Éditorial
(16 octobre 2008)
Ensemble,
même si on est différents!
Le
week-end du 10 octobre a été exceptionnel!
Il ne
s’agit pas d’évoquer la lumière douce de ce début d’automne, ni les
discussions (diurnes et nocturnes) sur le budget de l’Etat ou la crise
financière. Si ce moment a été exceptionnel, c’est qu’il nous démontrait,
une fois de plus que, même en temps de crise et de climat morose, la
générosité de la population est vivante et vivifiante.
L’appel
à la solidarité lancé par CAP 48 a été une nouvelle fois entendu et suivi.
Bravo pour l’appel et l’organisation mais surtout bravo à la population pour
l’avoir entendu et avoir répondu!
Plus de 3 millions 300
mille euros récoltés (peut-être bien plus encore depuis)! Mais
réjouissons-nous d’autres chiffres, d’autres résultats. Combien de milliers
de personnes se sont-elles impliquées dans l’action menée? Combien de
dizaines de milliers ont appelés pour atteindre une telle somme, ont acheté
le porte-photo (à tout faire…), ont envoyé un SMS? Combien de centaines de
milliers de personnes se sont-elles senties concernées, interpellées,
touchées? Mais surtout, et c’est l’une des “plus values” essentielles,
toutes ces personnes se souviendront en en croisant une autre dans la rue,
au travail, en vacances que nous sommes “au-delà des différences,
tellement semblables”!
Il est peut-être
important de s’arrêter et de prendre le temps d’analyser cet exemple de
réelle solidarité.
Solidarité...
Parmi les solidarités
interpersonnelles, celles qui relient les membres d’une même famille, d’un
même quartier, d’une association sont les mieux connues bien qu’elles ne
soient pas toujours les plus reconnues. Les revendications des personnes qui
s’impliquent dans ces solidarités doivent être une priorité de nos
responsables. Nous avons déjà eu l’occasion d’exposer leurs besoins et nous
y reviendrons sans aucun doute.
Parmi les autres
“solidarités” essentielles au fonctionnement de notre société, celles qui se
développent grâce aux décisions collectives, politiques sont, elles aussi,
importantes. S’il est souvent difficile d’affirmer l’importance d’un Etat
fort, nous avons pu constater ces dernières semaines qu’un Etat qui prend
ses responsabilités quand les lois du marché dérapent complètement, mêmes
les plus libéraux au sens du modèle économique deviennent des supporters de
l’encadrement de l’économie financière. Osons espérer que cette expérience
permettra de mieux faire comprendre que l’Etat doit jouer un rôle essentiel
de régulateur tant sur le plan économique que sur le plan des orientations
des politiques. Que lorsqu’il qu’il lève des impôts ce n’est pas un obstacle
à des choix (meilleurs) et individuels mais bien une possibilité d’organiser
une réelle solidarité de la société, de permettre une redistribution en
fonction des besoins et des priorités (santé, allocations sociales,
politique d’emploi, aménagement…).
... et participation
Quelle est la
particularité d’une action comme celle de CAP 48 au regard de ces autres
types de solidarité?
Les deux types de
solidarité interpersonnelle reprises ci-dessus ne sont pas (toujours)
choisis. Une des grandes caractéristiques des actions telles que CAP 48
comme de la participation aux projets d’associations est généralement
qu’elles sont le fruit d’une décision individuelle, choisie. Qu’elles
prennent alors, grâce à ce choix, une force de conviction et d’implication
particulière par les acteurs qui les portent ou les mettent en œuvre.
Comme dans toute
initiative, CAP 48 possède ses supporters et ses détracteurs. Au rayon des
doutes et critiques, on relève généralement que cela apparaît comme une
initiative faite “pour” et non “avec” ou “par” les publics concernés. Qu’il
est demandé à la population de donner de l’argent pour remplir des besoins
qui devraient être couverts par des subsides publics. Certains exemples de
ce second aspect sont d’ailleurs illustrés par des réalités de dossier
aidés: soutien financier pour améliorer ou agrandir des infrastructures
(comme prévoir un ascenseur). Voilà qui pourrait sans aucun doute relever
des responsabilités de l’Etat. Par contre, le premier aspect apparaît moins
correct. Si à la création de 48.81.00, c’était sans doute un peu dans un
esprit caritatif que les choses avaient été pensées, aujourd’hui la
dynamique du projet est tout autre. Les projets soutenus sont pensés par les
personnes qui en bénéficient. Le choix du jury s’oriente aussi vers des
projets innovants qui ont souvent plus de difficultés à trouver un
financement public.
Mais ce qui permet de
dire que l’esprit du projet est animé par la volonté de faire prendre à
chacun sa place et ses responsabilités est la manière dont le projet est
aujourd’hui mis en œuvre.
Les médias jouent ici
très clairement le rôle qui est le leur: celui de sensibiliser la
population. Une telle possibilité de faire prendre conscience des réalités
est malheureusement trop rare pour les personnes handicapées.
L’implication de la
RTBF, le rôle joué par les journalistes pour faire prendre conscience,
sensibiliser, illustrer les réalités de vie quotidienne avec les personnes
handicapées et par les personnes handicapées est un réel apport aux combats
que les associations et les personnes mènent au quotidien. La notoriété des
journalistes, des artistes et des sportifs est mise au service de la cause
défendue.
Cette organisation
unique permet un réel échange de services entre les personnes handicapées,
les associations concernées, les médias voire même les politiques. Les
médias jouent durant cette période un véritable rôle d’éducation collective.
Les
associations par la rédaction de leurs projets peuvent non seulement trouver
des financements mais également obtenir une vitrine médiatique qui laisse
rarement les politiques insensibles. Ces acteurs bien que si différents sont
aussi capables d’être bien plus qu’eux-mêmes quand ils sont ensemble. Une
manière de renforcer le slogan de cette action “ensemble même si nous sommes
différents”.
Alda
Greoli
Secrétaire nationale
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