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Livre  (19 mai 2011)

► Lire aussi : Découvrir Auschwitz à 20 ans

 

Benjamin Silberberg, récit d'un survivant

Nous l'avions rencontré lors d'un voyage à Auschwitz organisé par les élèves du Collège Notre-Dame de Bon-Secours de Binche, en 2005. Aujourd'hui, Benjamin Silberberg publie un livre de mémoires, celles d'un rescapé des camps nazis.

Le 5 mai dernier, le dernier vétéran connu de la Première Guerre mondiale, et dernier témoin, Claude Choules, est décédé en Australie à l’âge de 110 ans. A ce propos, Chantal Kesteloot, historienne au CEGES(1), expliquait sur les ondes de la RTBF que ce type de récit, cinquante ou soixante ans après les faits, portait “le fil du temps”, et témoignait plus de la manière dont les survivants avaient emporté avec eux ce vécu que du vécu lui-même. Si ce type de témoignage demande un travail d'historien et doit être inclus parmi d'autres, il est cependant essentiel pour la transmission de la mémoire. Un “travail sans cesse à recommencer”.

Il y a quelque années, nous avions relaté dans ces colonnes l’un des nombreux voyages que Benjamin Silberberg, déporté à Auschwitz à l'âge de 18 ans, effectue avec des classes du secondaire(2) “parce qu'il appartient aux jeunes générations d'empêcher que l'histoire se répète, disait-il, mais aussi, parce que si je ne parle pas, je fais des cauchemars”.

Dans un livre qui recueille aujourd'hui son histoire, il avoue qu’en parler fut longtemps difficile. D'abord parce que les autres ne voulaient pas vraiment savoir. A sa mère qui l'accueille à son retour des camps, et lui demande où sont son frère et son père, déportés avec lui, il répond “Ils reviendront plus tard”. “Mais je vois qu'elle se doute bien que je ne dis pas la vérité, écrit-il. Elle ne savait rien, ni les autres d'ailleurs, de l'enfer nazi duquel, par miracle, j'étais rescapé. Elle n'était pas au courant de ce que nous avions subi et même si j'avais parlé, m'aurait-elle cru ou m'aurait-elle considéré comme un malade ou un affabulateur?”

Ce qui participe de la force du témoignage de Benjamin Silberberg, est le fait qu'il ne s'arrête pas en 1945, à la libération des camps. Il parle de l'après, de la nourriture qu'il faut réapprendre à digérer, des projets avortés d'un départ pour la Palestine, de la difficulté de quitter ceux qui étaient devenus des camarades. Eux qui savaient et comprenaient. Il évoque le difficile retour à Bruxelles, l'appartement pillé, les déménagements, la débrouille. Et puis ce séjour de convalescence dans un home à Lustin: “J'étais entouré de jeunes qui avaient subi comme moi les affres de la déportation dans les camps de la mort. Nous nous comprenions naturellement. Je n'éprouvais plus cette gêne qui me prenait chaque fois que j'étais confronté à quelqu'un qui avait eu cette chance de ne pas connaître cet enfer et qui ne pouvait pas me comprendre, d'autant plus que, comme les autres rescapés, je ne racontais rien”.

Et puis il y aura Anne, son “petit oiseau”, et les enfants qui viendront. La vie qui reprend, petit à petit, un nouveau métier, et puis un jour, le besoin de témoigner pour ses enfants et petits-enfants, “à la mémoire de son père et de son frère, pour que leur souvenir se perpétue”.

// Linda Léonard

>> “J'avais 20 ans. J'avais connu l'enfer”. Mémoires d'un rescapé des camps nazis, édités par Jeannot Berg et Marc Schoentgen Benjamin Silberberg Ed. Saint-Paul 228 p. 24,90 EUR www.benjaminsilberberg.com

 

(1) Centre d'études et de documentation guerre et sociétés contemporaines.

(2) “Découvrir Auschwitz à 20 ans” - Linda Léonard – 5 mai 2005 – A lire sur www.enmarche.be (rubrique société/enseignement).


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