Éditorial
(21 juin 2012)
Aider
tous les Belges âgés et dépendants
Avez-vous
déjà entendu parler de l’allocation pour l’aide aux personnes âgées? Ou de
l’APA, formulation plus brève? Il est à craindre que la réponse soit
négative. Surtout au sud du pays. Pourtant, cette allocation est vraiment
une réponse utile pour faire face à des situations de dépendance. Elle fera
bientôt l’objet d’un transfert du fédéral aux régions. C’est l’occasion de
transformer cette obligation en opportunité solidaire.
Les chiffres
relatifs à l’APA parlent d’eux-mêmes et révèlent la méconnaissance qui
caractérise cette allocation. En effet, elle est accordée à moins de 8% de
la population belge de plus de 65 ans. Et parmi les personnes qui en
bénéficient, 68% résident en Flandre, 26% en Wallonie et à peine 4,5% à
Bruxelles.
Bon à
savoir
L’allocation
pourrait pourtant soulager nombre de personnes âgées en perte d’autonomie
importante. Lorsque les charges pour entrer dans une maison de repos
relèvent de l’impayable, lorsque le recours aux services d’aide et de soins
à domicile est nécessaire... en somme quand une grande dépendance s’installe
et que les revenus sont limités, il est bon de savoir - et de faire savoir -
que l’APA existe.
En quelques mots :
cette allocation est accordée aux personnes âgées de 65 ans ou plus, en
raison de la réduction de leur autonomie. Quelles sont plus précisément les
conditions pour en bénéficier? Il faut être Belge ou inscrit comme étranger
au registre de la population. Il faut, également, avoir sa résidence
principale en Belgique. Une évaluation des difficultés que la personne a à
accomplir ses activités journalières est réalisée. Il faut obligatoirement
d’abord faire valoir ses droits à la pension de retraite ou de survie, et/ou
à la Grapa, l’APA pouvant être un complément à la pension et à la Grapa. Ce
sont les administrations communales qui sont actuellement compétentes pour
rentrer les dossiers. Le montant de l’allocation varie selon les catégories
de dépendance dans les différentes activités quotidiennes (avec des
plafonds). Il est aussi calculé en fonction des revenus du ménage.
On peut, à juste
titre, se demander pourquoi l’APA n’est pas plus utilisée surtout à
Bruxelles et dans le sud de notre pays. La réponse semble simple, même si
elle n’en est que plus regrettable : la méconnaissance de cette possibilité.
Une nouvelle fois, il ne suffit pas de mettre en place des mesures utiles,
il faut dans le même temps veiller à mobiliser les moyens humains pour
pouvoir les mettre en œuvre. Nous ne pouvons qu’encourager les personnes
confrontées à ce type de situation à pousser la porte du service social de
leur mutualité ou de leur commune.
Un plus en
Flandre
L’APA
constitue-t-elle le seul outil financier de ce type? La réponse est négative
quand on regarde vers le nord du pays. Là, il existe parallèlement une
assurance dépendance : couverture totale ou partielle des aides et services
non médicaux à l’attention des personnes fortement dépendantes.
La cotisation à
cette assurance dépendance – entrée en vigueur le 10 octobre 2001 – est
obligatoire pour toute personne résidant en Flandre, à partir du 1er janvier
de l’année de son 26ème anniversaire. Elle est facultative pour les
habitants de la Région bruxelloise. Si tous les habitants de Flandre doivent
s’affilier, seules les personnes fortement dépendantes peuvent y recourir.
La Flandre a mis,
seule, en place cette assurance qui élargit les interventions par rapport à
l’APA et que nous réclamions depuis longtemps au niveau fédéral. Le décret
décrit les “patients fortement dépendants” comme les personnes
souffrant d’une “autonomie réduite, grave et prolongée”. Il s’agit
de personnes qui ne peuvent se laver ou s’habiller seules et qui sont
dépendantes d’autres personnes ou d’aides techniques pour manger, se
déplacer ou aller aux toilettes. L’assurance dépendance prévoit
exclusivement une intervention dans les frais non-médicaux qui regroupent
l’aide prodiguée par l’entourage (famille, amis et connaissance), les
prestations de services professionnels de soins à domicile, les frais
d’achat ou de location d’aides techniques, les prestations de soins
résidentiels professionnels.
L’assurance
dépendance flamande est donc bien une assurance qui vient en surplus de
l’APA et qui, d’une certaine manière, la complète. Avec l’APA, elle est
cumulable comme le montre l’utilisation plus importante en Flandre de
l’allocation. L’assurance et l’allocation se différencient plus par le mode
de financement et les conditions d’octroi que par les frais et les personnes
visées. Elles se renforcent l’une l’autre d’un point de vue financier et
soulagent donc fortement les personnes.
Une aide
complète du Nord au Sud
La Mutualité
chrétienne a toujours plaidé pour la mise en place d’une assurance
dépendance au niveau fédéral et nous avions déjà évoqué à plusieurs reprises
le fait que l’APA aurait pu être la base efficace de la mise en place de
cette assurance. En effet, on se rend compte que les personnes visées par
cette aide appartiennent, avec l’âge et l’accroissement de la dépendance, au
groupe que nous pouvons qualifier de personnes handicapées ou en grande
perte d’autonomie.
L’accord
institutionnel du gouvernement fédéral actuel prévoit le transfert des
compétences de l’APA du niveau fédéral vers les Communautés et la Cocom
(Commission communautaire commune) à Bruxelles. Nous avons commis l’erreur
historique de ne pas développer à temps une assurance dépendance au niveau
fédéral et de laisser le champs au développement de cette assurance dans une
seule partie de notre pays. Faisons en sorte que le transfert de
compétences, aussi paradoxal que cela puisse paraître, soit l’occasion de
réparer cette erreur. Mettons en place les moyens et les outils juridiques
nécessaires pour que l’APA soit la véritable base d’une assurance dépendance
pour la Belgique entière, une fois transférée … L’histoire repasse parfois
les plats par deux bouts très différents de la table. Ne pas s’asseoir à la
table serait alors une erreur historique!
Soutenir
les politiques qui permettront demain de réellement accompagner les
personnes âgées de notre pays est un rendez- vous à ne pas manquer!
Alda Greoli//Secrétaire nationale
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