Éditorial
(3 novembre 2011)
Des soins moins coûteux, c’est
possible!
Les
Belges affichent un très haut taux de satisfaction par rapport au système de
soins. Mais ils estiment que le coût des soins est difficile à assumer. Ils
sont de plus en plus nombreux, un patient sur cinq, à devoir renoncer à se
soigner. L’austérité et la récession risquent encore d’aggraver le
phénomène. Pourtant ce n’est pas une fatalité, le coût des soins peut être
diminué.
Une récente étude, conduite cette fois par une firme d’audit privée Deloitte,
confirme à nouveau que les Belges sont les plus satisfaits de leur système
de soins au regard des voisins français, allemands, suisses... Mais, elle
remarque également que les Belges sont nombreux à se plaindre du coût des
soins. Au point, pour grande partie d’entre eux, de reporter ces soins, de
renoncer à la visite chez le médecin généraliste, à l’achat de médicaments…
Cela aussi, nous le savons et nous le dénonçons depuis de nombreuses années
: le coût des soins à charge des patients belges est un des plus élevés
d’Europe, près de 27% du coût global, soit plus de 8 milliards d’euros. Pas
étonnant qu’en cas de maladie, les factures de santé ne peuvent être
acquittées qu’au prix de restrictions dans d’autres dépenses du ménage
(l’alimentation, le carburant, l’éducation…). L’austérité et la récession ne
vont pas arranger les choses, que du contraire. Pourtant, la facture des
soins à charge des patients peut être maîtrisée, même diminuée. Voici trois
champs d’actions concrètes pour réduire, aujourd’hui et demain, la note des
patients.
Plus de régulation
et d’intervention politique
La réduction du coût à charge des patients n’est pas qu’une question de
moyens disponibles. C’est aussi une affaire de volonté politique. En
hospitalisation, l’interdiction totale des suppléments d’honoraires en
chambre commune ou à deux lits peut être décidée par le Gouvernement et
approuvée par le Parlement. On peut, en outre, décider de limiter – par la
loi – les suppléments autorisés en chambre à un lit. Rendre le
conventionnement plus attractif pour les médecins permettrait aussi
d’augmenter le nombre de médecins qui adhèrent et respectent les tarifs
officiels.
Par ailleurs, le coût des médicaments peut être diminué en introduisant un
système d’appel d’offre aux entreprises pharmaceutiques comme aux Pays-Bas.
Il est aussi possible de mutualiser, davantage encore, le coût des
médicaments à charge des patients hospitalisés. A l’instar de ce qui
pratique lors d’une hospitalisation, les pharmaciens d’officine pourraient
être informés lorsqu’un patient a atteint le plafond MAF (maximum à
facturer), ce qui lui permettrait de ne plus devoir débourser d’argent pour
ses médicaments, les tickets modérateurs étant directement facturés à sa
mutualité.
Enfin, on pourrait fixer un plafond maximum de 200 euros à payer par le
patient en cas d’hospitalisation en chambre commune et à deux lits (78% des
admissions) tandis que le solde serait couvert par l’assurance soins de
santé obligatoire. Cela ferait une belle économie pour de nombreux patients
puisque payer une prime pour une assurance hospitalisation facultative
deviendrait alors inutile pour la couverture des frais en chambre commune et
à deux lits.
Voici déjà six mesures concrètes à prendre par nos responsables politiques
afin de diminuer le coût à charge des patients.
La Mutualité chrétienne agit
Pour bénéficier du remboursement des soins en assurance obligatoire, chaque
personne doit s’inscrire auprès d’une mutualité. L’inscription implique le
paiement d’une cotisation qui ouvre le droit aussi à des services
complémentaires à l’assurance obligatoire. Ce sont les assemblées générales
composées des membres élus qui décident des services complémentaires
couverts par la cotisation. Les remboursements complémentaires de la
Mutualité chrétienne réduisent ainsi de manière importante le coût des
soins. Quelques exemples : via l’Hospi Solidaire, en cas d’hospitalisation
en chambre commune ou à deux lits, tous les frais sont couverts pour les
enfants (jusqu’à l’âge de 18 ans); et pour les adultes, les frais qui
dépassent 275 euros bénéficient d’une couverture sans plafond.
Autre exemple : tous les tickets modérateurs sont entièrement remboursés
jusqu’à l’âge de sept ans.
Quant aux soins à l’étranger, Mutas, notre service d’assistance à
l’étranger, intervient dans les frais de soins de santé urgent et de
rapatriement, moyennant une franchise de 60 euros par dossier (25 euros pour
les bénéficiaires de l’intervention majorée).
Pour informer nos membres, les aider à faire valoir leurs droits et les
conseiller de manière personnalisée, la MC a mis à leurs disposition un
numéro d’appel gratuit (0800 10 9 8 7) ainsi qu’un réseau de conseillers
mutualistes proches de chez eux.
Une stratégie et un programme
politique sur le long terme
Au vu de l’évolution de l’offre et des besoins, la maîtrise du coût des
soins nécessite une vision et une stratégie à long terme. Quelques
exemples divers.
Pour éviter que les coûts augmentent de manière inconsidérée chez certains
spécialistes, il y aurait lieu de former plus de médecins dans ces
spécialités où l’accès a été trop limité dans le passé. En effet, la rareté
est à la source de certains abus. Outre par la formation de plus de
spécialistes, elle peut être influencée en autorisant la délégation de
tâches moins complexes vers du personnel qualifié mais moins spécialisé.
Autre mesure à long terme: l’amélioration de l’hygiène dentaire des enfants.
Par une politique de santé publique en partenariat avec les écoles, on peut
prévenir des problèmes dentaires et ainsi réduire les coûts des soins plus
tard.
Dernier exemple par rapport au vieillissement de la population : il s’agit
de soutenir le secteur non marchand pour augmenter l’offre en soins
résidentiels pour personnes âgées. Là se trouve sans doute le meilleur
investissement pour réduire le coût des soins liés au vieillissement.
Le coût des soins est trop élevé en Belgique. Ce coût amène des
patients à renoncer à des soins ou à restreindre d’autres dépenses de
ménage. Cette évolution peut être renversée! On peut rendre les soins moins
coûteux pour les patients. Pour la Mutualité chrétienne, c’est un combat
prioritaire. Il imprègne nos positions politiques et se marque dans des
services complémentaires forts. Vous pouvez compter sur nous!
|