Éditorial
(6 mai 2010)
Voter, gouverner :
prendre ses responsabilités
Ce
29 avril, le MOC, la CSC et la Mutualité chrétienne lançaient ensemble un
appel à la raison. Il débutait ainsi : “Les dernières évolutions de la
politique fédérale de notre pays nous amènent à exprimer publiquement notre
colère et notre déception, et surtout, à lancer un appel à la raison (…).
Mais, devant un tel gâchis, nous ne pouvons nous résigner à nous taire car
nous sommes trop conscients des effets dramatiques que l'absence de
gouvernement et le recours à des élections anticipées auront sur le
quotidien de nos concitoyens.”
Les appels à la raison
n’ont pas pu être entendus, malheureusement !
Les conséquences des
derniers événements politiques seront importantes en termes de crédibilité
de notre pays, d’effets sur l’économie et sur la confiance de la population
en ses acteurs politiques. Ceux qui vivent les résultats de cette crise sont
des travailleuses et des travailleurs, des familles, des allocataires
sociaux, tant wallons, que flamands ou bruxellois.
Au moment de boucler
cette édition, on pense aux très nombreux travailleurs, inquiets pour leur
avenir, attendant avec anxiété la suite qui doit être donnée aux mesures
anticrise décidées par le gouvernement et qui prennent fin le 30 juin 2010.
Le parlement pourra peut-être sauver le gouvernement en adoptant les
amendements nécessaires au prolongement des mesures pour trois mois.
Espérons que le prochain gouvernement sera rapidement en mesure de
gouverner !
On pense au débat sur
les pensions. Le secteur marchand nous fait peur à grands coups de
publicités sur l’avenir des pensions. L'idée se répand comme du venin qu’il
faudrait garantir cet avenir par le paiement de pensions complémentaires,
payées chères par chacun d’entre nous. Pourtant le débat politique essentiel
sur l’avenir des pensions et leurs financements est remis sine die.
Dans ce pays
perpétuellement en campagne électorale, quand et où pourra avoir lieu la
concertation, la prise de décisions courageuses en vue de la sauvegarde et
de la consolidation de notre système de sécurité sociale, de
l’assainissement des finances publiques, de la participation des entités
fédérées et de leurs responsabilités…? Ce ne sont pas des débats qui font de
l’audimat mais ce sont des débats qui garantissent la sécurité de vie dans
des conditions convenables à tous nos concitoyens.
Des politiques
tels des marchands de voix
Nos responsables
politiques ont une réelle conscience de la réalité de vie et, dans leur
toute grande majorité, ils font tout ce qu'ils peuvent pour répondre aux
difficultés rencontrées. Malheureusement, cet effort collectif est de plus
en plus mis à mal par la dérive marchande de la fonction politique.
Aujourd'hui, la raison
fait place à l'émotion, le superficiel l'emporte sur l'essentiel, la
conquête des parts de marché électoral se substitue à la recherche du bien
commun, la compétition empêche toute coopération. Cette marchandisation de
la fonction politique rend impossible les indispensables consensus basés sur
une capacité à prendre de la hauteur, à avoir une vision large et à long
terme.
Cela conduit à des
évolutions qui discréditent la fonction politique: des responsables
politiques se comportent non plus comme des entrepreneurs ou des porteurs de
projets mais comme des financiers dont le profit est la motivation première.
Le rapport avec le citoyen électeur devient essentiellement de la
communication médiatique, et le souci d’exister médiatiquement empêche de
prendre le temps nécessaire pour la réflexion, l'écoute, l'échange et le
débat, qui doit permettre la compréhension et le compromis.
Une société civile
unie dans le dialogue
La société civile
organisée de notre pays apporte pourtant la démonstration que la Belgique a
du sens et de l'avenir. Les partenaires sociaux se montrent capables de
maintenir le dialogue et la concertation, alors que le contexte économique
belge et international le rend plus difficile que jamais. Les mutualités et
les autres acteurs de la santé sont parvenus, durant la période troublée par
les négociations de l’ ‘Orange bleue’ (fin 2007), à conclure un accord
médico-mutualiste. Et de nombreuses associations et mouvements citoyens se
rencontrent, par-delà la frontière linguistique, pour échanger et unir leurs
forces, par exemple dans le cadre du Réseau belge de lutte contre la
pauvreté.
Du talent !
Nous abordons
régulièrement dans ces pages la question de l’égalité (voir cette édition
page 6), ainsi que du respect et de l'attention aux plus vulnérables. Je
terminerai cette fois par un appel à tous les porteurs de responsabilités :
un projet, pour avancer, quelle qu’en soit la taille, a besoin d’hommes et
de femmes qui sont conscients que leurs talents, leurs excellences les
appellent à plus de responsabilités, à un engagement des meilleurs au profit
de tous et en particulier des plus fragilisés. Ce qui est vrai pour les
institutions, les services publics, les entreprises, les associations est
aussi vrai pour les responsables politiques.
Nous
irons voter parce qu’il s’agit de prendre nos responsabilités!
Mais
nous veillerons à rechercher ceux et celles qui, sur les listes, auront le
courage de se donner, voire de s’oublier pour le projet commun!
Alda Greoli//Secrétaire nationale
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