Éditorial
(19 mai 2011)
// Alda Greoli//Secrétaire nationale
2011,
année volontaire!
Si
l’année 2011 peut paraître peu lumineuse sur le plan de la politique ou au
regard des catastrophes naturelles, il reste, cependant, de nombreuses
raisons de se réjouir et de croire en la nature même humaine… Parmi
celles-ci, la mise en lumière – particulière en cette année européenne du
volontariat – de l’engagement de centaines de milliers personnes au
quotidien, dans plusieurs dizaines de milliers de projets.
Quand on pense
‘volontariat’, l’image qui vient à l’esprit est celle de personnes qui
animent les mouvements de jeunesse chaque week-end de l’année ou les plaines
de vacances, celle de personnes qui entrainent les membres des clubs
sportifs ou celle de bénévoles qui donnent du temps dans un hôpital, à la
Croix Rouge, dans les associations de quartiers, les écoles des devoirs,
pour le transport des malades… La liste est longue. Chacune de ces personnes
mérite à la fois remerciements et reconnaissance. Elles s’impliquent de
manière essentielle, souvent aux côtés de travailleurs salariés qui, eux
aussi, jouent un rôle social important.
Créateurs
de richesses sociales
Si tous ces lieux
existent, si ces projets sont développés, c’est parce qu’ils peuvent compter
sur des entrepreneurs, des créateurs de richesses sociales et financières.
Ces bâtisseurs de projets imaginent les services, gèrent des mouvements de
jeunesse, dirigent des entreprises non marchandes de soins à domicile ou
organisent certains hôpitaux, pilotent des écoles en particulier celles de
l’enseignement catholique, créent des clubs sportifs… Ils trouvent les
moyens de faire vivre tous ces projets, de les promouvoir, d’y associer des
bénévoles et d’y engager des travailleurs. Bref, ils sont des milliers à
oser être entrepreneurs pour d’autres raisons que celle de générer des
bénéfices financiers. Certains assurent ainsi la continuité de longues
traditions, de projets et de bâtiments qui sont en place depuis plus d’un
demi siècle, voire plus longtemps. Ils en gardent à la fois la force
historique et les adaptent aux besoins et normes actuelles.
La Plate-forme du
volontariat regroupe sur le territoire francophone de notre pays les
associations qui fédèrent ce type de projets. Elle occupe une place centrale
dans les débats qui vivent à l’intérieur de ces mouvements. Elle est
reconnue en Communauté française comme un acteur incontournable et essentiel
non seulement durant toute cette année 2011, mais plus largement pour les
sujets qui traversent (et traverseront) l’ensemble du secteur. Elle
travaille également en lien avec la fédération Unisoc - fédération patronale
fédérale du secteur non marchand - , car il s’agit bien de faire face à des
enjeux communs d’emplois, de négociations sociales et de
professionnalisation des projets.
La Plate-forme du
volontariat organisait ce mercredi 11 mai 2011 un colloque dont l’axe
principal avait trait à un investissement spécifique : celui des volontaires
de gestion au sein des assemblées générales et des conseils d’administration
de toutes ces entreprises à profit social, à bénéfices sociétaux. Leur rôle
par trop méconnu est pourtant crucial. D’une part, il conditionne l’avenir
de ces associations. D’autre part, il contribue à la construction des
réponses apportées dans notre pays aux souhaits de ses habitants, aux
nouveaux besoins liés par exemple au vieillissement, à l’explosion
démographique de Bruxelles ou à l’organisation de notre quotidien (dans les
soins de santé, les écoles, les loisirs, la culture…).
Entre les
règles de l’entreprise et les lois de l’engagement volontaire
Le secteur associatif
voit s’épanouir des idées et des innovations sociales. Il témoigne également
d’une certaine manière de construire la décision de gestion, à la fois en
adéquation avec les autres secteurs des entreprises, à la fois tout à fait
différemment. En effet, comme n’importe quelle entreprise, il s’agit de
faire tourner “la boutique”, de produire du bien – qu’il soit social ou
marchand –, de veiller à ce que les comptes soient bien tenus, correctes, et
en équilibre, que les travailleurs s’épanouissent et remplissent de manière
qualitative les objectifs déterminés… En résumé, il s’agit de fonctionner
suivant les règles de la vie quotidienne de n’importe quelle entreprise.
Dans le même temps, il
s’agit de développer le projet social de l’association, de tenir compte de
ses particularités, des valeurs qui le sous-tendent. Il faut trouver les
fonds pour que tous les usagers puissent bénéficier des mêmes droits
(égalité d’accès, égalité de qualité), quelque soit leur participation
financière. Il faut professionnaliser la gestion en répondant aux demandes
administratives, comptables de plus en plus importantes. Il faut conduire
les instances de manière parfaitement démocratique aux travers d’organes de
gestion élus – assemblées générales ou conseils d’administration. En résumé,
il s’agit de fonctionner suivant les caractéristiques de la vie quotidienne
des associations basées sur la participation libre, volontaire et gratuite
des membres des conseils d’administration.
Le secteur possède cette
double richesse lui venant des règles des entreprises et des lois de
l’engagement volontaire. L’engagement des volontaires de gestion est donc à
la fois celui de l’entrepreneur et celui du militant. Leurs motivations sont
souvent liées à la volonté et à la conviction que les projets qu’ils gèrent
répondent à des questions de société qui ne pourraient trouver une réponse
unique ni dans le secteur public, ni dans le secteur marchand, dont ils sont
complémentaires.
A tous
ceux et toutes celles qui nous accompagnent dans ces projets de société,
nous tenons à dire non seulement merci, mais également notre conviction
qu’ils remplissent une fonction spécifique et que celle-ci doit d’être
reconnue.
|