qui, d’un bien commun pour toute la population, transforment progressivement la santé en objet d’un marché concurrentiel. Il pointe tout particulièrement la responsabilité de l’Europe. En effet, sur la base des deux principes fondateurs que sont la libre concurrence et la libre circulation des personnes, des biens et des services, l’Union européenne (UE) ouvre largement les portes du secteur de la santé aux entreprises commerciales. Par ailleurs, les politiques d’austérité impulsées ou imposées par l’UE se traduisent par une réduction massive des financements publics et solidaires des systèmes de santé. Les conséquences – et leur degré de gravité – sont variables selon les pays mais la tendance commune est à la dégradation de la couverture sociale, au report du coût des soins sur les usagers et à une dualisation du secteur de la santé.

Le désengagement public permet en effet aux fonds d’investissements et autres holdings de s’engouffrer dans le marché de l’assurance santé complémentaire. C’est le cas aux Pays-Bas, par exemple, où de nouvelles lois ont mis en œuvre un financement assurantiel privé couvrant des paquets de soins. Comme les primes sont adaptées au risque individuel, la rentabilité du système est garantie aux actionnaires. “La spécialisation des groupes commerciaux autour des pathologies les plus lucratives laisse les moins ‘rentables’ de celles-ci aux opérateurs publics”, observe le Réseau.

Autre phénomène inquiétant : la privatisation, parfois à grande échelle, qui a cours dans le secteur hospitalier. Ainsi, en Allemagne, en quinze ans, la proportion des hôpitaux privés a doublé pour atteindre 33%, alors que le nombre total des hôpitaux a diminué de 11%.

Les cheveux gris attractifs

L’insuffisance des financements publics conduit aussi de nombreux gestionnaires d’hôpitaux, même publics, à sous-traiter des services logistiques (nettoyage, cuisine...) mais aussi des activités diagnostiques (radiologie, laboratoire…). “Dans le même temps, les firmes pharmaceutiques, les producteurs de matériel ou d’appareils médicaux soutirent une part non négligeable des moyens qui devraient être mis à disposition du bien-être de la population, au profit de leurs actionnaires”, accuse le Réseau qui constate que la commercialisation gagne aussi du terrain dans le secteur des maisons de retraite, le business de “l’or gris” attirant de grands groupes immobiliers et financiers.

Changer l’Europe

En publiant son manifeste à quelques mois des élections européennes, le Réseau entend alerter les citoyens et les professionnels de la santé sur les conséquences de la politique de privatisation/commercialisation qui envahit le secteur de la santé. Il nous invite à interpeller les candidats aux élections européennes en leur demandant quel modèle de protection sociale ils défendent. “La santé n’est pas une marchandise. Il est d’ailleurs scientifiquement et économiquement démontré que le système non marchand, solidaire et universel, est largement plus efficient que le système privé marchand”, assure le Réseau.

//JD

>> Le Manifeste européen est consultable sur www.sante-solidarite.be • 02/209.23.64

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