Éditorial
(15 juin 2010)
Le
pays a besoin de stabilité et de confiance
Les
résultats des élections nous inquiètent. Alors que les problèmes quotidiens
et les défis économiques grossissent, nous craignons pour l’avenir du pays.
Une politique volontariste offrant des balises et des perspectives est
indispensable, sans tarder. La paralysie politique pourrait déstabiliser le
pays et nous rendre tous vulnérables.
Alors que le déficit de
l’Etat se creuse, que le chômage s’accroît et que la pauvreté s’étend, les
débats politiques ont surtout porté sur le communautaire, sur
l'arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, sur le confédéralisme. Des
sujets somme toute éloignés des réalités quotidiennes de la majorité des
citoyens. Les sujets institutionnels sont complexes, difficiles à comprendre
et chargés d’émotions. Tout en reconnaissant qu’ils doivent être résolus,
les sujets communautaires ne sont évidemment pas à l’origine de la crise
économique, du chômage ou du vieillissement de la population.
La Belgique, un pays où il fait bon vivre
Selon certains, la
situation en Belgique serait tellement grave, intenable que la scission du
pays est la seule solution. Pourtant lorsqu’on observe le classement de la
Belgique, nous nous trouvons plutôt dans le haut du panier. Les classements
internationaux l’attestent, notre pays figure dans le top mondial. En termes
de richesse nationale par habitant, nous figurons à la 13ème
place; en termes de développement humain, nous figurons à la 17ème
place. Enfin, les Belges sont les plus satisfaits, première place, de leur
système de soins de santé. Par ailleurs, n'est-il pas révélateur de
constater que les fonctionnaires européens – une fois retraités – préfèrent
rester en Belgique… pour la qualité de vie?
A la lumière de ces
exemples et de ces comparaisons, les problèmes “institutionnels” ne semblent
donc pas avoir trop affecté notre qualité de vie ou avoir empêché le
développement de notre “richesse”.
Le communautaire et le déficit public sont éloignés du
quotidien des gens
Bien sûr, il y a des
problèmes communautaires, bien sûr nous devons prévoir des économies et
dégager de nouvelles recettes, c’est-à-dire assainir. Mais surtout, nous
devons faire face à une série d'autres défis pour notre société: les
inégalités par rapport à la santé, le chômage des jeunes, les problèmes de
mobilité, les difficultés de logement, l’intégration multiculturelle, le
vieillissement de la population, l’avenir des pensions… Les questions sont
complexes. Les réponses ne seront pas simples et ne se réduiront
certainement pas à des formules, des slogans du type “il n’y a qu’à…” En
outre, elles ne sont pas nécessairement liées à des moyens financiers.
Aborder ces questions nécessite un débat de fond et implique des choix de
société : plus ou moins de redistribution des revenus, plus ou moins de
transports publics, quel type de politique de santé, en faveur de qui, mieux
financer les pensions légales ou encourager les pensions complémentaires,
redistribuer le temps de travail ou …
Les gens attendent des
orientations pour être rassurés. Si la politique n’aborde pas ces questions,
chacun cherchera sa solution avec ses moyens et ses capacités. Ce sera “la
loi de la débrouille”, et on connaît déjà les gagnants…
Stabilité et engagement politique, essentiels pour un avenir
meilleur
La “richesse”, la
qualité de vie, le développement humain atteints en Belgique sont le
résultat de travailleurs, d’entrepreneurs, de mouvements sociaux, de
citoyens, d’hommes et de femmes politiques œuvrant ensemble pour que demain
soit “meilleur”. C’est le fruit de compromis, d’équilibres, de choix et de
renoncements.
Si nous sommes arrivés à
ces beaux résultats, c’est par la volonté du dialogue, par le partage de
valeurs telles que la solidarité, la justice sociale, l’équité. Dans le
domaine de la santé, et en particulier de l’assurance soins de santé
obligatoire, nous l’expérimentons depuis plus de 50 ans. Francophones et
néerlandophones dialoguent chaque jour. La concertation est permanente entre
les acteurs de la santé. La solidarité entre malades et bien portants,
jeunes et personnes âgées, entre les différentes classes socio-économiques
est le fondement du système. Cette stabilité et cet engagement politique
créent un climat de confiance qui libère les rêves, donne l’audace
d’investir et rassure pour l’avenir.
Notre
société est pleine de talents, d’énergie, d’avenir. Dans un climat
d’ouverture, de dialogue et de solidarité, ces “forces” peuvent s’épanouir
en harmonie. C’est une question de volonté et de choix politiques, pas
nécessairement de moyens. Vous pouvez compter sur nous pour ce pari
gagnant !
Jean
Hermesse // Secrétaire général
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