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Éditorial (2 mai 2013)

Alda Greoli
//Secrétaire nationale
© A-M Jadoul
0-5-30 ! But !

0 tabagisme, 5 portions de fruits et légumes par jour et 30 minutes d’activités physiques par jour : telle est la combinaison des recommandations concernant trois habitudes de vie, concentrée dans le message mobilisateur 0-5-30. Ce message fait actuellement l’objet d’une vaste campagne de sensibilisation. L’occasion de réfléchir au lien entre prévention, responsabilisation et sanctions.

0-5-30. Cela apparait comme le “zéro laissé pour compte”. Nul ne manquera la sensibilisation. Ce serait alors la preuve que nous avons trouvé le bon moyen de toucher tous les publics. Cela apparait aussi comme un comptage d’apprentissage mathématique. La preuve serait alors faite que nous savons compter le nombre de légumes et de fruits dans notre assiette ou dans notre main. Cela apparait, enfin, comme un résultat sportif mais ce serait alors déjà la preuve que les “30” minutes de mobilisation musculaire et cardiovasculaire sont atteintes.

0-5-30, c’est, tout compte fait, une campagne de prévention et de sensibilisation vraiment ambitieuse et réussie! L’Association des Provinces wallonnes et l’Observatoire de la santé du Hainaut ont repris ensemble la formule québécoise pour la promouvoir chez nous(1).

L’objet est clair et presque simple : 67% des décès en Wallonie sont dû à des maladies cardio-vasculaires, au cancer ou aux maladies respiratoires. Leurs origines sont connues. Ce sont principalement le tabagisme, le déséquilibre alimentaire et la sédentarité.

L’objectif de cette campagne ? Nous faire adopter des comportements adéquats par des moyens accessibles à tous. Pas de culpabilisation, pas de répression mais des exemples enthousiasmants. Une illustration : 30 minutes d’activités se traduisent pas une promenade avec son chien, monter des escaliers, marcher d’une réunion à l’autre…

La prévention, l’affaire de tous

Si nous devons féliciter les concepteurs de cette campagne, nous devons surtout espérer, avec eux, que les moyens seront mis en œuvre par les autres niveaux de pouvoir pour s’articuler à cette action.

Une sensibilisation pour conduire à des changements réels de comportements doit s’inscrire dans le temps, articuler plusieurs niveaux de communication et d’action, revenir inlassablement sur le métier et associer actions de terrains avec campagne de presse, mobilisation des associations et des pouvoirs publics…

Dans notre pays, la prévention relève de tous les niveaux de pouvoir et la sixième réforme de l’Etat va y ajouter sa touche finale(?) par une séparation nette entre les Communautés ou les Régions. Les communes, les Provinces, les Communautés, l’Etat fédéral mais aussi les associations, les mutualités, le milieu scolaire, le milieu du travail, les prestataires de soins…: chacun de ces acteurs détient des responsabilités de prévention et, pour la plupart d’entre eux, reçoit des moyens pour le faire.

Sur certains des aspects ou des actions, cette multiplicité est toute légitime. On pense par exemple à la prévention à la sécurité et au bien-être sur le milieu du travail. Mais pour faire changer des comportements de vie, de consommation ou de dépendances, ne serait- il pas utile d’en faire une vraie ligne politique commune à tous? Y mettre les moyens tous ensemble et conjuguer nos expertises et moyens d’actions pour des changements réels dans la durée?

Pas de culpabilisation

Au-delà de ce constat un peu amer, mettons en évidence un autre aspect positif de cette campagne de prévention : elle ne culpabilise pas, elle mise sur la capacité de changement de chacun et du groupe pour nous amener vers un mieux-être. La campagne entraîne l’adhésion mais ne colle pas d’étiquette. Pas de sanction! Pas de privation de droit! Pas d’amende ni de mise à l’index!

Conscientisation, responsabilisation

Dans les dernières semaines sont revenues sur la table des questions autour de la sanction, de la privation ou du non-remboursement de soins pour les personnes qui n’auraient pas adopté des comportements “raisonnables” par rapport au tabagisme.

En matière de comportements qui influent sur la santé, c’est, comme pour l’éducation des jeunes, la sensibilisation, l’exemple, la norme clairement établie qui permettent de faire avancer sur le chemin vers l'âge adulte. La sanction ne vient que lorsqu’il n’y a plus moyen de changer ou d’améliorer les choses par des moyens positifs. De plus, quand la sanction est donnée, elle se transforme très vite en spirale, sans savoir si elle reste efficace.

Cela ne veut pas dire que les hommes et les femmes ont des comportements d’enfants à éduquer, mais cela signifie que ce qui “marche” avec les enfants “marche” aussi avec les adultes. Et que ce qui est contre-productif avec les enfants et les jeunes devrait nous faire réfléchir à ce que nous menons comme actions avec les adultes.

Sanctionner les incivilités

Le débat se pose d’ailleurs actuellement avec la réforme de la législation permettant aux communes de sanctionner les incivilités. La volonté est, entre autres, de descendre l’âge de la sanction à 14 ans et d’augmenter les montants des amendes. Cela fait des années que les associations et acteurs de terrain réclament plus de moyens pour la prévention, pour des actions avec les jeunes. Mais par ce type de loi, on entre de plain-pied dans la spirale de la répression.

La répression n’amène pas les jeunes à adhérer à la norme mais à s’y frotter, à tenter de la contourner. De plus, en sanctionnant les parents, on ne les aide pas à prendre et conserver leur place de principaux responsables de l’éducation.

Espérons qu’en Belgique, la prévention santé ne prenne jamais la route de la culpabilisation ni de la sanction dans le droit à la couverture en soins de santé. Espérons que notre pays gardera toujours cette conviction que c’est par des actions positives, par l’éducation permanente, qu’on parvient à faire changer des comportements de manière durable et que l'on reste porteur d'un vrai projet social et d’humanité.

Alda Greoli//Secrétaire nationale

(1) Une brochure d’information peut être obtenue gratuitement au 0800.20.000 ou téléchargée sur www.hainaut.be/santé/osh

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