Éditorial
(5 mars 2009)
Une vie
décente pour tous,
les invalides aussi
Des
revenus décents pour les invalides: cette revendication figure, depuis 2001,
en tête des priorités politiques de la Mutualité chrétienne. Depuis lors,
quelques timides améliorations ont été réalisées, mais elles sont
insuffisantes! Trop d’invalides vivent encore en-dessous du seuil de
pauvreté, c’est inadmissible. La Mutualité chrétienne et Altéo se mobilisent
pour que tous les invalides aient simplement droit à une vie décente, une
qualité de vie normale.
En
Belgique, plus de 235.000 personnes vivent d’une indemnité d’invalidité.
Suite à une maladie, elles sont incapables de reprendre le travail. Pour
vivre, ces personnes reçoivent alors, après un an, un revenu de remplacement
appelé “indemnité d’invalidité”. Celle-ci représente un pourcentage du
salaire perdu (40 à 65% selon la situation familiale), avec un minimum de
975 euros par mois pour un isolé et 1.219 euros par mois pour un chef de
famille (*). Comparés aux revenus nécessaires pour “nouer les deux bouts”, juste
pour ne pas tomber dans la pauvreté, ces minima sont insuffisants, surtout
lorsqu’on tient compte des frais médicaux nécessaires importants.
Trop d’invalides vivent sous le seuil de pauvreté
D’une manière générale,
l’évolution des indemnités d’invalidité n’a pas suivi l’évolution des
salaires. Les revenus d’invalidité se sont donc progressivement érodés. Ils
ne représentent plus, aujourd’hui, que 32 % du salaire moyen, alors qu’ils
représentaient encore 44 % en 1980. Ce décalage est encore plus manifeste
pour les personnes qui doivent vivre du minimum, en particulier les chefs de
ménage.
Ainsi, un quart des
invalides sont chefs de ménage. Pour eux, l’indemnité d’invalidité est la
seule source de revenu disponible pour faire vivre toute la famille. Parmi
ces 60.000 familles, près de 40 % ne perçoivent que l’indemnité minimum,
soit 1.219 euros par mois pour un couple ou 1.667 euros par mois
(allocations familiales comprises) pour un couple avec deux enfants.
Ces montants sont
largement en-dessous du seuil de pauvreté. De plus, du fait de leur maladie,
ces invalides ont des frais médicaux plus importants que le commun des
mortels: en moyenne 336 euros par mois. Il ne reste plus, alors, que 890
euros par mois pour payer le loyer, la nourriture, l’eau … pour deux
personnes. L’écart est encore plus grand lorsque des enfants sont à charge.
Cette situation précaire entraîne le report de soins médicaux ou d’achats
vestimentaires, des économies sur l’entretien du logement, sans parler du
renoncement aux activités de loisir. Soins insuffisants, logement mal
entretenu, isolement social: cette spirale aggrave la maladie. Les
inégalités par rapport à la santé s’accentuent. L’injustice sociale rend
malade. Le parfait cercle vicieux.
Les indemnités d’invalidité doivent être augmentées
Depuis 2001, plusieurs
améliorations ont été réalisées. Les minima ont été relevés et une certaine
liaison au bien-être a été instaurée. Mais c’est encore insuffisant.
Nous demandons que
justice sociale soit faite. La Mutualité chrétienne et Altéo revendiquent:
1.
le relèvement de
l’indemnité jusqu’au seuil de pauvreté, soit un complément de 150 euros par
mois. Coût total: 33 millions d’euros.
2.
la majoration des
allocations familiales pour les enfants à charge des invalides jusqu’à 100
euros par enfant et par mois. Près de 108.000 enfants vivent dans des
ménages comptant un invalide. Le total des indemnités permettra de dépasser
le seuil de pauvreté. Coût total: 78 millions d’euros.
3.
l’octroi d’un
pécule de vacances de 250 euros pour les invalides (comme c’est déjà le cas
pour les pensionnés). Ce pécule de vacances a été promis en 2002… Coût
global: 59 millions d’euros.
Par rapport aux
milliards d’euros que représentent les plans de relance, les plans de
sauvetage des banques et les mesures prises pour le pouvoir d’achat, les
quelques dizaines de millions d’euros nécessaires pour revaloriser les
indemnités d’invalidité paraissent bien dérisoires, mais elles sont pourtant
vitales pour assurer une vie décente à des milliers d’invalides.
Les trois revendications
fondamentales pour les invalides doivent être entendues et soutenues. C’est
pourquoi, la Mutualité chrétienne et Altéo lancent une pétition nationale
reprenant ces revendications. Objectif: 100.000 signatures d’ici au mois de
juin, la présentation des exigences aux politiques et l’obtention du budget
nécessaire pour 2010. On compte sur vous pour atteindre cet objectif !
Faites
vos comptes! Le jour où, à la suite d’une maladie, vous ne toucherez plus
que 40% à 60% de votre salaire plafonné, comment vivrez-vous? N’attendons
pas d’être invalide pour revendiquer une société plus juste. C’est cela, la
solidarité!
Jean
Hermesse
Secrétaire général
(*) Ces montants concernent l'indemnité minimum pour un travailleur régulier
(octobre 2008). Le travailleur régulier est la personne qui travaille à
temps plein (ou presque) avant son incapacité de travail.
L'indemnité minimum pour un travailleur non régulier s'élève à 949 euros
pour un chef de ménage et 712 euros pour un isolé (octobre 2008).
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Chacun a droit à une vie décente.
Les personnes en invalidité aussi.
Nos
revendications en faveur des personnes en invalidité:
■
augmentation de
150 euros par mois de l’indemnité minimum;
■
instauration
d’un pécule de vacances de 250 euros;
■
majoration des
allocations familiales de 100 euros par enfant et par mois.
Signez la pétition sur
www.mc.be/viedecente
En septembre 2009, au moment de la préparation du budget 2010, la
Mutualité chrétienne et Altéo remettront les pétitions signées au
gouvernement fédéral, faisant ainsi pression sur les autorités pour
que les personnes en invalidité aient droit à une vie décente. |
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