Éditorial
(6 janvier 2011)
// Jean Hermesse//Secrétaire général
Bonheur
et santé pour 2011
Le
changement d’année invite à marquer une pause : on se souvient de l’année
écoulée et on se projette dans une année nouvelle. C’est le moment d’oser
rêver et de souhaiter des vœux de bonheur et de santé. Voici quelques rêves
de petits bonheurs pour nous, pour les prestataires de soins, pour les
décideurs politiques… afin que 2011 soit heureuse de santé.
Bien
répartir les revenus, les richesses, l’emploi.
Les inégalités quelles qu’elles soient (financières, sociales, dans
l’enseignement…) sont à la source de détresse, de maladie, d’exclusion, de
pauvreté et de violence. Les écarts de richesse en ce monde sont indécents,
ils nourrissent la surconsommation de biens inutiles, nuisibles pour
l’équilibre de la terre. Le futur plan d’assainissement du déficit public
devra répartir justement les efforts pour sauvegarder la cohésion sociale.
Une société juste basée sur cette cohésion est meilleure pour tous, elle
‘produit’ de la santé et du bien-être.
Oser
le changement dans notre manière de vivre.
C’est une certitude,
nous devrons adapter notre mode de vie à la réalité des ressources. Il faut
faire face à la hausse du coût de l’énergie et aux impacts sur
l’environnement. Plutôt que d’essayer à tout prix de préserver nos
habitudes, nous devrions saisir l’occasion pour changer petit à petit notre
manière de vivre au quotidien dans nos habitudes alimentaires, nos modes de
déplacement, nos choix de consommation… C’est le moment de simplifier sa vie
pour aller à l’essentiel.
Notre
planète nous tient à cœur pour nous, nos enfants, nos petits-enfants.
Nous savons que notre modèle de croissance est insoutenable pour la terre.
Préserver son avenir, c’est décider aujourd’hui que nous devons investir
dans plus de services collectifs et assurer une qualité de vie à tous.
L’enseignement, les transports publics, les centres culturels locaux,
l’aménagement du territoire, sont autant de domaines prioritaires pour que
notre cadre de vie soit en harmonie avec notre planète. Faisons en sorte que
nos décideurs inscrivent, dans leur priorités politiques, ces choix vers une
société en transition.
Heureuse
vieillesse, proche pour les uns, lointaine pour les autres, elle inquiète
considérablement.
Comment vont évoluer nos
pensions ? Qui sera encore là pour me soigner? Y aura-t-il de la place en
maison de repos? Comment vais-je payer le séjour en home? Le vieillissement
de la population est une certitude et notre système de soins doit être
adapté à l’évolution des besoins de notre population plus âgée : moins de
lits d’hôpitaux aigus, plus de soins de revalidation et de places en maison
de repos et de soins, plus de soutien aux solidarités de proximité et aux
soins informels, une revalorisation des pensions légales… Une vieillesse
heureuse est possible pour tous mais elle demande entre autres la conception
d’un programme politique complet de soins aux personnes âgées.
Eviter
que la santé et les soins soient de plus en plus privatisés.
L’ampleur du déficit public nécessite des économies dans tous les secteurs,
y compris dans le secteur des soins de santé. Si la volonté de tous les
acteurs concernés – politiques, médecins, hôpitaux, industries
pharmaceutiques, syndicats, mutualités – est présente, nous pouvons ensemble
préserver et même améliorer l’accès aux soins tout en modérant la croissance
des budgets des soins de santé. On peut réduire les prix de certains
médicaments et du matériel médical, accroître la part des médicaments
génériques, réduire la taille du secteur hospitalier aigu, réduire les
prescriptions d’actes de radiologie… donc rationaliser sans toucher ni à la
qualité, ni à l’accès aux soins. On peut aussi réguler davantage la pratique
des suppléments d’honoraires. “On peut”…, si la volonté de tous les acteurs
est bien de garder un système de soins accessible et de qualité pour tous.
Une
organisation de soins plus efficace intégrant au mieux les compétences et
expertises des personnels soignant, infirmier et médical.
L’évolution démographique représente un double défi : des besoins liés à la
population âgée en croissance et un risque de pénurie de personnel soignant
lié à une diminution de la population active. Pour y faire face, il faudra
un plan national valorisant les ressources humaines dans la santé, la
promotion des études, la délégation des tâches, l’assistance administrative…
La recherche de l’efficacité dans l’organisation des soins est essentielle
pour éviter que demain, face à l’indisponibilité du personnel soignant,
chacun soit confronté à la loi de la débrouille.
Relier,
tisser des liens, former une mosaïque de relations sociales.
Ce sont les liens qui nous portent et font vivre des moments heureux.
L’avoir, l’accumulation de biens et de richesses peuvent encombrer et nous
empêcher d’être audacieux, d’aller vers l’autre. La solitude et l’isolement
deviennent de vrais problèmes sociaux dans nos sociétés matérialistes. Dans
nos choix quotidiens, donnons plus de place aux liens qu’aux biens.
Ces
quelques vœux invitent à se mettre en route, à prendre le chemin du bonheur.
Tout en marchant, sans s’en rendre vraiment compte, on vivra en bonne
santé. Car, la santé se nourrit du chemin des petits bonheurs. Bonne
route en 2011 !
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