Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Coopération (19 septembre 2002)

 

Europe

 

Trois États baltes

ballottés entre passé et modernité

 

L’Union européenne accueillera de nouveaux États membres dans les prochaines années. Nous poursuivons dans ce numéro le tour des pays concernés (1). Gros plan cette fois sur les trois pays baltes que sont l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Les seules anciennes républiques de l’Union soviétique qui, dès 2004, intègreront l’Union européenne.

 

L’Estonie, située la plus au nord, compte 1,4 millions d’habitants. Afin que la transition vers une économie de marché libre se déroule le mieux possible, une collaboration importante s’opère avec les pays scandinaves. Le produit national brut annuel par habitant atteint 7.624 dollars américains. Il y est plus élevé qu’en Lettonie et en Lituanie. Toutefois, cette nouvelle richesse n’est pas bien répartie sur l’ensemble de la population. Le taux de chômage a augmenté ces dernières années pour atteindre 12,5 % et quasi 6 % des Estoniens sont confrontés à la sous alimentation.

En Lettonie également (3,7 millions d’habitants), les différences sociales entre riches et pauvres n’ont fait qu’augmenter. Près de 13 % de la population active n’a pas de travail et l’espérance de vie y est encore très faible: 65 ans pour les hommes et 76 ans pour les femmes.

Une situation analogue existe en Lituanie où les pouvoirs publics ne font pas de la sécurité sociale une priorité: l’aide sociale a chuté entre 1997 et 2001 de 2 à 1,7 % du PNB et le financement des soins de santé de 3,7 à 3,3 %.

Il est évident que les pays baltes sont encore confrontés à l’héritage financier, mais aussi idéologique du passé communiste. La sécurité sociale n’était pas considérée comme un “droit social”, mais plutôt comme un “privilège”, par rapport auquel le citoyen n’a aucun droit de parole. Le financement des soins de santé est généralement assuré par des moyens fiscaux mais un véritable système d’assurance reposant sur les cotisations sociales perçues sur le salaire des travailleurs n’est introduit qu’à toute petit dose. La sécurité sociale et l’assistance sociale sont considérées comme un ensemble, ce qui rend le choix quant à l’utilisation des moyens financiers déjà rares très difficile lorsqu’il faut opter pour les malades ou pour les pauvres.

Ces dernières années, ces pays se sont démarqués du système centralisé en introduisant des “caisses de maladie” régionales placées sous la gestion des pouvoirs publics provinciaux. Ces administrations locales doivent dès lors rechercher des moyens complémentaires en vue d’établir des contrats pour les soins de santé privés de première ligne ainsi que pour assurer la gestion des différents hôpitaux publics. On constate dès lors un gouffre croissant entre les villes “riches” et les zones rurales agricoles “pauvres”. Dans de nombreux cas, les pouvoirs publics manquent de moyens et c’est le patient qui doit débourser, ce qui n’est pas sans conséquences sociales.

 

Projet mutualiste à Riga

Depuis 1999, les Mutualités chrétiennes sont actives dans la capitale lettonienne, Riga, où habite la moitié des 2,4 millions de Lettons. Grâce au soutien d’une série de centres médicaux privés, diverses organisations sociales ont créé leur propre mutualité sous le nom de “Savstarpeja palidzibas sabiedriba” (SPS), que l’on peut traduire comme “association d’assistance mutuelle”.

En raison de l’augmentation du ticket modérateur pour les patients, la mutualité a conclu des contrats avec les prestataires de soins qui offrent aux affiliés de cette caisse de maladie une réduction complémentaire de 10 à 30 %. Par ailleurs, ont vu le jour une boutique et un service de prêt de matériel de rééducation pour les nombreux handicapés et seniors qui ne pouvaient bénéficier de ce type de matériel dans le cadre du système public existant.

L’année passée, un groupe de bénévoles composé de jeunes a également été créé ainsi qu’un service de garde malades qui a bénéficié du soutien de trois Conseils de bien-être de la mutualité d’Ostende (ceux d’Ostende, de Bredene et de Ichtegem).

Il n’est toutefois pas simple pour les mutuellistes lettons de développer davantage leur mouvement social. Un demi-siècle de communisme a étouffé dans l’œuf tout sens d’initiative et d’engagement social. Le courant capitaliste actuel qui a été soutenu par les gouvernements successifs n’a fait que contribuer à une augmentation de l’individualisme. Seule une petite partie de la population peut se permettre de s’affilier à une des nombreuses assurances privées et ne voit dès lors pas l’utilité d’une mutualité.

Le principal groupe de population qui se sent attiré par cette mutualité locale est composé de pensionnés dont le revenu mensuel ne dépasse pas 50 EUR. Ceci ne leur permet aucun accès aux soins de santé privés, même pas à ceux que peut offrir la mutualité via des prix inférieurs auprès des prestataires. Diverses organisations chrétiennes tentent d’apporter des solutions mais cela ne dépasse généralement pas des actions caritatives. C’est pourquoi, la Mutualité chrétienne a décidé récemment de développer une collaboration plus étroite avec quelques prestataires de soins pour qui l’aspect social est très important comme par exemple l’hôpital Judéo-Letton “Bikur Holim”, ouvert à l’ensemble de la population.

