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Éditorial (20 décembre 2012)

Alda Greoli
//Secrétaire nationale
© A-M Jadoul
Que la lumière du solstice d’hiver éclaire Noël !

Les études internationales révèlent que les Belges sont très satisfaits de leur système de soins de santé. Cette confiance est basée sur des principes essentiels : la liberté de choix, l’accessibilité, la qualité et l’efficience. Nous pouvons nous en féliciter mais les citoyens belges comme les institutions ont un devoir de veille.

Analysons de grands chantiers en cours : le transfert des compétences en santé, la réforme de l’enseignement supérieur. Tentons de voir si les projets ébauchés répondent aux critères de qualité et d’efficience indispensables aux services à rendre à la population entière. Surtout s’ils sont subventionnés par l’Etat.

Il ne s'agit pas ici d’entrer dans une guerre retranchée derrière des drapeaux dogmatiques, confessionnels, laïque ou chrétien, ni de se retrancher derrière l'idée reçue que “tout était mieux avant”. Il s'agit de consolider des modes d'organisation qui permettent de garantir l'efficience du système – particulièrement dans les hôpitaux, les universités et hautes écoles – à l’aune d’un monde globalisé, sans frontières, ni barrières.

Découper un mouchoir de poche

A l'heure où les étudiants peuvent s'inscrire pour suivre des cursus dans toutes les hautes écoles et universités du monde, la Communauté française semble vouloir couper son mouchoir de poche en petits morceaux. Cette découpe ouvre la porte à la régionalisation rapide de l’enseignement (du fondamental au supérieur). Sur de petits territoires dignes de duchés du Moyen-âge, l’efficience de notre enseignement, la circulation de nos chercheurs, la réputation internationale de nos universités ne pourront croître.

Il en va de même dans le transfert des compétences en matière de soins de santé. Certains en appellent à la régionalisation, détruisant à nouveau les indispensables collaborations entre Bruxelles et la Wallonie. Sans parler des liens avec les germanophones dont le réveil après l'euphorie de tout diriger seuls risque d'être plus difficile qu'un lendemain de carnaval...

Des libertés à préserver

La Belgique s'est construite sur des principes de libertés d'association, d'enseigner, de choix des patients et des parents. L’exercice de ces libertés a permis de mettre en place des initiatives essentielles dans l'organisation des services à la population : mutualités, écoles, universités, hôpitaux, maison de repos... Vous pouvez ainsi choisir votre médecin, et même aller le consulter à l'autre bout du pays. Le tarif – si le prestataire est conventionné – sera le même (sauf bien entendu la prise en considération de certaines catégories de patients fragilisés), votre couverture la même, votre accès identique. Votre liberté n’est pas conditionnée. Vous n'imagineriez pas vivre dans une région qui vous empêcherait d’aller consulter votre médecin en dehors de votre zone de résidence.

Il en va de même pour les soins en maison de repos, une matière bientôt transférée du fédéral. Leur accessibilité future pose question. Les droits doivent rester les mêmes partout et le principe de la libre circulation des personnes ne peut être remis en cause. Un financement au travers des seules institutions et structures – délaissant le principe de la sécurité sociale qui prévoit que “l’argent suit le patient” – conduirait très rapidement à un risque de rupture de cette libre circulation à l’intérieur du pays. Cette liberté serait alors plus faible dans nos frontières que dans toute l’Europe. En effet, la Région wallonne sera-telle d’accord de payer pour un de ses habitants qui choisirait une maison de repos à Bruxelles car ses enfants y résident ou qu’il n’a pas trouvé de place en Wallonie? Devra-t-on mettre en place tout un système de refacturations entre les administrations régionales? Ces redécoupages administratifs donnent sérieusement à craindre pour la qualité des services.

Le constat est le même pour la réforme de l’enseignement supérieur. N’est-il pas kafkaïen d’imaginer qu’ une université namuroise devrait passer par une collaboration avec une autre université européenne qui aurait une collaboration avec une université liégeoise pour avoir une collaboration entre Liège et Namur…?

Attention à la centralisation

Les Belges peuvent aujourd’hui compter sur des structures subventionnées à partir d’une base simple : elles doivent être accessibles à tous, aux mêmes conditions et avec la même qualité. C’est le cas pour les écoles (libres, provinciales, communales), hôpitaux (associatifs), maisons de repos (communales, associatives), universités (UCL, ULB)… Dans une Belgique réformée, qu’en sera-t-il de ces principes? On projette de créer de nouvelles structures faitières de coordination (ARES pour l’enseignement supérieur, un observatoire de l’avenir pour les soins de santé), des organes avec désignation des dirigeants par le gouvernement ou un ministre, avec des pouvoirs centralisés et bureaucratiques. Etrange stratégie pour augmenter la qualité du service et permettre la liberté d’innovation…

Dans l'histoire, tous les systèmes d'organisation sociale et politique ont montré que la centralisation extrême, la bureaucratisation et le recours à des structures uniques de gouvernance ne mènent pas - ou très rarement - à une plus grande qualité. Il ne s'agit pas ici de faire l'apologie de la libre concurrence entre les institutions à vocation sociale mais bien de lutter contre la confiscation par un pouvoir central de la capacité d'innovation et d'initiative que doivent conserver les pouvoirs organisateurs et les conseils d'administration des entités, qu'elles soient associatives ou publiques. Il s'agit aussi, une fois de plus, de lutter contre un modèle d’Etat qui serait à la fois organisateur, régulateur et contrôleur.

Nous plaidons pour un Etat fort avec une réelle capacité de régulation. Qu’il s’en donne les moyens sans confisquer la capacité d’initiatives aux pouvoirs organisateurs!

Le 21 décembre, solstice d'hiver, ouverture vers la lumière. Les ténèbres reculent. Espérons que soient balayées les idées mues par d’autres objectifs que de rendre meilleure la vie des citoyens. Et qu'avec 2013, arrive au grand galop un Etat prêt à jouer pleinement son rôle tout en laissant les autres acteurs prendre leurs responsabilités et servir avec efficacité la population !

Joyeux Noël à toutes et à tous!

Alda Greoli//Secrétaire nationale


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