Éditorial
(17 novembre 2011)
// Alda Greoli//Secrétaire nationale
Le
panier du pensionné ou
comment se porte la qualité de vie des aînés?
L’UCP – mouvement social des aînés de la Mutualité chrétienne – a
réalisé une étude particulièrement intéressante sur le “panier du
pensionné”. Son objectif? Appréhender la qualité de vie des aînés au départ
de leurs ressources et témoignages. L’UCP invente un nouvel indicateur : le
panier du pensionné!
Après le panier bien connu de la ménagère qui s’intéresse aux dépenses des
familles, l’UCP propose une estimation, a minima du panier du pensionné. A
minima, d’une part parce qu’il n’est pas tenu compte des impôts, d’autre
part parce qu’un certain nombre de pensionnés ne savent pas toujours
précisément ce qu’ils paient.
Approche quantitative, l’étude repose sur des données récoltées entre mars
et juin 2011, auprès d’un échantillon de 366 personnes âgées de 50 ans et
plus, issues des quatre coins de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Des enseignements attendus
De manière générale, les postes de dépenses se répartissent mensuellement en
un top 5, selon l’ordre d’importance suivant: le logement et ses frais
annexes, l’alimentation, les frais de santé, la mobilité et les assurances.
Néanmoins ces cinq postes agissent de manière bien différente en fonction
des situations, pesant plus ou moins lourd selon les personnes: propriétaire
ou non de son logement, bénéficiaire ou pas d’une pension complémentaire, en
bon état de santé ou devant faire face à des soins, suivant qu’il ait eu une
carrière de salarié, d’indépendant ou dans la fonction publique.
Tous états civils confondus, les pensionnés dépensent en moyenne 1.443 euros
par mois. En comparant ce panier avec les montants des pensions légales
énoncés par les témoins, on peut craindre que plus de deux tiers des
retraités peinent à boucler leur fin de mois. En effet, près de 70% des
personnes disposent d’une pension légale inférieure à 1.500 euros net.
Par ailleurs, 40% des répondants indiquent qu’ils possèdent une pension
complémentaire du 2ème pilier ou une épargne individuelle. 50% des
pensionnés évoquent d’autres ressources, en particulier via des placements
financiers. Mais, et c’est alarmant, 20% des pensionnés bénéficient d’un
aide sociale ou d’une allocation (statut BIM, GRAPA, rente accident de
travail, allocation handicap). Si différentes ressources additionnelles à la
pension légale permettent à près de la moitié des répondants de nouer les
deux bouts, 58% des personnes sont et restent en situation de fragilité.
Attardons-nous sur les écarts. Ils en disent plus encore que les moyennes,
et surtout doivent permettre de guider les politiques sociales.
81,7% des témoins précisent qu’ils disposent d’une réserve d’argent… Ce qui
signifie que près de 20% ne peuvent absolument pas faire face à des extras!
L’affectation de cette réserve, pour ceux qui en disposent, est à géométrie
variable. Mais il se dégage quelques pratiques significatives. Ainsi la
réserve est principalement affectée de manière assez équilibrée entre, d’une
part, l’aide à la famille, les cadeaux aux enfants et, d’autre part, les
voyages. Un bel équilibre entre souci de soi et attention à autrui dans une
perspective de solidarité intergénérationnelle et familiale.
Inégalités accrues
par le parcours professionnel
L’étude montre également que les aînés sont contraints d’agir comme une
population écureuil. C’est le fait d’être propriétaire qui offre la plus
grande sécurité. Parmi ceux qui bénéficient d’une pension entre 750 et 1.000
euros, ils sont 45,5% à être propriétaire alors que les pensionnés percevant
plus de 2.500 euros mensuellement le sont presque tous (93,3%). C’est la
prévoyance individuelle qui prime.
Si 40% des répondants disposent d’une pension complémentaire, celle-ci
bénéficie en majorité à ceux qui perçoivent déjà un montant de pension
légale moyen ou élevé. L’écart est davantage creusé entre, d’une part, les
pensionnés sans autre épargne, percevant de faibles pensions légales et,
d’autre part, les pensionnés affichant une pension légale moyenne ou élevée,
bénéficiant par ailleurs d’une pension complémentaire. Ce constat induit un
premier enseignement: il est nécessaire de conforter - encore et toujours -
les pensions du premier pilier et donc la pension légale. Pour pouvoir la
conforter, les politiques d’emploi et le taux d’emploi des aînés sont
essentiels. Le courage politique doit être au rendez-vous, si on veut
garantir ce premier pilier et ménager une plus grande égalité entre les
personnes.
L’étude menée par l’UCP résonne comme une confirmation que la pension
moyenne – tous régimes confondus – ne permet pas de couvrir les frais liés
au panier du retraité! Il manque aux aînés plus de 300 euros par mois pour
avoir une qualité de vie décente.
L’étude vient alors réaffirmer l’hypothèse de l’UCP selon laquelle la
pension légale doit prioritairement être consolidée, en particulier autour
de deux mesures phares, à savoir:
►
Que la pension minimale pour carrière complète d’un isolé, aujourd’hui
autour de 1.000 euros par mois, doit être alignée sur le revenu minimum
moyen garanti, à savoir 1.448 euros brut, environ 1.300 euros net. Soit une
augmentation de sa pension légale de 300 euros!
►
Que le taux de remplacement isolé pour le calcul de sa pension légale sur
l’ensemble de sa carrière, aujourd’hui de 60%, doit progressivement
atteindre les 75% et s’appliquer sur les 25 meilleures années de sa
carrière. Soit une progression de sa pension légale de 25%!
Les négociations se poursuivent en vue de la formation d’un
gouvernement de plein exercice. Les jours qui viennent devraient aboutir à
un accord sur le budget de l’année 2012.
Nous attirons, une fois encore, l’attention de nos responsables
politiques sur l’importance du courage véritable: oser un saut d’index pour
l’ensemble du pays en 2012 plutôt que de détricoter le principe de
l’indexation des salaires, combattre la fraude fiscale et revoir certains
principes de la dernière réforme fiscale plutôt que de détricoter le système
de sécurité sociale, dire que nous allons tous nous serrer la ceinture mais
que nous pourrons ainsi conforter un modèle et une société plus juste.
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