Les gens à Riga ne sont pas uniquement divisés entre pauvres et riches mais également entre Lettons et Russes qui constituent presque la moitié de la population. Chaque année, l’hôpital reçoit environ 10.000 patients qui peuvent d’abord s’affilier auprès de la mutualité SPS-BH avant de pouvoir aller en consultation auprès d’un des nombreux services médicaux. On ne peut pas encore dire si cette initiative constituera une percée définitive pour un mutualisme letton mais il est urgent d’agir avant qu’une bombe sociale n’explose aux frontières de la nouvelle Union européenne.

 

Jean-Pierre Descan
et Valérie Van Belle

 

(1) Le 3 avril dernier, En marche a inauguré une série d’articles consacrés aux pays d’Europe centrale ou orientale qui devraient à court ou moyen terme devenir membres de l’Union européenne. Le premier pays abordé était la Roumanie. Pour lire cet article : .

 


 

La Mutualité chrétienne d’Ostende,

partenaire de la mutualité “SPS-Riga”

 

A titre d’exemple d’accord de collaboration en Europe de l’Est, nous avons demandé à Martine Van De Walle, directrice des Mutualités chrétiennes d’Ostende, de nous décrire leur collaboration avec la Lettonie.

En marche: Les Mutualités chrétiennes d’Ostende ne se contentent pas d’attribuer des moyens financiers à des mutualités étrangères afin qu’elles se développent. Expliquez-nous en quoi consiste votre engagement auprès de la mutualité SPS à Riga, en Lettonie.

Martine VDW : Même s’il n’est pas évident de travailler à un projet dans un autre pays, nous avons choisi de soutenir activement le développement de la mutualité SPS à Riga. Pourquoi ce choix? Parce que nous trouvons important que les différentes catégories du personnel de notre mutualité y participent. Notre objectif est d’impliquer la direction et les cadres dans le projet, mais également les mouvements sociaux tels que les Conseils de bien-être locaux des MC, Jeunesse et Santé et Ziekenzorg. Si possible, nous souhaitons également y trouver une place pour nos membres. Après un premier voyage en Lettonie, j’ai constaté que je pouvais encore plus apprécier l’histoire et la valeur de notre système de sécurité sociale. Participer à cette expérience est important pour l’ensemble de la mutualité.

En marche: La Lettonie, ce n’est pas la porte à côté! Pourtant, si les Mutualités chrétiennes d’Ostende veulent développer un accord de collaboration actif, une bonne communication est indispensable. Comment entrer en contact avec un pays si éloigné?

Martine VDW : Il est important pour des organisations d’apprendre d’abord à bien se connaître. Tout a commencé en février 1997 lorsque j’ai visité la Lettonie pour la première fois avec des collègue du service de coopération internationale. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, un grand nombre d’employés des Mutualités chrétiennes d’Ostende ont eu la chance de visiter Riga. Ces visites “sur place” sont d’une importance capitale et permettent avant tout d’établir de nombreux contacts.

Réciproquement, nous avons reçu à trois reprises une délégation lettone. Ces personnes ont aussi pris le temps d’établir des contacts avec les différents services de notre mutualité, la médiothèque (magasin Solival), l’hôpital, la maison de repos, le centre de revalidation Ter Duinen à Nieuport et bien d’autres.

Rapidement, il nous est apparu indispensable de donner explicitement à un employé de la mutualité la mission d’entretenir les contacts à Riga et de continuer à développer la communication autour du projet.

En marche: Les contacts entre Riga et Ostende sont établis, le personnel est motivé et les mouvements veulent passer à l’action. Mais de quelles actions s’agit-il vraiment?

Martine VDW : A Riga, on peut parler depuis peu d’une véritable mutualité, avec son propre siège, sa médiothèque, ses membres, … Les Mutualités chrétiennes d’Ostende ont conclu les premiers contrats avec un centre médical et un hôpital. Les Conseils du bien-être intéressés ont dressé un inventaire de toutes les initiatives qu’ils peuvent entreprendre pour soutenir le projet. Voici un aperçu des idées proposées:

• sponsoring de certains groupes de membres, par exemple ceux qui ne peuvent pas payer leurs cotisations, une chorale locale (1 Conseil du bien-être a de bons contacts avec une chorale professionnelle de Riga), un petit cadeau pour les nouveaux membres,

• achat de matériel pour la médiothèque,

• gestion de la promotion (par exemple la traduction du matériel de promotion vers le russe),

• sponsoring des affiches de SPS,

• aide logistique aux campagnes de prévention en matière de soins de santé, par exemple la prévention de la toxicomanie.

Évidemment, il ne s’agit encore que d’idées, mais un certain nombre d’entre elles sont vraiment réalistes. Notre tâche est de préserver la vivacité de ces efforts. Notre objectif final est de développer un réseau entre nos organisations et les organisations lettones et d’informer le plus grand nombre de personnes de cette collaboration.

Entretien: Valérie Van Belle

 

Pour les questions Europe et assurance-maladie :

Retour à l'index "Europe"

 

Réagir à cet article

Retour à l'index

"Coopération"

haut de page