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Éditorial (19 septembre 2013)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© A-M Jadoul
Se mobiliser pour l’accessibilité des soins

De nombreuses mesures ont déjà été prises pour améliorer l’accès aux soins. Mais elles ne portent pas toujours leurs fruits dans la lutte contre les inégalités sociales en matière de soins de santé. Pour les bénéficiaires du revenu d’intégration sociale notamment, une mobilisation de tous les acteurs de la santé et un travail en réseau sont plus que nécessaires.

Nous ne sommes pas tous égaux face à la santé. Une récente étude de la Mutualité chrétienne rappelle que ce constat reste malheureusement d’une actualité criante. Elle s’est penchée sur la consommation de soins des personnes qui bénéficient du revenu d’intégration sociale (RIS, ex-minimex). De plus en plus nombreuses (33 % de plus en 10 ans), ces personnes pâtissent particulièrement de la crise et de l’austérité consécutive.

L’étude de la MC (enquête et échanges avec le public cible, des médecins ainsi que des travailleurs sociaux) met non seulement en évidence les inégalités dans l’accès au soins, mais montre aussi à quel point les dispositifs pour faciliter l’accès des plus défavorisés sont insuffisamment connus et sous-utilisés. L’étude fournit des enseignements importants qui valent non seulement pour les bénéficiaires du RIS mais aussi pour la population dans son entièreté.

En mauvaise santé

La Mutualité chrétienne a déjà plusieurs fois mis en évidence la moins bonne santé des personnes plus défavorisées. Elles font face à une espérance de vie moins longue, à davantage d’invalidité, de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’admissions en hôpital psychiatrique… La récente étude portant sur la santé des 65.000 affiliés à la MC bénéficiant du revenu d’intégration sociale le confirme. Quelques exemples parmi les constats : les bénéficiaires du RIS se rendent moins souvent chez un médecin généraliste que les autres mais plus souvent aux urgences hospitalières; seulement 20% de leurs enfants ont bénéficié d’un soin préventif dentaire au cours des deux dernières années; les dépistages du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus sont nettement moins suivis par les personnes précarisées ; le recours aux antidépresseurs est plus élevé pour eux que dans l’ensemble de la population… Moins de prévention, moins d’accès à la première ligne de soins, plus d’hospitalisations, des conditions de vie et de travail plus pénibles…, la facture des soins se révèle finalement très coûteuse pour ces personnes qui ne sont pas soignées et suivies à temps.

Les avancées pour favoriser l’accès aux soins sont sous-utilisées

Les inégalités sociales dans la consommation des soins de santé sont démontrées et connues depuis longtemps. Les gouvernements successifs avec l’appui des mutualités ont d’ailleurs introduit plusieurs dispositions de manière à faciliter l’accès aux soins de tous et en particulier des plus démunis.

Malheureusement, si nous constatons quelques progrès, on est encore loin de la généralisation de ces avancés sociales. Ainsi, à peine 40 % des bénéficiaires du RIS possèdent un dossier médical global (DMG), alors que la moyenne est de 46 %. Pourtant, l’ouverture d’un DMG chez un médecin généraliste donne droit à un meilleur remboursement des soins et permet de renforcer la relation thérapeutique et le suivi global du patient. Le tiers payant social est une autre mesure en faveur de l’accès financier aux soins de santé. Il permet au patient qui bénéficie du statut BIM (bénéficiaire de l’intervention majorée) de ne plus devoir avancer le prix de la consultation : le patient ne paie que le ticket modérateur, soit 1 euro (avec DMG) ou 1,50 euro (sans DMG), et le médecin envoie l’attestation médicale à la mutualité qui le rembourse directement. Depuis la mise en œuvre de cette mesure, on constate que la pratique des tiers payants progresse. Mais elle atteint à peine 32 % des bénéficiaires du RIS.

Les constats sont similaires en matière de soins préventifs. Les soins dentaires pour les enfants ou le dépistage du cancer du sein par Mammotest pour les femmes entre 50 et 69 ans sont des actes totalement remboursés. Malgré cette couverture financière, le recours aux soins préventifs par les personnes précarisées reste largement en-dessous de la consommation moyenne de la population.

Certes, des avancées sociales pour améliorer l’accès aux soins des plus démunis ont été prises mais, sur le terrain, ces mesures tardent à se déployer.

Appel à la mobilisation de tous les acteurs

Si le coût de certains soins joue sans doute un rôle, le manque d’information et de familiarité avec le système de soins de santé explique aussi en partie les inégalités d’accès aux soins. En interrogeant les personnes concernées, on constate en effet que les mesures ne sont pas assez connues, difficiles à comprendre ou trop complexes à mettre en œuvre. Une partie des difficultés enjoint à s’avancer dans un registre d’ordre culturel, à faire face à des problèmes de compréhension ou d’engagement.

Si tous les acteurs – médecins, mutualités, CPAS, réseaux de lutte contre la pauvreté, maisons médicales, etc. – se mobilisent ensemble et en réseau pour une vaste campagne de sensibilisation et de déploiement des mesures sociales, l’accès aux soins et la santé des personnes précarisées va certainement s’améliorer. De son côté, la MC entend multiplier encore les actions en ce sens. Avec les autres acteurs mutualistes, elle investit notamment dans l’information en ligne des prestataires sur les droits de ses affiliés. Elle lancera prochainement une campagne de sensibilisation sur l’importance du DMG à l’attention de ses membres, mais aussi des médecins généralistes. Elle développe des actions auprès des jeunes et des enfants pour les sensibiliser à la promotion de la santé. Elle défend l’idée d’automatiser le droit au tiers payant social pour les personnes qui en sont les bénéficiaires.

Les inégalités d’accès aux soins de santé sont réelles mais pas inéluctables. Les réduire demande des mesures réglementaires mais surtout la mobilisation concertée de tous les acteurs (médecins, CPAS, mutualités…).

La Mutualité chrétienne s’ engage concrètement dans cette voie.

Jean Hermesse//Secrétaire général

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