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Éditorial (20 juin 2013)

Jean Hermesse
//Secrétaire général
© A-M Jadoul
Que pense le patient des soins de santé ?

A l’occasion du 50ème anniversaire de l’assurance soins de santé et indemnités, la Mutualité chrétienne a organisé une grande enquête pour mesurer la satisfaction à l’égard des soins de santé. Plus de 21.000 Belges y ont répondu. Leur appréciation générale est positive. Mais il subsiste quelques zones d’ombre, en matière d’accès et de coût des soins. Des mesures sont à prendre, alors que la crise et l’austérité risquent d’aggraver le phénomène…

L’enquête a été réalisée en mars et avril 2013: 200.000 membres de la MC ont été sollicités et 21.000 ont répondu. Cet échantillon est représentatif de la population belge de 18 ans et plus. Les questions portaient sur la fréquence des contacts avec les prestataires de soins, la satisfaction à leur égard, le mode de prise de contact avec les spécialistes, l’état de santé des répondants, le report éventuel des soins… L’enquête permettait également de suggérer des améliorations. Ce qui frappe à travers les réponses , ce sont les différences entre les catégories socio-économiques.

Un triple fossé

De nombreuses études ont déjà mis en lumière les inégalités de santé et d’accès aux soins entre riches et pauvres, ou selon le niveau de formation. Les résultats de l’enquête confirment le fossé. Il est triple : les moins qualifiés sont en moins bonne santé, ils reportent le plus souvent des soins et utilisent ceux-ci différemment.

Si 74% des répondants qualifient leur santé de bonne à très bonne, ce pourcentage tombe à 55% chez les personnes avec un faible niveau d’études. En moyenne, un Belge sur trois souffre d’une maladie chronique ou d’un handicap ; un sur deux lorsqu’on se focalise sur ceux qui ont un revenu faible.

En outre, l’accessibilité financière constitue un réel problème pour les patients appartenant aux catégories socio-économiques moins élevées. Nombre d’invalides, de chômeurs et d’isolés avec enfants indiquent qu’ils reportent des soins faute de moyens . Les plus jeunes et les moins qualifiés, également. Enfin, il est frappant d’observer que les personnes avec un niveau d’étude plus faible consultent moins souvent le généraliste, le dentiste, le gynécologue ou le pédiatre. Clairement, la première ligne doit encore être davantage promue auprès des catégories socioéconomiques les plus faibles.

Satisfaction vis-à-vis des médecins

Globalement, les Belges sont satisfaits de leur médecin: jusqu’à 94% d’entre eux expriment leur appréciation très positive vis-à-vis des généralistes, des dentistes et de certains spécialistes concernés par l’enquête, comme les pédiatres, les gynécologues... Ce constat est cependant à nuancer en ce qui concerne le coût des prestations. Rien d’étonnant au regard des études internationales : elles affichent le coût des soins à charge des patients en Belgique comme l’un des plus élevés d’Europe. On parle de 27% du coût total, soit plus de 9 milliards d’euros à charge des patients.

L’enquête en témoigne : les patients manquent d’informations sur le coût de la consultation surtout auprès d’un dentiste, d’un ophtalmologue et d’ autres spécialistes. Non seulement le patient ne sait pas ce qu’il payera – ce qui l’inquiète –, mais il trouve la consultation peu accessible financièrement chez le psychiatre et le dentiste en particulier. Les soins dentaires comptent d’ailleurs parmi les soins les plus souvent reportés à cause de leur coût. Enfin, il n’apparaît pas facile d’obtenir rapidement un rendez-vous chez certains spécialistes, en particulier l’ophtalmologue, le gynécologue ou l’orthopédiste. Or l’existence de délais d’attente trop longs risque de conduire à une médecine à deux vitesses. Il arrive en effet qu’en payant plus, des médecins puissent recevoir plus rapidement le patient en consultation privée qu’à l’hôpital.

Recommandations

Même si le résultat est globalement satisfaisant, l’enquête relève quelques signes inquiétants pour l’accès aux soins, surtout pour les catégories socio-économiques moins élevées. Il faut prendre ces manquements au sérieux, car la crise et l’austérité risquent de les accentuer. Pourtant, moyennant quelques mesures simples et peu coûteuses, nous avons la conviction que l’on peut améliorer l’accès aux soins.

L’inquiétude manifestée sur le coût des soins est en grande partie due au manque d’information et de transparence sur le prix à payer et sur les droits des patients. On peut réduire l’incertitude en simplifiant, uniformisant le montant des tickets modérateurs et en rendant obligatoire la remise par le médecin d’un reçu clair et détaillé du montant effectivement payé. C’est pourquoi la Mutualité chrétienne soutient l’initiative gouvernementale visant à accroître la transparence sur les coûts à charge des patients. Autre piste : informer davantage sur le tiers-payant. Les bénéficiaires de l’intervention majorée ne le savent sans doute pas assez : ils peuvent demander aux médecins généralistes d’appliquer le tiers-payant. Ainsi ils ne doivent plus payer qu’1 euro ou 1,5 euro pour la consultation, selon qu’ils disposent ou pas d’un dossier médical global (DMG). Les médecins généralistes s’étaient engagés à promouvoir le tiers-payant auprès de ce public défavorisé. Après un an et demi, on n’atteint même pas 40% des consultations payées par ces bénéficiaires dans le système tiers-payant. Ces chiffres en attestent : le tiers-payant social et, à travers lui, l’accès aux soins gagnent encore à être promus.

Par ailleurs, les coûts des soins dentaires et de santé mentale rendent ce type de soins moins accessibles. Ils sont relativement mal remboursés et les prix pas assez régulés. Ce sont des besoins à couvrir en priorité.

Enfin, l’existence de délais d’attente longs pour certains soins spécialisés indique qu’il faudrait former plus d’ophtalmologues, de psychiatres et de gynécologues. L’offre de soins n’en serait que meilleure.

Le bulletin des soins de santé-indemnités belges affiche un satisfaction globale. Il est aussi à la source de quelques inquiétudes : inégalités d’accès, coûts peu transparents, reports de certains soins… La Mutualité chrétienne recommande de prendre des mesures pour améliorer ce bulletin de santé. Parmi les pistes à suivre, le renforcement de la transparence sur le coût des prestations et une meilleure information sur les droits des patients.

Jean Hermesse//Secrétaire général

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