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La mutualité au Mali

En route vers les campagnes!

Entre Tombouctou et Bamako, la région de Ségou couvre un territoire vaste comme deux fois la Belgique. Le 21 février dernier, les bureaux de l’Unité opérationnelle de la mutualité malienne ont été inaugurés à Ségou. Les griottes(1) chantent les louanges de la Ministre du développement social, de la solidarité et des personnes âgées, qui s’est déplacée dans sa ville natale pour l’occasion.

L’Union technique de la mutualité malienne (UTM) réalise un travail important pour le développement des mutuelles de santé au Mali dans ce pays. Elle élabore des études qui lui permettent de développer des prestations de santé mais accompagne aussi la création de mutuelles de santé. Elle est la structure de référence dans ce domaine pour l’État malien. Implantée dans la capitale, l’UTM a entrepris d’ouvrir des bureaux régionaux en zone rurale afin d’apporter un appui de proximité aux différentes initiatives locales. Le Mali est en effet un pays vaste de 1.240.000 km2, soit presque 40 fois la Belgique ! Seydou Ouattara, responsable du nouveau bureau de Ségou, sera normalement rejoint par deux autres personnes dans les deux ans.

L’organisation des soins de santé

Le Mali est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest. Comme dans tous les pays du tiers monde, la santé y est très précaire. Les secteurs publics, privés, traditionnels et communautaires coexistent dans le système sanitaire et proposent une offre de soins très inégale aux différentes couches de la population. Le système des soins de santé est organisé de façon pyramidale. A la base, le réseau des centres de santé communautaires, puis les centres de santé de référence de cercle, les hôpitaux régionaux et enfin, l’hôpital universitaire national. Pour accéder à l’échelon supérieur de soins, le patient doit avoir été référé par le niveau inférieur.

Depuis le début des années 90, le Mali a développé un vaste réseau de centres de santé communautaires, où sont dispensés les soins primaires gérés par des associations de santé communautaires. Aujourd’hui, plus de 500 de ces centres de santé, tenus pour la plupart par des infirmiers, sont fonctionnels à travers le pays, dont environ 300 en zone rurale. Malgré cette augmentation significative de la couverture sanitaire, l’utilisation des services de santé demeure très faible. Elle est estimée à moins de 0,3 contact par personne et par an. “ Quand le Belge consulte pour la 35ème fois, le Malien se rendra pour la première fois chez le médecin ”, dira Babassa Djikine, Président de l’UTM. “On s’est rendu compte que la présence d’un médecin dans les centres de santé communautaires avait un impact très positif. A l’heure actuelle, on compte 63 médecins pour 500 centres de santé encouragés à s’installer, à la campagne surtout, par l’organisation Santé Sud qui vise la médicalisation des zones rurales du pays”.

 

Des obstacles

La plupart des centres de santé et les hôpitaux souffrent d’un dénuement total en matériel et d’un délabrement général des infrastructures. Les hôpitaux publics sont désaffectés par les médecins, qui préfèrent travailler dans le privé, et deviennent ainsi les hôpitaux des pauvres. La fuite des cerveaux mine également le système : “le Mali a des médecins en pagaille mais ce dont il a réellement besoin c’est de chirurgiens, d’anesthésistes, de directeurs d’hôpitaux. Il faut permettre aux gens de gagner correctement leur vie mais, en contrepartie, il faut travailler et développer le travail d’équipe ”, nous dira Hubert Balique, un expert qui travaille sur la réforme hospitalière du pays. Le manque de revenus est un frein à l’accès aux services sociaux de base pour beaucoup de Maliens. Les malades consultent tardivement par peur du coût, mais le diagnostic se révèle souvent d’autant plus grave. Des soins plus importants sont nécessaires qui demanderont plus de moyens, d’où l’impasse pour ces personnes. Des mécanismes de solidarité traditionnelle jouent bien sûr au Mali mais les difficultés économiques rendent de plus en plus compliquée la mobilisation rapide de montants parfois fort importants.

A Ségou, par où commencer ?

