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Coopération (3 avril 2003)

 

Roumanie :

une transition longue et difficile

Au printemps de l’année prochaine, l’Union européenne comptera 25 États membres. La plupart des nouveaux venus sont des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) qui transitent d’une économie centralisée à une économie de marché. La Roumanie et la Bulgarie, un peu à la traîne sur le plan économique, ne devraient devenir membres à part entière de la grande Europe qu’en 2007, lors de la seconde phase d’extension de l’UE.

Et pourtant, la Roumanie entretient de bons contacts avec la Communauté européenne. Ce pays a reçu en 1974 le statut de partenaire commercial préférentiel, son gouvernement, majoritairement social-démocrate a tissé des liens étroits avec l’UE et l’OTAN. De nombreux rapports européens mettent d’ailleurs en évidence les progrès enregistrés ces dernières années, ne laissant quasi aucune trace du ravage économique qu’avait laissé le régime Ceausescu dans les derniers jours de 1989. Ces trois dernières années, la Roumanie a reçu chaque année 630 millions d’euros de soutien européen pour renforcer ses structures démocratiques, améliorer son réseau de circulation et rénover son agriculture.

 

La crise des services de santé

Après la chute du communisme en 1989, le système social de nombreux pays d’Europe centrale a rapidement changé. L’ancien système garantissait à chacun le droit à des soins de santé gratuits, mais leur qualité laissait à désirer. L’infrastructure était en piteux état, le personnel médical n’était que peu motivé et la centralisation exacerbée ne laissait aucune marge pour une gestion rationnelle. Par ailleurs, un système parallèle avait vu le jour permettant aux patients un traitement privilégié moyennant une petite participation financière en “dessous de table”.

Sous la pression des organisations internationales, les pouvoirs publics ont entre-temps privatisé les soins de santé et les dépenses publiques ont été réduites, ce qui a eu d’importantes conséquences dans les zones rurales.

En 1999, les “maisons d’assurance” régionales publiques devant conclure des contrats avec les prestataires de soins ont été introduites en vue de pouvoir continuer à garantir une médecine gratuite. Mais le remboursement du système de sécurité sociale reste très faible, entre autre parce que le budget consacré aux soins de santé est encore insuffisant aujourd’hui. Ces évolutions ouvrent cependant des perspectives à une série de projets mutualistes.

 

Un revenu insuffisant pour vivre

Le Roumain moyen est incontestablement sur la bonne voie, mais la polarisation entre les riches et les pauvres s’est fortement accrue ces dernières années. “Le salaire moyen est de 80 EUR brut par mois, un jeune médecin sorti de l’université ne gagne souvent pas plus de 50 EUR par mois. Mais près de la moitié de la population doit chaque mois nouer les deux bouts avec un budget de 30 EUR. Impossible, dans ces conditions, d’échapper à la pauvreté”, explique Mihaela Beuran, directrice du Centre pour les services de soins de santé à Cluj.

 

Du discours à la pratique, le système du “paiement silencieux”

35 % du salaire sont prélevés à la source pour la sécurité sociale (pension, chômage, assurance maladie). L’employeur et l’employé contribuent chacun à concurrence de 7 % au Fonds national de maladie. Ce Fonds couvre théoriquement un paquet de services, principalement les consultations chez le médecin de famille ou le généraliste et les soins d’urgence. Pour avoir accès au spécialiste, la personne malade doit pouvoir présenter une “référence” d’un médecin généraliste. 60 % du prix des médicaments génériques sont remboursés, le reste étant à charge du malade. Mais les faits démentent le discours. Le gouvernement a lui-même reconnu qu’il ne pouvait assumer ce paquet de services.

Le manque de ressources a encouragé les médecins et d’autres personnels de santé en contact direct avec les patients à demander ou tout au moins à escompter des paiements illégaux. “Une visite chez le docteur est gratuite. Un accouchement, gratuit en théorie, revient à au moins 80 EUR (50 pour le médecin et 30 pour la sage-femme). Il existe en fait une liste officieuse des prix. Celui qui ne paie pas ne trouvera pas de lit disponible ou ne sera pas soigné. Tout dépend aussi de la position ou de la fonction occupée par la personne. Les tarifs sont fixés à la tête du client, il faut apporter la nourriture, les médicaments, payer le gardien, les infirmières. Quant aux médicaments, ils ne sont remboursés que les 10 premiers jours du mois !”. Le tableau que dépeint Dan Baciu, coordinateur du mouvement mutualiste dans ce pays, met en lumière les dysfonctionnements du système et permet de comprendre davantage les difficultés auxquelles sont confrontées chaque jour de plus en plus de Roumains, incapables de faire face à l’augmentation des coûts.

 

Des pistes pour sortir de la crise

Des politiques résolument orientées vers la prévention et la promotion de la santé concourraient sans aucun doute à la réduction des dépenses. Du côté des professionnels de la santé, il faudrait diversifier et élargir les missions et les activités des médecins généralistes vers la protection et la promotion de la santé des individus et, d’autre part, favoriser le travail d’équipe. L’introduction de conseils de bonne pratique pour les médecins, combinée à l’accent mis sur la prescription des médicaments génériques, doit également être encouragée.

