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Éditorial (1er novembre 2012)

Alda Greoli
//Secrétaire nationale
© A-M Jadoul
15% de personnes en plus sous
statut Omnio depuis la crise

Le nombre de personnes en situation financière difficile s’accroît. Certains dispositifs – comme l’octroi d’un statut Omnio – peuvent leur venir en aide. Ils sont de plus en plus nombreux à y recourir. Mais beaucoup restent encore mal informés.

Même si nous détenons l’un des meilleurs systèmes de couverture de soins de santé, il n’en reste pas moins que de nombreuses personnes éprouvent de grandes difficultés à pouvoir payer leur part à charge du patient. Le Maf (maximum à facturer), le statut BIM (bénéficiaire de l’intervention majorée), et le statut Omnio ont été pensés et mis en place pour tenter de faire face aux situations les plus difficiles, soit par manque d’argent, soit par une situation de maladie, de handicap ou d’invalidité. Ces dispositifs montrent l’importance de consolider notre système de soins de santé, afin de mettre tout le monde à l’abri des difficultés.

Focalisons notre attention sur le statut Omnio car l’augmentation des personnes qui font les démarches pour en bénéficier nous interpelle.

Le statut Omnio est accordé sur demande aux ouvriers, employés, indépendants, chômeurs, malades..., dont la situation du ménage est financièrement difficile. Les revenus qui sont pris en considération pour l’octroi du statut Omnio sont les revenus bruts imposables du ménage l’année précédant celle de la demande. Les revenus annuels bruts imposables d’un isolé doivent être inférieurs à 15.606,71 euros (pour une demande introduite en 2012). Ce montant est augmenté de 2.889,22 euros par membre du ménage autre que le demandeur. La situation du ménage est revue chaque année.

Toute personne sous statut Omnio bénéficie d’un meilleur remboursement des soins de santé comme la consultation de son médecin ou ses frais de médicaments par exemple. Ce statut donne également droit à d’autres avantages comme une réduction sur les transports publics ou sur la facture énergétique. On peut à ce propos se demander si tous ces avantages dérivés du statut, et non directement liés aux soins de santé, sont une avancée ou un recul social.

Une forme de cercle vicieux

Osons questionner fondamentalement le dispositif : le statut Omnio est indispensable pour répondre aux difficultés d’accès aux soins de santé de certaines personnes ou familles mais en y ayant ajouté au fil du temps des avantages relatifs aux taxes communales ou provinciales, au coût du transport en commun et à d’autres réductions encore, n’a-t-on pas ouvert un piège social supplémentaire? Quelles sont les personnes qui sont visées par de telles mesures? Généralement, ce sont des femmes isolées, avec enfants. Elles ont un emploi à mi-temps souvent peu rémunéré. Le statut Omnio est, pour elles, un vrai avantage. Mais comment y échapper, comment en sortir sans alors avoir à trouver un emploi largement plus rémunéré, et à temps plein? Pour compenser les réductions de taxes, de coût du transport et toutes les autres, il faut gagner beaucoup plus, vraiment beaucoup plus. Voilà le cercle vicieux auquel certaines font face, piégées dans des contrats de travail précaires pour ne pas perdre le statut Omnio.

Ne jetons cependant pas le bébé avec l’eau du bain et penchons-nous sur les demandes d’ouverture de ce droit. Elles montrent comme les effets de la crise se font de plus en plus sentir dans notre population.

L’augmentation des bénéficiaires

En 2009, 71.376 affiliés de la Mutualité chrétienne étaient reconnus dans ce statut. En 2011, ils étaient 82.274 (259.000 pour toute la Belgique), soit une augmentation de 15%. Au total, 1,8% des affiliés de la Mutualité chrétienne bénéficie du statut Omnio. Bruxelles en compte une proportion particulièrement importante : 5,6%. Un effet “urbain” qui se manifeste aussi à Liège (2,6%) et à Anvers (2,5%). La répartition des âges montre également que ce statut concerne principalement les 18 à 49 ans et leurs enfants. D’après nos informations, plus de 800.000 personnes en Belgique pourraient bénéficier de ce statut. Nous sommes donc encore loin de l’objectif d’amélioration réelle des besoins de la population la plus fragilisée.

L’ouverture de ce droit n’est pas automatique : il faut demander à sa mutualité d’examiner sa situation financière et d’ouvrir un dossier. Les efforts que nous mettons en place, en particulier grâce au travail des services sociaux des mutualités, pour détecter et informer les personnes à bas revenus portent leurs fruits, mais la baisse du pouvoir d’achat joue également un rôle.

Est-il normal que l’ouverture d’un droit social aussi important soit fonction du fait que la personne soit ou ne soit pas bien informée? Qu’elle vienne ou non à la permanence de la mutualité ou qu’elle ait fait la démarche de demander un rendez-vous à un assistant social? Qu’elle profite ou non d’un réseau social ou de connaissances qui lui ont ouvert les yeux sur son droit? N’est-ce pas alors toujours les plus faibles, les plus isolés, les plus fragiles qui passent à côté de leurs droits?

Pour l’octroi automatique

A la Mutualité chrétienne, nous souhaitons que l’administration fiscale nous signale de manière automatique quelles sont les personnes qui pourraient accéder à ce statut. Ceci nous permettrait alors de contacter ces personnes de manière ciblée afin d’entamer avec elles, les démarches utiles. Nous pourrions ainsi remplir pleinement notre rôle de défense de nos membres et participer plus activement à l’ouverture de leurs droits.

En attendant, il est important d’en parler autour de nous pour sensibiliser les personnes concernées mais souvent peu informées. Qu’elles poussent la porte d’une permanence mutualiste, et entament les démarches d’ouverture d’un dossier.

Quand les droits ne sont pas automatiques, quand les mesures ne prennent pas en compte l’inégalité devant l’information, alors c’est l’implication de tous, ce sont les réseaux solidaires, les réflexes de partage de l’information qui font cohésion sociale!

A quoi sert de mettre des droits en place et surtout des droits sociaux, si ce n’est pas pour les rendre automatiques!

Alda Greoli//Secrétaire nationale


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