Plusieurs embryons de mutuelles existent déjà dans la région de Ségou, mais elles sont en demande d’un accompagnement intensif et de proximité.

Pour Mama Diallo Diakite, présidente de la coordination des associations féminines, “ le problème de la mutualité est un problème d’actualité car on manque d’information autour de ce sujet. Les condiments, les frais de santé, les frais d’éducation retombent sur la femme. L’idée d’être ensemble et de cotiser est déjà là au sein de nos groupements. On pourrait réinvestir une partie des fonds de l’association féminine dans une mutuelle. ”  Quant à Mamadou Iba Kouyaté, le doyen de la mutuelle de santé de San (Musas), il affirme que “ nous apprendre à mieux gérer, à mieux exploiter nos possibilités sera le meilleur réconfort ”. Cette mutuelle se heurte en effet à un problème de remboursement élevé des ordonnances, la mutuelle n’étant pas parvenue à négocier avec ses affiliés le seul remboursement des médicaments génériques.

L’antenne de Ségou devra pouvoir répondre à ces demandes très précises par des activités de formation, d’échanges, des études de faisabilité et l’organisation de la semaine de la mutualité pour davantage sensibiliser la population ségovienne. La construction d’un réseau de relais dans les villages se fera grâce à la formation d’au moins trois animateurs villageois dans chaque village intéressé par les activités du projet.

L’UTM Ségou cherchera aussi à construire des synergies avec les projets de développement à caractère économique pour améliorer le niveau de revenus de la population et les acteurs du secteur des soins de santé afin de développer l’offre de soins de santé disponible.

 

Anderlues, partenaire dans la Cité des Balanzans

Une autre aventure a démarré le 21 février dernier: celle du partenariat entre l’antenne régionale de Ségou et la Mutualité chrétienne du Centre, de Charleroi et de Thudinie. Si, comme le dit ce proverbe “ nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à donner, nul n’est trop riche pour n’avoir rien à recevoir ”, quels sont concrètement les “ termes de l’échange ” ? Outre l’appui financier qui couvrirait entre autres le renforcement de l’Unité de Ségou, le développement d’activités génératrices de revenus avec des groupements féminins et l’approvisionnement d’un Centre optique, des activités d’échanges et d’information seront mises en place par la MC d’Anderlues.

Pour pauvre qu’il soit, le Mali a également beaucoup de choses à offrir : une musique fascinante, une histoire ancienne, des villes célèbres, un art narratif passionnant, les bogolans (étoffes traditionnelles aux teintes naturelles), une mode spontanée. Et surtout un art de vivre fait de patience, de tolérance et de joie de vivre. Les relations parents-enfants, l’intégration des personnes âgées reposent sur des principes dont nous pourrions également nous ré-inspirer.

Chez nous, nous sommes beaucoup plus affairés et stressés. Les gens prennent peu de temps les uns pour les autres, ils sont trop occupés par eux-mêmes. Au Mali, il règne une atmosphère joviale, décontractée. Les gens parlent entre eux : au marché, sous un arbre, dans les transports en commun. De tout et de rien : de la foi, des relations sociales, des paroles d’une chanson. Pour Didier Cornet de la mutualité d’Anderlues, ce commencement de partenariat avec le Mali peut enfin être l’occasion d’un retour aux sources pour notre propre mouvement. “ Le problème chez nous, c’est que nombreux sont ceux qui paient leur cotisation comme ils paient leurs impôts. Nous avons envie de dire à nos membres : n’oubliez pas que ce que vous avez aujourd’hui, vos ancêtres se sont battus pour l’avoir. Il y a un esprit de fondation et de solidarité à retrouver chez nous. C’est un combat de tous les jours pour convaincre nos membres et éviter le repli sur soi”.

Enfin, les gens seront au cœur des relations d’échanges qui vont se nouer et des liens qui seront tissés. Des gens qui auront certainement envie de comprendre les mécanismes qui ont fait et qui font toujours que notre planète est aussi injustement développée.

Valérie Van Belle

(1) Poètes musiciennes, dépositaires de la tradition orale

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