Le mouvement mutualiste, sur base de l’expérience accumulée dans notre pays en matière de gestion de l’assurance maladie, de l’économie sociale, d’organisation des soins et de services complémentaires, peut constituer une alternative intéressante pour renforcer l’accessibilité aux soins et contribuer à la prise de responsabilités par la population locale. Grâce à des contacts étroits noués avec les autorités nationales et régionales et grâce aux preuves du succès que rencontre ce système, celui-ci pourrait à terme être intégré dans la sécurité sociale du pays. Depuis 1995, la Mutualité chrétienne accompagne des projets mutualistes en Europe centrale, principalement en Pologne, Roumanie et dans les pays baltes. Ces projets visent la mise en place d’organisations mutualistes qui peuvent assurer un accès plus facile à des soins de santé de meilleure qualité.

La réhabilitation du secteur des soins de santé dans les pays candidats concernés ne mènera certainement pas à une éventuelle augmentation de la migration, orientée sur l’utilisation de nos services médicaux et sociaux existants, mais bien vers un encadrement européen plus fort, qui améliorera profondément la situation locale dans les pays concernés.

 

Slatina Timis, berceau de la mutualité roumaine

Depuis le début des années ’90, “Villages d’adoption Roumanie Geel” et l’ACW-Turnhout soutiennent dans le sud-ouest du pays le petit village de Slatina-Timis (4.000 habitants). Des dizaines de bénévoles flamands y stimulent la population à prendre son sort en mains et à dégager des solutions face aux principaux besoins en matière de logement, d’enseignement et de soins de santé. Le régime répressif de Ceausescu a en effet rendu les gens très passifs et surtout soucieux de leur survie personnelle.

En quelques années, un réseau social pour les femmes, les hommes et les jeunes a vu le jour. Le médecin venait rarement dans le village et les gens devaient parcourir plus de 20 kilomètres avant d’avoir accès à une assistance médicale de base.

Grâce à l’influence des organisations sociales, les autorités publiques du village ont été amenées à rechercher des solutions et finalement un jeune médecin a accepté de collaborer avec la nouvelle mutualité ADAMS. La mutualité locale organise les soins de santé de base (médecine générale, soins infirmiers, soins dentaires) et contrôle tant la qualité que les prix des prestations prodiguées.

Un accord a été conclu avec la caisse d’assurance maladie régionale, ce qui a permis de mettre gratuitement une partie des soins à la disposition de la population.

 

Une mutualité aux quatre coins du pays

Le projet “Slatina” est depuis devenu un modèle de collaboration entre pouvoirs publics, prestataires de soins et organisations sociales que veulent reprendre de nombreux autres villages.

Dans la ville de Cluj, un important centre commercial et culturel de Roumanie, une mutualité a lancé en 2002 des réductions sur les soins dentaires, un service de prêt de matériel de rééducation, des soins infirmiers à domicile, un centre de jour pour seniors et un mouvement de jeunesse. A Bucarest également, grâce à la collaboration avec la Croix Jaune et Blanche, une nouvelle mutualité a vu le jour et de nombreux autres candidats se présentent dans les villes de Iasi, Focsani, etc.

Cette dynamique est activement soutenue par les Mutualités chrétiennes grâce à des partenariats (Slatina-Turnhout, Cluj-Bruges, Bucarest-Anvers) dans le cadre desquels les mutualistes locaux ne sont pas uniquement assistés au plan technique et financier, mais où une réelle solidarité et une amitié se développent entre les gens.

Valérie Van Belle

 

 

Les étapes de l’élargissement

1951 : les “six” : France, Italie, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg.

1973 : les “neuf” : Grande-Bretagne, Irlande, Danemark.

1981 : les “Dix” : Grèce.

1986 : les “Douze” : Espagne et Portugal.

1995 : l’Europe des “Quinze” : Finlande, Suède, Autriche.

10 pays “pré-sélectionnés” pour entrer en 2004 (date prévue :
1er mai) : République tchèque, Pologne, Hongrie, Slovénie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Slovaquie, Chypre et Malte

En 2007 : Bulgarie et Roumanie?

Quid de la Turquie, de la Croatie, de la Macédoine, de l’Albanie, de la Serbie-Monténégro?

 

L’élargissement de l’Union européenne vers l’Europe centrale et orientale Quel avenir pour une politique sociale des soins de santé ?

Dans le cadre d’un projet d’information cofinancé par l’Union européenne, quatre articles seront publiés dans En Marche.

Ils présenteront un ou plusieurs pays d’Europe centrale déterminés, ainsi que leur système de sécurité sociale et le secteur de la santé, en faisant également référence aux projets mutualistes des Mutualités chrétiennes. Des soirées thématiques et expositions photo seront organisées dans six villes belges (Brugge, Gent, Namur, Oostende, Liège et Antwerpen) de septembre à décembre 2003. Enfin, une conférence nationale se tiendra le 11 décembre 2003 à Bruxelles.

 

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