Coopération
(20 février 2014)
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“Les mouvements sociaux, ça bouge !”
 Après le travail décent et le droit à la santé, Solidarité mondiale, lance une nouvelle campagne de sensibilisation. Son thème: les mouvements sociaux. L'ONG du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) souligne ainsi l'importance de voir émerger, au Nord comme au Sud, une société civile qui pèse dans les débats.
“Si aujourd'hui vous conduisez vos enfants à l'école, c'est parce que des parents les ont sortis de l'usine.” En lettres capitales, cette phrase traverse la photographie de Lewis Hine, photographe américain qui dénonçait, au début du 20e siècle, les conditions de travail des ouvriers et le labeur des enfants. Le message fait mouche. Il est percutant parce qu'il rappelle les difficiles conditions de travail endurées par les ouvriers au fort de l'industrialisation belge, il n'y a pas si longtemps. Cette phrase et cette photo font émerger des mots tels que “revendication”, “grève” ou encore “mobilisation générale”.
Avec cette affiche, Solidarité mondiale rappelle les acquis durement obtenus, notamment grâce à l'action des mouvements sociaux. Le suffrage universel, la semaine des 40 heures, les congés payés, le salaire minimum garanti… n'auraient peut-être pas vu le jour si les pavés n'avaient pas été foulés, hiver comme été, par des hommes et des femmes mobilisés au sein d'un projet commun, capables de porter, au nom de la collectivité, leurs revendications auprès du patronat et du monde politique.
Des mouvements mis à mal
Si la société civile a pris sa place en Occident, c'est loin d'être le cas partout dans le monde. À vrai dire, il semble que la reconnaissance et la marge de
manœuvre des mouvements sociaux soient fort inégales selon leur positionnement géographique. Dans les pays développés, les syndicats, même si ça ne se passe pas sans difficultés, sont invités aux tables de négociations et y défendent les intérêts de leurs membres. Dans les pays en développement, par contre, leurs représentants sont souvent intimidés, fréquemment muselés et parfois incarcérés si leurs revendications déplaisent. C'est le cas actuellement au Cambodge où 21 syndicalistes sont emprisonnés pour avoir demandé, lors d'une manifestation – lourdement réprimée par les autorités –, une hausse du salaire minimum des travailleurs du textile de 80 à 160 dollars, montant nécessaire pour assurer une vie décente.
 La clé du changement
Face à ces inégalités criantes, Solidarité mondiale entend défendre l'émergence et la reconnaissance des mouvements sociaux à travers le monde. Notamment parce que l’ONG les considère comme un fabuleux moteur de développement. “Notre vision de la coopération, précise Arnaud Gorgemans,
ce n'est pas donner un poisson à une homme pour qu'il mange un jour. Ce
n'est pas non plus lui apprendre à pêcher pour qu'il mange toute sa vie. C'est
aider cet homme à s'organiser pour faire valoir ses droits économiques, sociaux
et culturels. Et le coordinateur de Solidarité mondiale de préciser:
Plus que la charité ou la condescendance, les mouvements sociaux sont la clé du
changement.”
Une vision partagée par Alda Greoli, Secrétaire nationale de la Mutualité chrétienne et vice-présidente de Solidarité mondiale : “Sans mouvement social, la coopération reste juste un moyen économique de croissance. Avec le mouvement social, cela devient un vrai projet de société démocratique”(1).
La visibilité de la campagne
La stratégie de communication mise en œuvre par Solidarité mondiale s'organisera selon deux phases. La première consiste à démontrer l'utilité des mouvements sociaux en mettant en avant les acquis sociaux obtenus dans le passé. De là, les affiches qui interpellent. L'ONG propose également des formations sur ce thème à toutes ses organisations partenaires comme Vie féminine, la Mutualité chrétienne, les Équipes populaires, la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne)…
Ensuite, la deuxième phase mettra le focus sur les mobilisations nécessaires aujourd'hui au niveau mondial, au Nord comme au Sud. Des actions concrètes seront menées sur le terrain. Par exemple, pour commémorer le premier anniversaire du drame qui s'est joué au Bangladesh dans l'industrie textile, où plus de 1.100 travailleurs sont morts dans l'effondrement de leur immeuble, une action d'interpellation des marques de l'habillement aura lieu le 24 avril. Des actions de sensibilisation auront aussi lieu lors de la semaine internationale à la fin du mois de mars, avec l’accueil de partenaires africains de l’ONG à Verviers, Liège, Tournai et Mons.
Officiellement, la campagne est lancée, avec son mot d'ordre : “Vous avez un pouvoir, ne le sous-estimez pas !”
//MaC
>> Plus d'infos par téléphone au 02 246 38 81 ou sur le site de
Solidarité Mondiale :
la campagne, présentation et agenda.
(1) “Faire mouvement social” dans Ici et là-bas n°91, avril-mai-juin 2013.
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