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Éditorial (10 janvier 2013)

Alda Greoli
//Secrétaire nationale
© A-M Jadoul
Un vœu pour 2013 : “faire société” !

En ce début d’année, il est d’usage de vous présenter nos bons vœux non seulement de santé mais aussi de bonheurs petits et grands, avec vos proches. Malgré la maladie, le handicap ou la dépendance… Notre projet en tant que mutualité est de faire en sorte que ces moments de vie soient les meilleurs possibles. Notre volonté est d’aider à ce que le temps partagé avec notre entourage, parfois en perte d’autonomie, se déroule dans un contexte propice au don gratuit de soi, à l’altérité responsable mais librement choisie.

Partons d’une situation courante: un couple vieillit. Petit à petit, monsieur oublie l’une ou l’autre petite chose et puis, de plus importantes. Il perd de son autonomie. Il devient plus irritable. Madame prend de plus en plus les choses en main. Elle évoque la situation avec les enfants mais n’a pas envie de les inquiéter trop. Elle est elle-même de plus en plus fatiguée mais elle se sent responsable du bien-être de son conjoint. Alors, elle n’ose plus le laisser seul, elle s’isole du monde extérieur… Et on voit se développer entre eux une nouvelle relation de dépendance et d’obligation morale. Jusqu’à ce que monsieur soit vraiment dépendant et que madame, épuisée, appelle à l’aide. Mais qui ? Comment ? Pourquoi ? Et comment gérer cette forme de culpabilité liée à l’impuissance ?

Cette histoire trop banale n’a d’autre but que d’illustrer une forme d’enchaînement, souvent la trame de l’histoire des aidants proches. Partant de la place naturelle de conjoint, d’enfant, de parent, et intégrant ensuite la place souhaitée de soutien et d’aidant, on aboutit souvent à une forme d’interdépendance qui isole et emprisonne.

Et pourtant, il n’est pas question de remplacer cette relation familiale forte et essentielle par des relations strictement professionnelles. Il n’est pas question de répondre unilatéralement par la séparation, par la mise en institution directe et définitive. Même s’il est important d’en accepter la perspective éventuelle. L’enjeu est de faire se rencontrer les personnes concernées autour de solutions qui, d’abord leur permettront de sortir de leur isolement, de maintenir une cellule familiale forte face à ces situations douloureuses et parfois longuement pénibles. Mais, pour cela, il faut oser dire et accepter les limites de chacun.

L’aide publique et le soutien des proches

Où cette personne va-t-elle trouver de l’aide? Auprès de son entourage, de sa fille, de sa belle-fille ? Dans les actes gratuits comme dans les emplois rémunérés, la discrimination “hommes-femmes” est toujours présente. Nous devons nous interroger sur le fait de savoir pourquoi les hommes semblent largement délaisser ces occupations. Pourquoi les métiers de la transmission (enseignement), du Care (santé) sont-ils principalement occupés par des femmes? S’il y a un débat essentiel sur la mixité sociale et sur l’égalité des genres, c’est celui de la mixité dans les métiers de la transmission et du Care. Pour qu’une société se construise, il faut que les deux genres prennent pleinement leur place dans les fonctions du don de soi et de la transmission.

Cette dame va-t-elle essayer de se tourner vers l’Etat ? Elle pourrait lui demander de prendre les mesures pour l’accueil de jour de son conjoint, lui demander de lui donner un statut d’aidant proche pour qu’elle soit protégée voire rémunérée pour le temps qu’elle passe à se donner gratuitement pour les autres alors que des professionnels pourraient le faire… Attention, le tout à l’Etat tue la société et le vivre ensemble. Cela ne veut pas dire que nous estimions qu’actuellement les besoins soient suffisamment rencontrés pour que l’Etat puisse dire “j’ai fait ce que j’avais à faire et pour le reste débrouillez-vous” ! Le constat doit être fait : le manque de financement des services professionnels non marchands conduit à ce que les contributions demandées aux usagers sont, pour une part d’entre elles, encore trop importantes. Nous voyons se développer des réponses dites de la “débrouille”. Il est fait appel à des personnes à demeure sans qualification, ni encadrement, ni formation parce que le nombre d’heures subventionnées d’aide et de soins à domicile n’est pas suffisant, parce que les budgets alloués sont de plus en plus réduits par rapport aux besoins. Des choix politiques essentiels doivent être faits.

Une aide plurielle

Cette femme s’est tournée vers son entourage, puis vers l’Etat… Dans les deux cas, la réponse n’a pas été simple… C’est grâce à la rencontre entre ces bouts de solutions et les services organisés par d’autres professionnels que sa situation est devenue supportable. Quand la réponse des voisins rencontre la réponse de Vitatel (télévigilance) ou celle de Solival (aménagement du domicile), quand les chaînes de solidarité interpersonnelles rencontrent les chaînes de solidarité professionnelles, alors on peut voir émerger un projet de société qui tienne la route, qui est économiquement et financièrement tenable. Surtout, on augmente le niveau global de bien-être.

Les pays où l’aide publique est la plus importante envers les familles sont aussi ceux où l’on observe une plus grande implication des proches avec les personnes âgées dépendantes”, souligne très justement Marc-Olivier Padis, rédacteur de la revue Esprit(1).

Une amélioration de l’aide publique favorise le développement de l’aide familiale. La juste reconnaissance des métiers du domicile et, en particulier, de la fonction essentielle de la garde malade doit être une priorité pour l’Etat, pour les acteurs sociaux employeurs et syndicats, une légitime revendication des patients et de leur famille.

En ce début d’année 2013, nous vous souhaitons non seulement une belle année, mais surtout une année où nous aurons pu – ensemble – faire avancer notre projet d’humanité, notre construction si fragile d’homme et de femme!

Alda Greoli//Secrétaire nationale

(1) “La polémique du CARE, un débat qui mérite mieux que des caricatures”, article paru dans la revue Esprit en 2010.


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