Éditorial
(16 septembre 2010)
Au travail
pour nos pensions!
C’est
la rentrée! Chacun a repris le chemin quotidien du travail, de l’école ou de
la formation, de ses habitudes plus ou moins consenties volontairement. La
classe politique - ou une partie d’entre elle - semble traîner sur la route
ou avoir des doutes sur le parcours à suivre. Les aînés de notre société
veulent leur montrer la voie et éclairer l’itinéraire!
Le GPS des politiques
semble en panne. Ils sont pourtant attendus de pieds fermes par la
population. N’est-il pas temps de laisser vite dernière nous les fausses
crises institutionnelles pour se préoccuper des vraies questions sociales et
économiques, de la viabilité de l’Etat, du bien-être de la population ? Les
défis ne manquent pas. Ainsi, ce 15 septembre, associations d’aînés, de
pensionnés ou de pré pensionnés – dont l’important UCP, mouvement social des
aînés - ont défilé dans les rues de Bruxelles avec les syndicats, CSC et
FGTB, et de nombreux citoyens. Ceux-ci veulent faire entendre haut et fort
les pistes possibles et indispensables pour consolider notre système de
pensions, le pérenniser. S’y atteler, c’est redonner confiance dans le
système pour le rendre vivable et lutter contre la pauvreté d’une partie
importante de la population plus âgée. Sans la confiance, aucun système,
aucun accord, aucun partenariat n’a de chance de survivre ou de vivre !
Peut-être avez-vous
regardé le 6 septembre, l’émission de la UNE (RTBF) sur les pensions au
titre accrocheur et provoquant : “Sos Pensions”. Si la déontologie
journalistique en appelle à un regard critique, si elle demande de vérifier
les informations, de les mettre en débat… le ton donné par la chaîne de
service public a malheureusement desservi le fond du dossier. Les efforts
faits par plusieurs intervenants pour ramener le débat vers les vrais défis
ont été vains. La consolidation du premier pilier de pension, le
refinancement, le relèvement des pensions les plus basses… n’ont pas eu
vraiment droit à l’antenne. On gardait en bouche ce goût amer, cette
impression de trop peu, d’un débat à peine débuté. La conviction que le
système n’est pas durable gagnera encore un peu de terrain parmi les
spectateurs...
Renforcer le premier pilier
Le taux de remplacement
des pensions (c'est-à-dire le rapport entre le dernier salaire et le montant
de la pension) est trop faible. Il justifie aux yeux d’une part importante
de la population la nécessité d’une pension complémentaire. Nous entendons
tous les jours des publicités d’assurances complémentaires, individuelles
qui surfent sur cette crainte ; participant par là à faire progresser la
méfiance dans la population. Et c’est vrai : pour que le système soit
durable, il faut prendre des mesures qui ne sont pas toutes sympathiques et
vendables facilement.
L’UCP et la Mutualité
chrétienne comme l’ensemble des manifestants en appellent à faire des choix
politiques et à oser les porter clairement et fermement. Les décideurs
possèdent deux pistes.
> La première
consiste à diminuer encore le taux de remplacement, à alléger les charges
sociales, à demander que chacun se débrouille par l’intermédiaire des
mécanismes alternatifs d’épargne pensions (2ème et 3ème
piliers). Pour rappel, le deuxième pilier recouvre les pensions
complémentaires qui ont fait l’objet d’un accord soit dans une commission
paritaire (dans un secteur) soit au niveau d’une entreprise. Il entraîne
donc une différence de traitement entre les citoyens. Certains secteurs ne
peuvent se permettent de le financer, par exemple le secteur non marchand et
l’investissement est encore plus difficile du côté des petites et moyennes
entreprises. Si les montants payés par les entreprises qui accordent une
pension complémentaire à leurs travailleurs étaient répartis sur l’ensemble
en cotisations sociales, non seulement le système serait plus juste, mais il
serait moins cher !
Reste le troisième
pilier, c'est-à-dire la pension complémentaire que vous payez pour obtenir
une épargne personnelle appelée “pension” pour plus tard… Que vous la
sortiez de votre salaire après l’avoir reçu pour la convertir sous forme
d'épargne personnelle ou que cette épargne vous soit retenue sous forme de
cotisations consolidant le premier pilier, quelle différence? L’aspect
solidaire à tout le moins… Je le concède : je simplifie le concept. Mais
parfois un peu de simplicité ou de modestie permet d’avancer.
> La seconde
piste de solution irait a contrario de la première, en augmentant le taux de
remplacement. Dans cette option, il s’agirait de stopper les réductions des
charges sociales patronales (dont personne n’a jamais prouvé sérieusement
qu’elles généraient le moindre emploi), de taxer les deuxième et troisième
piliers de manière plus importante au profit du renforcement du premier. Et
on démontre objectivement à la population que cela est plus rentable pour
tous.
Choisir la piste collective
Quand des défis du même
type se sont posés en Suède, les gouvernants ont interrogé la population.
Cette dernière, confiante en la capacité de prise de responsabilité de
l’Etat, a choisi de renforcer le premier pilier, d’augmenter et de
stabiliser pour tous le taux de remplacement, de payer les impôts qui le
permettent et de ne plus financer d’assurances privées. Ces dernières se
montrent en effet chères et les crises financières des dernières années ont
prouvé qu’elles n’étaient certainement pas plus sûres que les
investissements collectifs et solidaires.
En Belgique, pour cause
de compromis politique mou, les gouvernants n’ont choisi ni cette piste, ni
l’autre. Sans choix, nous risquons de cumuler les faiblesses des deux
systèmes. Le choix doit être fait entre la piste individuelle (3ème
pilier et en partie 2ème pilier) et la piste collective et
solidaire (1er pilier).
L’UCP
et l’ensemble des acteurs présents lors de la manifestation de ce 15
septembre ont proposé des pistes concrètes et réalistes (1).
La Mutualité chrétienne soutient ces positions et les portera.
L’augmentation du bien-être de l’ensemble de la population est à la source
de tout projet politique démocratique. Il est temps de choisir un modèle de
pensions et nous plaidons pour le renforcement du premier pilier !
Alors
sifflons la fin de la récréation politique et tout le monde au travail pour
consolider nos pensions!
(1) www.ucp-asbl.be/
• 02/246.46.72.
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