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Éditorial (6 juin 2013)

Alda Greoli
//Secrétaire nationale
© A-M Jadoul
Accès aux soins de santé… des pistes pour mieux faire !

Le 27 mai dernier, l’Inami publiait une Géographie de la consommation médicale. Cette étude commente l’évolution des dépenses de soins de santé en Belgique et dans les trois Régions du pays. L’analyse des données peut faire taire une fois encore des discours politiques simplistes. Elle peut fournir surtout de nombreuses leçons pour la gestion des soins de santé et l’amélioration de leur accès.

Les dépenses analysées sont exprimées tant en chiffres bruts qu’en données standardisées en fonction de l’âge du patient, de données sociales… Une fois les données standardisées, elles battent en brèche certaines idées reçues. Il n’existe alors quasiment plus de différences entre la Région wallonne et la Région flamande.

La dépense moyenne nationale de l'assurance des soins de santé a connu une augmentation de 23,2 % en cinq ans, entre 2007 et 2011. Cette tendance se reflète dans les trois Régions du pays. Cet accroissement significatif résulterait de plusieurs mesures positives prises au cours de cette période. Citons, entre autres, l'entrée en vigueur du statut Omnio ou l'inclusion des petits risques dans l'assurance soins de santé obligatoire pour les indépendants. Cette augmentation n’est donc pas qu’une mauvaise nouvelle.

La différence bruxelloise

Globalement, la dépense moyenne brute constatée en Wallonie était de 2.231,53 euros en 2011, contre 2.206,27 euros en Flandre et 2.063,23 euros à Bruxelles. La Région de Bruxelles-Capitale est celle qui a connu la plus faible hausse de la dépense moyenne brute: 19,2% entre 2007 et 2011. On pourrait penser que la dépense moins importante à Bruxelles est due à sa population relativement plus jeune que dans le reste du pays. C’est peut-être une des pistes d’explication. Il apparait cependant qu’une raison essentielle de cette différence de consommation se trouve dans la pauvreté, plus importante à Bruxelles qu’ailleurs dans le pays. Davantage de Bruxellois retardent des soins de peur de ne pouvoir les payer.

Réduire les “pièges sociaux”

Pour lutter contre cette difficulté grandissante pour une partie de la population, plusieurs mesures peuvent être réfléchies ou ont déjà été mises en place.

Sans aucun doute, des statuts comme Bim ou Omnio tentent de réduire cet obstacle. Mais ils sont parfois piégeant et enfermant. En sortir coûte trop cher aux personnes qui en bénéficient et nécessite de renoncer à trop d’avantages adjoints au statut. Par exemple des réductions de taxes, l’octroi de tarifs sociaux… Revenir à la volonté stricte de lutte pour l’accès aux soins de santé serait sans doute une correction utile de ce type d’intervention et diminuerait les “pièges sociaux”.

Vers le paiement au forfait ?

Autre piste particulièrement intéressante : le paiement par forfait des prestataires, particulièrement développé dans les maisons médicales.

Quelques mots d’explication : quand vous vous rendez chez le médecins, deux modes de financement de sa prestation existent aujourd'hui : le paiement à l'acte et le forfait. Dans le premier cas, le patient paye le prestataire à chaque consultation. Il est remboursé d’une partie de sa facture. C’est le mode le plus répandu. Dans le second, le patient ne paye pas directement les consultations. Il s’inscrit dans une maison médicale par exemple. C’est sa mutualité qui verse mensuellement une somme forfaitaire fixe à ce centre de santé pour couvrir les soins. Que le patient ne soit pas allé chez le médecin ou qu'il ait dû recourir à ses services plusieurs fois ne change rien : la mutualité paye la même chose selon le principe de solidarité. Il est évident que dans ce cas, le prestataire gagne moyennement moins par prestation pour un patient qui a besoin de beaucoup de soins et inversement plus pour un patient en bonne santé.

Depuis ce mois de mai, un nouveau modèle de paiement au forfait est d'application. Celui- ci a été négocié par l'Inami, les mutualités et la fédération des maisons médicales. Le but est d'arriver à prévoir les coûts des soins de santé en fonction du profil des patients. Chaque année, les maisons médicales vont donc dresser le portrait de leur patientèle en fonction de différents critères comme l'âge, le statut social, la présence de handicap ou de maladies chroniques. S'il est difficile de prévoir avec certitude tous les ennuis de santé qu'une personne va rencontrer, certains coûts sont attendus en ce qui concerne les maladies chroniques par exemple. L’intérêt de ce nouveau mode de calcul, c’est qu’il va permettre de “corriger” un biais possible du forfait : la sélection de la patientèle, privilégiant les personnes en bonne santé.

Pour le patient, c’est une certitude et une assurance d’accès financier essentiel. Si les dépenses sociales sont similaires dans les deux systèmes (forfait et à l’acte), la part à charge du patient est moins élevée en maison médicale fonctionnant au forfait.

Le plus de l’interdisciplinaire

L’accès aux soins nécessite, bien entendu, de pouvoir s’adresser aux professionnels compétents. Or, on connaît la pénurie attendue des prestataires de soins de première ligne, principalement les médecins généralistes et les infirmières. D’ici dix ans, près de 30% des médecins généralistes actuellement en activité seront pensionnés! Travail en équipe, actions interdisciplinaires et réflexion sur la répartition des tâches entre les professionnels de la santé doivent être davantage pris en considération pour l’avenir. Pour être efficace, cette réorganisation ne peut être polluée par un danger de pertes financières. Le paiement au forfait permet une vraie réflexion sur l’affectation des moyens, sur la présence de métiers complémentaires. En effet, au-delà de la prestation, de l’organisation de soins et de leur accessibilité financière, la santé d’un individu dépend également de toute une série d’autres facteurs comme le logement, le niveau d’enseignement, les conditions de travail et le réseau social. L’approche globale, la présence d’autres professionnels (infirmier, psychologue, assistant social…) dans une maison médicale sont essentiels pour un accompagnement de qualité des patients.

Plutôt que la concurrence, le jeu de la collaboration et de la coopération reste, dans ce cadre, la réponse utile et efficace à une amélioration réelle de la santé des Belges! La santé et les soins de santé ne sont pas des marchandises!

Alda Greoli//Secrétaire nationale

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